L’Iran a exprimé dimanche de « sérieux doutes » sur les intentions d’Israël de continuer à respecter le cessez-le-feu entré vigueur le 24 juin après 12 jours de guerre sans précédent entre les deux pays ennemis.
Israël dit avoir agi afin d’empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l’énergie.
L’attaque israélienne s’est produite au moment où l’Iran était engagé dans des pourparlers à ce sujet avec les Etats-Unis, alliés d’Israël.
« Nous n’avons pas déclenché la guerre mais nous avons répondu à l’agresseur de toutes nos forces », a déclaré le chef d’état-major des forces armées, Abdolrahim Moussavi, selon des propos faisant référence à Israël et rapportés dimanche par la télévision d’Etat.
Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël est entré en vigueur mardi.
« Nous avons de sérieux doutes sur le respect de (ces) engagements (par Israël), y compris du cessez-le-feu, et nous sommes prêts pour une riposte forte », a ajouté M. Moussavi lors d’un entretien téléphonique avec le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane.
Les Etats-Unis, qui se sont joints à l’offensive israélienne, ont bombardé trois sites nucléaires en Iran dans la nuit du 21 au 22 juin.
Téhéran a demandé à l’ONU de reconnaître Israël et les Etats-Unis comme étant les responsables de la guerre, selon une lettre publiée dimanche adressée au secrétaire général des Nations unies.
« Nous demandons officiellement par la présente au Conseil de sécurité de reconnaître le régime israélien et les Etats-Unis comme les initiateurs de l’acte d’agression et de reconnaître leur responsabilité ultérieure, y compris le paiement d’indemnisations et de réparations », écrit le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi dans ce courrier adressé à Antonio Guterres.
Le président américain Donald Trump a affirmé que les Etats-Unis mèneraient « sans aucun doute » de nouvelles frappes si l’Iran enrichissait de l’uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.
Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l’accord conclu en 2015 avec les grandes puissances, dont les Etats-Unis se sont unilatéralement retirés en 2018.
Pour fabriquer une bombe, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%, toujours d’après l’AIEA.
Israël, qui maintient l’ambiguïté sur sa propre possession de l’arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Selon le ministère iranien de la Santé, au moins 627 personnes ont été tuées et environ 4.900 blessées durant les 12 jours de guerre contre Israël.
Les tirs iraniens de représailles vers Israël ont fait 28 morts, selon les autorités israéliennes.
Durant la guerre, l’Iran a arrêté plusieurs dizaines d’hommes présentés comme des espions à la solde d’Israël et saisi du matériel, notamment des drones et des armes.
Le Parlement iranien a voté dimanche l’interdiction du recours à des moyens de communication sans autorisation dont l’internet par satellite de l’américain Starlink, propriété d’Elon Musk, a rapporté l’agence de presse officielle Irna.
Israël avait notamment visé des infrastructures civiles.
Une attaque lundi contre la prison d’Evine à Téhéran a ainsi fait 71 morts, selon un bilan communiqué dimanche par le pouvoir judiciaire iranien.
Des opposants et des prisonniers étrangers ou binationaux, dont des Français, étaient détenus dans ce centre pénitentiaire ultra sécurisé, situé dans le nord de Téhéran, au moment des frappes israéliennes.
Les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis trois ans à Evine, « n’auraient pas été touchés », selon le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
Arrêtés le 7 mai 2022 au dernier jour d’un voyage touristique en Iran, ils sont depuis accusés d' »espionnage », une allégation que rejette leur entourage. Les autorités françaises les considèrent comme des « otages d’Etat ».