L’artiste partage son art sans compter. A 63 ans, il tutoie les étoiles. Après plus de 45 années de carrière , il ne pense qu’au lendemain. Et ce n’est pas ses soucis de santé qui risquent de freiner son élan humain, créatif ou humoristique. Aujourd’hui dans un état critique, il a besoin d’une greffe de foie.
Penchons-nous un temps sur son parcours et ses réalisations. Commençons par son envoi sur terre. On est le 4 décembre 1963 à Marrakech. Le bébé, devenu fatalement enfant, s’amourache des planches à l’adolescence. Il fréquente alors des troupes du théâtre amateur avec fougue et détermination à la fin des années 1970. Mais quelques bases lui font défaut. Quelques années plus tard, il intègre le fraîchement créé Institut supérieur d’art dramatique et d’animation cultuelle (ISADAC) de Rabat. En 1988, il pousse la porte du théâtre professionnel, son rêve de toujours. Le voilà rejoindre Jamal-Eddine Dkhissi pour la pièce « Al Aâzib » et Tayeb Saddiki qui l’engage dans « Sawt wa nour ». D’autres prestations théâtrales lui font prendre plus de marques : « Bouhfna » et « Wlad leblad » de Youssef Fadel en 1999. Plus tard, en 2007, il est au casting de « Nachba » de Masoud Bouhcine sur un texte du géant Ahmed Taïeb El Alj. Cela pour faire court et bifurquer sur quelques-unesdes pièces qu’il met en scène luimême : « Hysteria », « Al Madina wa al bahr », « Mourtahil », « Rassail khattiya » … L’assoiffé d’interprétation ne compte pas s’arrêter à ce stade de création et de partage avec un public qu’il compte agrandir. La télévision et lui se font mutuellement du pied. D’abord avec « Oulad Ennas » de la pionnière Farida Bourquia et dernièrement dans « Quand la nuit s’achève » de Abdeslam Kelai diffusé pendant le ramadan sur 2M. L’expérience se multiplie, s’enrichit et se consolide. Et c’est le cinéma qui toque à sa porte. Cela se solde par une soixante de rôles variablement importants entre téléfilms et films cinématographiques. On en cite « Oud Errih » de Daoud Oulad Assayed et « Aâtach » de Saâd Chraïbi (2022), « Alef Chahr » de Faouzi Bensaïdi (2003, prix Jeunes au festival de Cannes), « Assanfouniya An Maghribiya » de Kamal Kamal (2006), « Maout Lilbaye » de Faouzi Bensaïdi (2011), « Boughaba » de Driss Roukhe (2013), « Assawt al khafie » de Kamal Kamal (2014), « Jouk al aâmiyine » de Mohamed Mouftakir (2015), « Aïda » de Driss Mrini (2015), « El Hajjat », de Mohamed Achaour (2017), « Qalb karim » de Abdelhaï Laraki (2019). C’est, en suspens, ce qu’est Mohamed Choubi et plus encore. Il est dans l’écrit et la poésie. Avec la distance des grands et l’humilité de ceux qui créent dans l’ombre. Sensible aux œuvres d’art qui dégagent l’intérêt éternel, il est également un mélomane intransigeant. Avec pareille panoplie de préoccupations artistico-culturelles, Choubi, ne se fie, finalement, qu’à des principes religieusement entretenus. Que cette satanée maladie marche à reculons.