​Mjinina entre mythe et réalité

34 ans après, l’affaire sordide du célèbre Mjinina de Meknès est toujours d’actualité. Outre les faits sanglants ayant été relatés lors de cette chronique judiciaire digne d’un thriller à vous couper le souffle, Mjinina hante toujours les esprits, entre mort ou suicidé, ou encore en vie et récemment même libéré de prison.

Pour se remémorer cette affaire, aussi bien pour ceux qui l’ont suivie que pour ceux qui ne l’ont pas fait, voici un aperçu détaillé de l’affaire « mjinina » de Meknès, également connue sous le nom de « l’affaire du dépeceur de Meknès ».
 
Le contexte
 
Abderahmane Souihi, né en 1954 à Meknès, a connu une jeunesse perturbée. N’ayant pas pu poursuivre ses études au-delà du primaire, il s’est vite retrouvé désœuvré, arpentant les ruelles des quartiers les plus dangereux de sa ville natale.

Il sombra vite dans la délinquance juvénile, surtout après la mort de son père, ce qui n’arrangea pas les choses. S’adonnant aux vols, agressions et autres délits, à 18 ans déjà, il fut condamné à 20 ans de prison pour association de malfaiteurs, vols aggravés, détention d’arme blanche, vol et agressions.

Abderahmane s’était déjà fait une réputation criminelle et avait déjà un alias, « mjinina », dû à son agressivité précoce.
Lors de son séjour en prison pour mineurs, il fit la connaissance d’un autre criminel connu sous le pseudonyme de « hanfouza », qui devint vite son rival.
 

L’affaire de 1991
 
Les événements de cette tragédie remontent à 1991. Abderahmane Souihi, alias Mjinina, déjà fiché par la police, après sa sortie de prison avait constitué sa propre bande et était en conflit direct avec Hanfouza, un chef de bande rival avec qui il avait fait connaissance au préalable lors de son séjour en prison.

Leur rivalité prit des proportions alarmantes entre agressions réciproques, l’échange de coups et blessures à l’arme blanche.

Cette rivalité vu son apogée une nuit de septembre 1991, Souihi aurait attiré en banlieue de Meknès un membre de la bande à « hanfouza », et l’aurait attaqué violemment, tué, puis décapité. Sa victime serait le nommé « ould tabal ».

Ce dernier fut envoyé par son rival comme espion en vue de se rapprocher de mjinina et de déterminer sa cachette avant de l’attaquer en bande.

Il a enfoui sa tête dans un sac en plastique et l’a transportée jusque dans un bar du centre-ville de Meknès. Après s’être attablé, Souihi aurait exhibé la tête de sa victime à une foule abasourdie et aurait dit au serveur que ce serait lui qui paierait l’addition.

Ces récits sombrent parfois dans la légende ou l’exagération.

Vite alertée, la police locale se déplaça sur les lieux et procéda à son arrestation.

En 1993, Il fut condamné à mort pour meurtre avec préméditation, détention d’arme blanche, torture et mutilation du corps, coups et blessures ayant abouti à une invalidité permanente et association de malfaiteurs.

Plusieurs années plus tard il se serait donné la mort alors qu’il était encore en détention.
 

Une histoire gravée dans les annales judiciaires
 
Cette histoire a profondément marqué l’imaginaire collectif marocain en raison de sa rare brutalité, surtout que ce serait la première fois qu’un criminel décapite sa victime.

La ville impériale de Meknès était sous le choc, personne n’osait sortir dès que le coucher du soleil se rapprochait.

Petits et grands ne parlaient que de cette affaire avec, bien évidemment, toutes les exagérations que l’on peut imaginer, une histoire digne des contes macabres.

Même aujourd’hui, « Mjinina » reste une figure évoquée sur les forums et dans les discussions, à Meknès notamment.
Une affaire gravée à jamais dans la mémoire de tout Marocain.

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