A la veille de l’entrée en vigueur de l’application de lois israéliennes interdisant les opérations de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en Palestine, le flou demeure sur l’avenir d’activités indispensables pour des millions de Palestiniens.
Une législation israélienne vient d’interdire, récemment, aux responsables israéliens de travailler avec l’UNRWA et bannit ses activités « sur le territoire israélien », ce qui englobe Al Qods, secteur de la ville occupé et annexé par Israël depuis 1967, une annexion jamais reconnue, toutefois, par la communauté internationale.
Votée fin octobre, elle devait prendre effet trois mois plus tard.
À Al Qods, l’UNRWA occupe un large complexe de bureaux et travaille notamment dans le camp de réfugiés de Chouafat.
Selon un porte-parole de l’agence, Jonathan Fowler, plus de 1.100 enfants et adolescents sont scolarisés dans les écoles et centres d’apprentissage de l’UNRWA de Jérusalem-Est, où l’agence réalise 80.000 consultations médicales annuelles pour « environ 70.000 personnes qui dépendent uniquement d’elle pour leur santé et qui n’ont pas de plan B ».
Dans la bande de Gaza, ravagée par 15 mois de guerre, l’agence emploie 13.000 salariés et gère la réponse humanitaire pour d’autres organisations, ce pour quoi elle est en contact régulier avec les autorités israéliennes.
L’UNRWA doit cesser ses opérations à Jérusalem et quitter tous ses bâtiments d’ici le 30 janvier, a écrit vendredi l’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, dans une lettre adressée au secrétaire général.
Hormis cette déclaration, « personne ne sait ce qui va se passer, c’est très flou », explique Fowler. « On va continuer tout ce qu’on peut continuer en attendant des précisions. On ne baisse pas les bras ».
Sur les barrages israéliens qui paralysent la Cisjordanie, le porte-parole s’interroge: « est-ce que donner ses papiers sera considéré comme un contact avec les autorités israéliennes? »
Il ajoute que lors d’opérations militaires dans les camps de réfugiés, comme notamment à Jénine (nord), l’UNRWA a toujours eu un lien avec le Cogat de manière à mettre à l’abri ses bénéficiaires, surtout les écoliers.
« Si on perd ce contact, ce sera un gros problème », dit-il: « C’est très dangereux ».
Quant à la bande de Gaza, l’UNRWA y « fournit un soutien logistique » aux autres agences onusiennes et reste « la colonne vertébrale des opérations de l’ONU sur place », selon le coordinateur humanitaire de l’ONU au Moyen-Orient, Mouhannad Hadi, de retour de Gaza.
Son remplacement n’est donc pas publiquement envisagé, même si bénéficiaires et ONG cherchent depuis des semaines des alternatives.
La Cour suprême n’a pas encore répondu.
« En vertu du droit humanitaire international, il incombe à une puissance occupante de veiller au bien-être (…) d’une population occupée », rappelle Fowler, pointant la responsabilité israélienne.
Le Croissant-rouge palestinien a affirmé jeudi « rejeter absolument tout rôle de substitution à l’UNRWA malgré les tentatives répétées », dans un communiqué démentant « des rumeurs publiées par les médias israéliens ».
« La plus récente de ces tentatives a été celle du ministère israélien de la Santé, qui a cherché à transférer la clinique Bab Al-Zawiya de l’UNRWA, à Jérusalem, au Croissant-Rouge palestinien en échange d’un soutien financier », une proposition « catégoriquement rejetée », précise le Croissant-Rouge.
D’aucuns suggèrent que les missions de l’UNRWA soient prises en charge par des pays étrangers ou d’autres agences onusiennes.
Mais des employés des Nations unies ont affirmé à l’AFP sous couvert d’anonymat que leurs organisations n’avaient pas les moyens humains et matériels de se substituer à l’UNRWA.
Les autres agences de l’ONU « n’ont pas la capacité, sur le terrain, de faire la distribution comme on le fait », a confirmé Fowler.
Elles ont démoli la mosquée Hamza à Jénine, tandis qu’un drone a bombardé une cible de la ville. Elles ont empêché l’ambulance d’atteindre les blessés et ont entravé le travail des équipes d’ambulance, sur le rond-point principal du centre-ville de Jénine.
Deux Palestiniens ont également été blessés après avoir été agressés par les forces d’occupation près du poste de contrôle de Jalameh, au nord de Jénine. Les forces israéliennes ont arrêté un jeune homme à l’aube aujourd’hui dans le quartier d’Al-Bayader à Jénine.
Les renforts militaires israéliens se poursuivent depuis le poste de contrôle militaire de Jalameh vers la ville de Jénine et les environs de son camp, tandis que l’occupation a déployé, mardi, du matériel de petite taille et des bulldozers, afin de faciliter leur entrée dans les ruelles étroites du camp, et de les utiliser dans leurs opérations.
Les bulldozers israéliens ont également ouvert des routes au plus profond du camp après avoir démoli et rasé au bulldozer les maisons des citoyens, pour élargir les rues du camp, tandis que les forces d’occupation ont évacué de force les citoyens de leurs maisons dans la zone est du camp, connue sous le nom de Rond-point des chevaux.
Des affrontements ont eu lieu entre les combattants de la résistance et les forces d’occupation dans le centre de Jénine, et dans le quartier de Hisbah.