Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a émis dimanche des « doutes » sur la volonté d’Alger de respecter la feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes, répétant aussi ses préoccupations concernant le cas de l’écrivain Boualem Sansal.
« Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux », a-t-il ajouté.
M. Barrot s’est déclaré « comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée ».
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d’un père d’origine marocaine et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’Etat et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.
« Je suis préoccupé par son état de santé et (…) la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables », a relevé Jean-Noël Barrot.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait évoqué pour la première fois dimanche dernier l’arrestation de l’écrivain à la mi-novembre à Alger, le qualifiant d' »imposteur » envoyé par la France.
L’auteur de « 2084: la fin du monde », naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ».
« Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie (…) mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », a regretté le ministre français.
Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.