Mohammedia : La fièvre acheteuse monte au marché de l’Alya

Vibrant en ce début mars, le marché de l’Alya reflète l’ombre de l’inflation ramadanesque, entre tradition et ajustements économiques. Mais encore?


En ce jour de mars aux faux airs printaniers, le marché de l’Alya de la Cité des fleurs s’anime dans une atmosphère ramadanesque digne de ce nom, où se mêlent effluves d’épices, bruits de cageots qui s’entrechoquent et voix des marchands vantant les mille et une promesses de leurs marchandises. En cette période de hausses quasi-généralisées des prix, l’ambiance oscille entre fébrilité et retenue, tiraillée entre le désir de garnir la table et la crainte d’un budget qui ne suit plus.

Les étals regorgent de produits essentiels : semoule dorée pour le pain maison, pois chiches en vrac pour la sacro-sainte harira, miel liquide attirant, bon an, mal an, les mordus de la chebbakia, sans oublier les incontournables tomates et oignons dont les prix fluctuent au gré du bon vouloir des commerçants. « Le kilo de tomate est monté à 12 dirhams, contre 7 dirhams il y a à peine un mois. Bon courage pour comprendre cette logique », peste une mère de famille, calculant mentalement son budget avant de remplir son cabas de deux kilos de tomate qu’elle a l’intention de transformer en sauce faite maison. À ses côtés, un retraité nuance : « L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Notre gouvernement dit que l’inflation est maîtrisée, il faut juste savoir acheter malin ». Son panier, méticuleusement garni, trahit un savoir-faire forgé au fil des années.

Mais l’inflation laisse ses traces. D’ailleurs, qu’on se le dise, les marchands eux-mêmes en subissent les conséquences. Hassan, vendeur de poisson, soupire devant ses caisses à moitié pleines : « il y a à peine quelques années, les sardines s’arrachaient  à tour de bras dès les premières lueurs du matin. Aujourd’hui, même à 18 dirhams le kilo, certains clients hésitent. Parmi eux, il y en a qui préfèrent les œufs, plus économiques. » Un choix pragmatique confirmé par Amina, venue acheter son ravitaillement hebdomadaire. Astucieuse, elle nous avoue qu’elle arrive, tant bien que mal, à se passer de ce qui est trop cher, car je privilégie les aliments qui durent et nourrissent ma famille nombreuse…

Ailleurs, dans les allées contigües où les marchands ambulants s’alignent en une succession de tréteaux bancals, l’ambiance se fait plus électrique. Ici, pas de prix affichés, tout se négocie dans un échange vif entre acheteurs et vendeurs. Une femme scrute une botte de coriandre avant de partir bredouille en secouant la tête : « On dit que le Ramadan est un mois de partage et de simplicité, mais certains vendeurs en ont décidé autrement », fulmine-t-elle.

Et pourtant, l’âme du marché de l’Alya persiste. Entre les cris des commerçants et les discussions animées sur l’évolution des prix, l’on peut deviner une certaine résilience collective, car au-delà des contraintes budgétaires, l’essence du marché demeure : un lieu de rencontres, d’échanges et de traditions qui, même bousculées par la conjoncture économique, résistent encore et toujours.

Houda BELABD

Un marché où il fait bon démarcher…
Le marché de l’Alya à Mohammedia possède une identité unique qui le distingue de bien d’autres marchés de la région. C’est un lieu où la diversité des produits s’accorde à l’âme de la ville, toujours en mouvement et en quête de tradition. 
Ce qui rend ce marché si particulier, c’est sa capacité à mêler modernité et authenticité. À quelques pas du centre-ville, entre les étals de fruits et légumes frais, on trouve des produits artisanaux et des spécialités locales qui ravivent les souvenirs de générations passées. La diversité des marchands reflète l’harmonie de la ville, avec des stands offrant des poissons tout juste pêchés, des épices aux couleurs vibrantes et des douceurs traditionnelles qui séduisent aussi bien les habitants que les touristes en quête de saveurs locales. L’un des aspects les plus remarquables du marché de l’Alya est sa convivialité. Contrairement à d’autres marchés où l’effervescence peut rapidement devenir chaotique, ici, l’ambiance reste chaleureuse et familiale.

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