Le Royaume place la mobilité au cœur de la justice sociale, de la durabilité et de la cohésion territoriale. Du 15 au 17 octobre, Fès, capitale spirituelle, accueille un séminaire international sur la mobilité et l’accessibilité en zones urbaines et périurbaines, organisé par le ministère de l’Équipement et de l’Eau, l’AMPCR, la PIARC et l’UPF.
Dès l’ouverture, le ton est donné par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, qui a replacé la mobilité au cœur du projet sociétal et territorial du Maroc : « La mobilité n’est pas une simple question de transport ou de déplacement. Elle est, dans sa substance même, un droit fondamental, un vecteur de justice sociale, un moteur de développement économique et un pilier de la durabilité environnementale ».
Face à la congestion, à la pression environnementale et à la fragmentation sociale, Nizar Baraka appelle à articuler vision stratégique, innovation technologique et volonté politique. Le Maroc, a-t-il rappelé, s’emploie à moderniser ses réseaux, développer les transports collectifs performants et promouvoir les mobilités actives, tout en intégrant les outils numériques pour réduire l’empreinte carbone.
Ce séminaire, inscrit dans le programme officiel de PIARC, vise selon lui à favoriser un dialogue international et scientifique de haut niveau autour de cinq axes majeurs : la multimodalité, la régulation de l’accès des véhicules, la sécurité des usagers, la transition numérique et la résilience des infrastructures face aux crises climatiques.
Ces travaux, a insisté le ministre, ne sont pas une fin en soi, mais une étape vers des recommandations concrètes capables d’inspirer les politiques urbaines et d’alimenter des projets à fort impact.
Le ministre du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a, pour sa part, mis en lumière les progrès réalisés et les défis à relever pour renforcer la connectivité et l’efficacité du système national de mobilité. « Sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi, le Maroc a engagé des transformations profondes dans le domaine du transport, plaçant ce secteur au cœur de son nouveau modèle de développement ».
Kayouh a rappelé que le Royaume dispose désormais de l’un des réseaux ferroviaires les plus performants d’Afrique, symbolisé par le train à grande vitesse “Al Boraq”, qui a réduit le trajet entre Tanger et Casablanca de plus de 55 %. Le lancement, en avril dernier, du projet TGV reliant Kénitra à Marrakech, ajoute 430 km au réseau national et renforce l’intégration entre le Nord, le centre et le Sud du pays.
Dans la région de Casablanca, le Réseau Express Régional (RER) incarne une autre facette de cette transformation : une mobilité urbaine rapide, moderne et connectée, conçue pour répondre aux besoins quotidiens de millions de citoyens.
À cela s’ajoutent les efforts déployés dans le transport aérien, avec l’ambition d’atteindre 80 millions de passagers à l’horizon 2030, tout en consolidant le rôle de l’aéroport Mohammed V comme hub continental reliant l’Afrique au reste du monde.
Mais le ministre a tenu à souligner un autre volet souvent négligé : la logistique urbaine, notamment à Fès, où la croissance démographique et commerciale exerce une pression croissante sur les infrastructures. Le projet de la zone logistique de Ras El Ma, sur 32 hectares, a été cité comme un exemple concret de réorganisation des flux de marchandises pour désengorger les centres-villes et fluidifier le transport des biens.
« L’intégration entre le transport des voyageurs et celui des marchandises constitue un levier fondamental pour renforcer la mobilité urbaine et soutenir le développement territorial durable », a insisté Kayouh, rappelant que ces efforts s’inscrivent dans la perspective de la Coupe du Monde 2030, où le Maroc compte démontrer sa capacité à bâtir un système de mobilité intégré, sûr et inclusif.
Enfin, le ministre a alerté sur la gravité du fléau des accidents de la route, qui coûtent chaque année des milliers de vies. Il a détaillé les mesures engagées par son département pour renforcer la sécurité routière, réviser le cadre réglementaire et cibler en priorité les usagers les plus vulnérables — piétons et conducteurs de deux-roues — représentant plus de 70 % des victimes d’accidents mortels.
Rappelant que 62,8 % de la population marocaine vit désormais en milieu urbain, dont plus du tiers concentré dans cinq grandes villes (Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech et Salé), Qachar a souligné l’urgence de repenser les politiques de mobilité. L’urbanisation rapide accentue les inégalités d’accès, la congestion et la pollution, exigeant des réponses concertées et innovantes fondées sur la planification durable, la mobilité partagée et les modes actifs.
L’AMPCR, créée en 1984 et représentant le Maroc auprès de la PIARC, joue depuis quatre décennies un rôle clé dans la modernisation du secteur routier national. En diffusant les bonnes pratiques internationales, elle contribue à la montée en compétence du pays en matière de mobilité intelligente et de sécurité routière.
« En réunissant ici des experts venus du Maroc et de l’étranger, a poursuivi Qachar, nous voulons créer un espace de dialogue constructif entre acteurs publics, privés et académiques pour concevoir ensemble les modèles de mobilité de demain ».
La table ronde finale, intitulée « Construire les villes de demain : visions partagées pour une accessibilité équitable et une mobilité durable et inclusive », ambitionne d’aboutir à un cadre de réflexion commun, aligné sur les Hautes Orientations Royales en matière d’aménagement du territoire et de durabilité environnementale.