À Médiouna, commune en pleine croissance à la lisière Sud-Est de Casablanca, se déplacer reste un vrai défi du quotidien, mais derrière les embouteillages, une dynamique de fond est en marche.
Sur le terrain, la situation reste pourtant difficile. Dans les quartiers populaires de la commune, comme El Fadl ou Hay Essalam, les lignes de bus restent peu fréquentes, mal coordonnées et insuffisantes face à la pression démographique. Pour bon nombre d’habitants, la voiture particulière reste un luxe inaccessible, et les taxis collectifs, souvent clandestins, constituent l’unique alternative, malgré leur coût élevé et leur insécurité.
« Chaque matin, c’est le même combat pour attraper un taxi collectif à l’entrée de la route de Deroua », raconte Amine, ouvrier dans une usine de la zone industrielle de Sidi Maârouf. « Il n’y a pas de bus fiable, les petits taxis refusent souvent de sortir de la ville. On finit entassés à six ou sept, et on paye plus que ce qu’on peut se permettre».
Ce témoignage, largement partagé dans cette localité, pourtant limitrophe de la Capitale économique du Royaume, est au cœur des diagnostics établis par les bureaux d’études missionnés par la région.
Parmi les projets les plus structurants envisagés figure l’extension du réseau de bus en site propre (BHNS – Bus à Haut Niveau de Service), dont une antenne pourrait relier Médiouna à Casablanca via Tit Mellil et Sidi Moumen. Ce tracé a fait l’objet d’une étude d’opportunité en 2023, validée par le Conseil régional, en lien avec le Schéma Directeur de Transport de la Métropole.
À long terme, c’est l’extension du réseau de tramway qui cristallise les espoirs. Casa Transport, dans son Plan Directeur 2024–2035, évoque la possibilité d’une branche vers Médiouna à partir de la ligne T5 actuellement en projet. Seulement voilà : ce prolongement dépend de la densification urbaine et d’une coordination plus poussée avec les communes avoisinantes, notamment Sidi Hajjaj et Deroua. Si la faisabilité technique est confirmée, le financement de ce tronçon pourrait être assuré dans le cadre d’un partenariat État–Région, avec une contribution de la Banque Européenne d’Investissement, déjà impliquée dans les premières phases du tramway casablancais.
En parallèle, le ministère de l’Équipement a lancé plusieurs programmes de mise à niveau des voiries intercommunales. Ces travaux visent à anticiper la montée en puissance des flux de transport collectif tout en améliorant la fluidité du trafic privé à court terme.
Au-delà des intentions, c’est l’exécution effective qui sera scrutée dans les mois à venir. Une première étape concrète est attendue avec l’extension de la ligne de bus 143, qui devrait desservir plusieurs quartiers périphériques de Médiouna d’ici fin 2025, selon un planning communiqué par la SDL M’dina Bus.