L’actuelle distribution de l’aide humanitaire à Gaza, confiée à un organisme soutenu par Israël et les Etats-Unis et qui donne lieu à des scènes chaotiques, est un piège mortel.
Des sources médicales ont indiqué qu’au moins 21 citoyens sont tombés et des dizaines d’autres blessés, dont certains grièvement, après que les forces d’occupation israéliennes ont ouvert le feu sur des personnes attendant de l’aide près d’un centre humanitaire au nord-ouest de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
Des sources médicales ont annoncé que 70 citoyens sont tombés en martyrs par des tirs israéliens dans la bande de Gaza depuis l’aube, dont 50 personnes attendant de l’aide.
« Vingt et un morts et environ 150 blessés ont été transférés à l’hôpital (…) après que les forces d’occupation israéliennes ont pris pour cible des rassemblements de citoyens attendant de l’aide sur la route Salaheddine et le pont sur le wadi Gaza (en tirant) des balles et des obus de chars » entre 2h00 et 6h00 (23h00 GMT lundi et 3h00 GMT mardi), a déclaré à l’AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de cet organisme de premiers secours.
Des sources médicales dans la bande de Gaza ont affirmé que le nombre de personnes arrivées à l’hôpital parmi celles attendant de l’aide alimentaire a atteint environ 500, et que plus de 3500 ont été blessées depuis que les centres de distribution d’aide ont commencé à fonctionner à la fin du mois dernier.
Un mécanisme abominable et humiliant
Par ailleurs, le responsable de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a qualifié « le soi-disant +mécanisme+ d’aide récemment créé [comme] une abomination qui humilie et dégrade les personnes désespérées. C’est un piège mortel, coûtant plus de vies qu’il n’en sauve », a déclaré Philippe Lazzarini lors d’une conférence de presse à Berlin.
Les principes humanitaires doivent être rétablis. La communauté humanitaire, y compris l’Unrwa, dispose de l’expertise et doit être autorisée à faire son travail, a réclamé Lazzarini à Berlin.
Au même moment, l’ONU a qualifié de « crime de guerre » l’utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza, exhortant l’armée israélienne à « cesser de tirer sur les personnes qui tentent de s’en procurer ».
Sur place, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) est surnommée « la Fondation humiliante de Gaza », car c’est ce que les Gazaouis « ressentent en ce moment », a encore dit Lazzarini.
L’ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, organisation au financement opaque soutenue par Washington et Israël, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
Lundi, plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé la GHF à cesser ses opérations, mettant en garde contre des risques de complicité de « crimes de guerre ».
Israël a imposé début mars au territoire un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Le blocus n’a été que partiellement assoupli fin mai.
Depuis que la GHF a commencé ses distributions fin mai, 450 personnes ont été tuées et près de 3.500 autres blessées en tentant d’atteindre les points de distribution d’aide à Gaza, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement du mouvement islamiste Hamas pour la bande de Gaza.