Tom Barrack, émissaire de Trump au Liban, s’est dit content de la réponse des responsables libanais quant au désarmement du Hezbollah. Mais pour plus d’un observateur, les armes du Hezbollah ne peuvent être rendues, ni maintenant ni plus tard. Pour Naim Qassem, Israël doit d’abord appliquer l’accord de cessez-le-feu avec le Liban.
Un émissaire américain s’est déclaré lundi « satisfait » par la réponse des autorités libanaises à sa demande de désarmer le puissant Hezbollah, qui sort affaibli d’une guerre avec Israël, et a exhorté le Liban à suivre l’exemple de la Syrie qui a entamé le dialogue avec Israël. « Je suis incroyablement satisfait de la réponse » des autorités libanaises, a déclaré à des journalistes Tom Barrack, à l’issue d’un entretien avec le président Joseph Aoun. « C’est réfléchi, c’est mûrement considéré. Nous élaborons un plan pour aller de l’avant. Ce que le gouvernement nous a donné était quelque chose de spectaculaire », a-t-il dit, qualifiant de « très responsable » la position du Liban, dont l’a informé M. Aoun. L’émissaire américain a souligné que le Hezbollah était aussi « un parti politique » et devait réaliser qu’il avait « un avenir » au Liban. Barrack a par ailleurs averti le Liban qu’il serait « laissé de côté » s’il ne rejoignait le camp du changement dans la région, prenant l’exemple de la Syrie voisine qui a engagé selon lui un « dialogue » avec Israël. « Le dialogue a commencé entre la Syrie et Israël, tout comme le dialogue doit être réinventé par le Liban », a-t-il dit.
La veille, le chef du Hezbollah Naïm Qassem a affirmé que son parti « n’accepterait pas une normalisation (…) avec l’ennemi israélien ». Il avait aussi affirmé que sa formation n’allait pas « capituler » ou rendre ses armes sous la menace, s’exprimant à la veille d’une visite à Beyrouth de l’émissaire américain, Tom Barrack, à qui les autorités libanaises devaient transmettre leur réponse à sa demande de désarmer la formation chiite, selon une source officielle qui a requis l’anonymat. « La menace ne nous fera pas capituler (…) qu’on ne nous dise pas aujourd’hui assouplissez vos positions (…) rendez vos armes », a-t-il déclaré dans un discours télévisé retransmis devant des milliers de partisans dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, à l’occasion de la commémoration religieuse chiite de l’Achoura.
Pas de désarmement, ni maintenant ni plus tard
Il a affirmé qu’Israël devait d’abord appliquer l’accord de cessez-le-feu avec le Liban, entré en vigueur le 27 novembre après plus d’un an d’hostilités dont deux mois de guerre ouverte. Israël, qui maintient toujours des positions dans le sud du Liban, doit « se retirer des territoires occupés, arrêter son agression (…), libérer les prisonniers » libanais, a-t-il dit. A ce moment-là, « nous serons prêts pour la deuxième étape, qui est de discuter de la sécurité nationale et de la stratégie de défense » du Liban, un terme qui inclut la question du désarmement du Hezbollah, a-t-il ajouté. « Les armes ne peuvent être rendues, ni maintenant ni plus tard. Ceux qui pensent que le Hezbollah va rendre ses armes sont des ignorants », affirme à l’AFP Hussein Jaber, 28 ans, originaire du sud du Liban.
En dépit du cessez-le-feu, l’armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser la formation chiite et accusant les autorités libanaises de ne pas en faire assez pour la désarmer. Dimanche encore, l’Agence de presse officielle libanaise ANI a fait état de nouveaux bombardements israéliens sur le sud et l’est du pays. L’armée israélienne a indiqué en soirée avoir frappé dans la région de la Bekaa (est) et le sud du Liban « plusieurs sites militaires du Hezbollah, des sites stratégiques de production et de stockage d’armes, et un site de lancement de roquettes ».