L’émissaire américain Tom Barrack a déclaré, lundi, que le Liban a fait « un premier pas » pour désarmer le Hezbollah, et estimé qu’Israël devait désormais faire sa part pour appliquer l’accord de cessez-le-feu.
Barrack s’est exprimé au cours de sa première visite au Liban après l’engagement pris par le gouvernement libanais – sous pression américaine et face aux craintes d’une intensification des attaques israéliennes – de désarmer d’ici fin 2025 le Hezbollah. « Il y a toujours une approche étape par étape. Je pense que le gouvernement libanais (…) a fait un premier pas », a déclaré Barrack à l’issue d’une rencontre avec le président libanais Joseph Aoun. « Ce qu’il nous faut maintenant, c’est qu’Israël ait un engagement réciproque », a-t-il ajouté. Interrogé à propos d’un retrait des troupes israéliennes du Liban et d’un arrêt des « violations » de l’accord, Barrack a affirmé qu’il s’agissait « exactement de la prochaine étape ».
Avec une partie de son arsenal détruite, et sa direction décimée, le Hezbollah est sorti très affaibli fin novembre 2024 de plus d’un an de conflit avec Israël – dont deux mois de guerre ouverte – qu’il avait déclenché au début de la guerre à Gaza.
L’accord de cessez-le feu prévoit le retrait du mouvement de la zone située au sud du fleuve Litani, à 30 km de la Ligne bleue avec Israël, et le démantèlement de ses infrastructures militaires.
Selon un quotidien libanais, le gouvernement libanais a formulé des remarques sur la proposition de Barrack de fixer un calendrier.
Le mouvement chiite, seule faction libanaise autorisée à conserver ses armes après la guerre civile au Liban (1975-1990), a rejeté la décision du gouvernement de le désarmer. Le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a accusé vendredi le gouvernement d' »exécuter l’ordre américano-israélien de mettre fin à la résistance, même si cela entraîne une guerre civile et des conflits internes ». La position du Hezbollah s’organise autour de trois constantes qui structurent son discours. D’abord la sécurité. Tant que le risque d’agression est jugé élevé, tout déplacement rapide du centre de gravité de la force est perçu comme un facteur de vulnérabilité. Le mouvement conteste l’idée d’un transfert brusque de responsabilités, au motif que l’armée devrait disposer de capacités supplémentaires pour couvrir les zones où le risque de débordement est le plus tangible. Ensuite le timing. Le Hezbollah refuse une lecture «mécanique» du calendrier et soutient que la mise en œuvre doit être conditionnelle, indexée sur les faits et les comportements adverses, et non sur des dates fixes qui ne tiendraient pas compte de l’évolution environnementale. Enfin le facteur dissuasif, le mouvement chiite maintient que son rôle est lié à une équation de dissuasion, et qu’une discussion sur une «intégration» ne peut s’ouvrir que si les garanties de sécurité sont solides, et pérennes.
Dans cette perspective, tout glissement sémantique vers un «désarmement» unilatéral est récusé tant que les conditions de sécurité ne sont pas durablement réunies.