Programme des Mosquées : Cinq millions de Marocains ont appris à lire et écrire

Le Maroc a fait un pas de géant dans sa lutte contre l’analphabétisme. Selon Fouzia Benabbad, cheffe de la division de l’alphabétisation au sein du ministère des Habous et des Affaires islamiques, près de cinq millions de Marocains ont bénéficié du programme d’alphabétisation par les mosquées depuis sa création en 2000. Ce dispositif représente, à lui seul, un quart des efforts nationaux déployés dans ce domaine.

S’exprimant à l’occasion de la Journée nationale de l’alphabétisation, célébrée chaque 13 octobre sous le thème « Alphabétisation, croissance et élévation », Fouzia Benabbad a souligné que ce programme vise à renforcer la contribution du ministère à la stratégie nationale d’éradication de l’analphabétisme. L’objectif fixé à l’horizon 2032 est ambitieux : réduire le taux d’analphabétisme à 13 % parmi les personnes âgées de 17 ans et plus.

Le programme adopte une approche progressive, fondée sur les principes de l’éducation des adultes (andragogie), permettant d’abord aux apprenants d’acquérir les compétences de base (lecture, écriture, calcul), avant de les initier à l’auto-apprentissage et à l’apprentissage tout au long de la vie. L’idée est de développer chez eux un ensemble de valeurs positives, de compétences sociales et de capacités d’autonomie.
 

Un dispositif national intégré
 

Implanté dans un vaste réseau de mosquées, le programme s’étend également aux établissements pénitentiaires et aux centres de rééducation pour mineurs, en plus d’un volet audiovisuel diffusé sur la chaîne Assadissa. Selon le ministère, cette stratégie intégrée a permis de réduire le taux d’analphabétisme de plus de 29 % en 2024.

L’expérience marocaine s’est aussi adaptée à la transition numérique. Dès 2014, un programme d’enseignement à distance via la télévision et Internet a été lancé, assurant la continuité de l’apprentissage, notamment durant la pandémie de Covid-19. Ce dispositif a connu une forte adhésion, y compris parmi les Marocains résidant à l’étranger, qui ont pu suivre les cours à distance.
 

Des résultats probants, mais des défis persistants
 

Pour l’année scolaire 2024-2025, près de 240.000 apprenants sont inscrits, dont 3.400 détenus. Les femmes représentent 90 % des bénéficiaires, et le taux de réussite atteint 92 %, signe de l’efficacité du dispositif.

Cependant, plusieurs défis subsistent. La responsable reconnaît notamment la faible participation des hommes, le morcellement géographique des apprenants dans certaines zones rurales, ainsi que la difficulté de constituer des groupes pédagogiquement homogènes. À cela s’ajoute la nécessité de mieux coordonner les efforts entre les différents partenaires pour éviter la duplication des initiatives.