Par-delà les discours, les postures et les manipulations, une vérité persiste : celle que l’histoire valide, que le droit confirme, et que la communauté internationale consacre peu à peu. Ce lundi à New York, au cœur d’un Conseil de sécurité habitué aux grandes tensions feutrées, l’ambassadeur du Maroc, Omar Hilale, a rappelé que le Sahara n’est ni un tabou ni un mirage diplomatique : c’est une cause nationale, portée avec méthode, constance et légitimité.
Mais ce jour-là, la rhétorique s’est heurtée au mur du réel.
Une lettre qui tranche comme un acte
Dans sa réponse adressée au Conseil de sécurité, désormais consignée comme document officiel de l’ONU, Omar Hilale n’a pas simplement réfuté une énième accusation : il a déroulé une vérité géopolitique qui, lentement mais sûrement, s’impose dans l’architecture internationale du dossier.
Il a d’abord corrigé une approximation fondatrice : les habitants des camps de Tindouf ne sont pas des “déplacés”, mais des séquestrés, retenus depuis cinquante ans dans une zone de non-droit, gérée non pas par l’État algérien – pourtant souverain sur le territoire – mais par un groupe armé, le “polisario”. Un transfert de souveraineté de fait, en violation flagrante du droit international humanitaire, dénoncé par des instances aussi crédibles que le Comité des droits de l’Homme.
Hilale a ensuite exposé une vérité embarrassante : l’Algérie refuse obstinément le recensement de ces populations. Ce refus n’est pas une simple négligence bureaucratique. C’est une stratégie politique. Car recenser, c’est mettre fin à l’instrumentalisation. C’est mettre des chiffres, donc des limites, à une narration gonflée à dessein depuis des décennies.
Le mirage du référendum et le mythe de l’occupation
L’ambassadeur marocain a également remis à leur place deux concepts devenus fétiches dans la rhétorique algérienne : le référendum et “l’occupation”. Le premier a été enterré depuis plus de vingt ans par les Nations Unies elles-mêmes, car irréalisable techniquement et politiquement. Le second n’a jamais existé, car le Sahara est revenu au Maroc dans le cadre d’un processus de décolonisation légal, entériné par les Accords de Madrid et enregistré par l’Assemblée générale.
Loin des slogans, le Conseil de sécurité parle aujourd’hui un autre langage : celui d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable, adossée à l’Initiative marocaine d’autonomie. Une offre qui, depuis 2007, a été reconnue comme “sérieuse et crédible” dans toutes les résolutions onusiennes. Une offre soutenue par plus de 100 pays à travers le monde. Une offre qui n’exclut pas le dialogue, mais qui réclame une chose simple : que l’Algérie cesse d’en être le principal saboteur.
Tindouf : l’enclave du silence
Le cœur de la crise, c’est Tindouf. Une enclave opaque, à la périphérie de la légalité. Dans cette zone grise, ni l’UNHCR, ni le PAM, ni les ONG n’ont un accès libre et permanent. Le détournement de l’aide humanitaire y est documenté. L’absence d’état civil y est systématique. L’absence de droits y est structurelle. Le silence y est organisé.
Et pourtant, dans les forums internationaux, c’est au nom de ces mêmes populations bâillonnées qu’un État tiers prétend parler, en érigeant des mots comme “droits”, “décolonisation” ou “autodétermination” en étendards. Cette hypocrisie est aujourd’hui mise à nu.
Ce que le Maroc oppose : constance, ouverture, et souveraineté apaisée
Loin de la surenchère, le Maroc répond par la constance. Depuis l’Initiative d’autonomie, Rabat a bâti une diplomatie du consensus, élargissant patiemment le cercle de ses soutiens, tout en intégrant le dossier saharien dans une vision plus large : celle d’un Maghreb uni, d’une Afrique stable, et d’un multilatéralisme rénové.
Le royaume ne demande pas l’adhésion idéologique. Il propose une voie politique, conforme aux standards onusiens, et ouverte au compromis. Cette voie est celle de la raison, et désormais celle de la majorité.
Vers la fin d’une fiction
La lettre d’Omar Hilale n’est pas un simple droit de réponse. C’est un document de rupture. Elle marque une étape dans l’effondrement méthodique d’un narratif que plus personne ne soutient, sinon par habitude ou par calcul. C’est aussi un appel à la lucidité pour une communauté internationale qui ne peut plus se satisfaire du statu quo.
Car le Sahara n’est pas un conflit gelé. C’est une équation vivante, avec des conséquences humaines, économiques et stratégiques. Le bloquer, c’est étouffer le Maghreb. Le résoudre, c’est l’ouvrir à l’avenir.
La balle n’est plus dans le camp du Maroc. Elle est dans celui de ceux qui, par silence ou complicité, entretiennent un mensonge dont les premières victimes sont celles que l’on prétend défendre.