Marchés publics : Londres vise un potentiel de 33 milliards de livres sterling au Maroc

Infrastructures, santé, gestion de l’eau, sécurité ou encore organisation du Mondial 2030 : le gouvernement britannique révèle de premiers éléments chiffrés sur l’ambitieux accord conclu avec Rabat, portant sur un potentiel de marchés publics estimé à plus de 500 milliards de dirhams. Détails.

Un partenariat à forte portée économique et géopolitique se dessine entre Rabat et Londres. Le gouvernement britannique a levé le voile sur les premiers éléments concrets de l’accord stratégique conclu récemment avec le Maroc à l’occasion de la visite du secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, dans le Royaume. Un deal d’envergure, annoncé comme un véritable catalyseur de croissance pour les deux pays, et dont les premières estimations tablent sur un volume potentiel de marchés publics atteignant les 33 milliards de livres sterling, soit environ 528 milliards de dirhams sur trois ans.
 
Ce chiffre, communiqué par le Foreign Office, illustre l’ampleur des opportunités offertes aux entreprises britanniques, désormais « en tête de file » pour participer à des projets stratégiques au Maroc. Il s’agit notamment du programme « Airports 2030 », comprenant des infrastructures telles que le projet d’extension de l’aéroport de Casablanca estimé à 1,2 milliard de livres (près de 19 MMDH), ainsi que les chantiers liés à l’organisation de la Coupe du monde 2030 dans les villes hôtes marocaines (Marrakech, Casablanca, Rabat, entre autres).
 
L’objectif affiché par Londres est clair : permettre à ses entreprises d’investir massivement dans les chantiers d’envergure que prévoit le Royaume, notamment dans les secteurs du BTP, de l’ingénierie et des nouvelles technologies appliquées aux événements sportifs. Cette orientation s’inscrit dans la tradition britannique d’expertise en infrastructures sportives, confirmée depuis les Jeux olympiques de Sydney en 2000, et que le Royaume-Uni entend faire valoir au Maroc.
 
Santé : un partenariat axé sur les réformes et l’expertise clinique
 
Autre pilier majeur de cette coopération : la transformation du système de santé marocain. Le Maroc prévoit, selon les données dévoilées, un investissement de 2,8 milliards de livres (près de 45 MMDH) dans la refonte de ses infrastructures sanitaires. Une opportunité que les autorités britanniques entendent saisir pour renforcer leurs exportations d’équipements médicaux et de biotechnologies.
 
Un projet phare incarne cette collaboration : la construction d’un hôpital de 250 lits à Casablanca, dont le budget s’élève à 150 millions de livres. Ce projet sera financé par des fonds britanniques et s’appuiera sur l’expertise du NHS (National Health Service) pour la partie clinique. Il constitue l’un des premiers jalons visibles d’un partenariat sanitaire stratégique, axé sur la qualité des soins, l’ingénierie hospitalière et la formation.
 
Eau, climat, migration : des synergies dans les politiques de résilience
 
Le partenariat Maroc–Royaume-Uni s’étend également à la gestion durable des ressources en eau, à travers un accord spécifique d’un montant allant jusqu’à 200 millions de livres. Celui-ci vise à développer des solutions innovantes pour les ports intelligents, la logistique verte et la gestion des ressources hydriques, particulièrement critiques pour le Maroc confronté à un stress hydrique persistant.
 
L’accord englobe également des volets sécuritaires et migratoires, dans une logique de coopération multidimensionnelle. Rabat et Londres s’engagent à renforcer leurs actions conjointes contre le terrorisme, tout en œuvrant à la gestion commune des migrations irrégulières. Il s’agit, selon David Lammy, de « bâtir des partenariats africains sincères fondés sur le respect mutuel, l’investissement responsable et la sécurité partagée ».
 
Sur le plan politique, Londres a annoncé un changement d’orientation notable en affirmant son soutien au plan d’autonomie présenté par le Maroc pour résoudre le différend autour du Sahara. « Le Royaume-Uni considère ainsi le plan marocain comme la base la plus crédible, viable et réaliste pour une solution durable et mutuellement agréée », a déclaré le Foreign Office. Une déclaration qui s’inscrit dans le sillage du soutien exprimé par plusieurs puissances occidentales ces dernières années, et qui conforte la stratégie diplomatique marocaine dans ce dossier sensible.

Ce rapprochement avec le Maroc illustre, par ailleurs, la stratégie britannique de diversification de ses partenariats économiques et diplomatiques post-Brexit. Alors que Londres cherche à redéployer son influence hors du cadre européen, le Maroc apparaît comme un partenaire de choix, stable, ouvert aux investissements et jouant un rôle pivot entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
 
Le ministre britannique délégué au Commerce, Douglas Alexander, a ainsi affirmé que « le Maroc devient un partenaire commercial et d’investissement de plus en plus stratégique pour le Royaume-Uni ». Et de souligner : « La croissance est une priorité absolue pour notre gouvernement. Renforcer les liens avec des économies émergentes comme celle du Maroc ouvrira la voie à de nouvelles opportunités pour les entreprises britanniques et contribuera à la création d’emplois au Royaume-Uni ».
 
Les accords signés ne représentent, selon les deux parties, qu’un socle initial destiné à s’élargir dans les mois à venir. Plusieurs autres projets sont à l’étude, notamment dans l’éducation, les énergies renouvelables et la technologie. Des forums d’affaires et missions économiques conjointes sont également prévus afin d’approfondir les synergies commerciales et sectorielles.

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