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On les trouve partout : canapés, salons d’aéroport, sièges de bus et même lits d’hôtel et d’auberge. Ces insectes indélicats ne font pas de différence dans la qualité des habitations et s’installent partout, des hôtels de luxe aux hôpitaux, HLM et quartiers bourgeois. Suivant la plus grande partie des populations humaines modernes, ces punaises préfèrent désormais la ville.
Les scientifiques ont découvert que le sang qu’elles consomment contient l’ADN des personnes dont elles se nourrissaient.
Des chercheurs malaisiens de l’université des sciences de Malaisie ont exploré l’intérêt des punaises de lit tropicales, Cimex hemipterus, comme nouvelles sources d’ADN humain et leur importance dans un contexte judiciaire. Absentes des investigations classiques faute de traces visibles, ces punaises pourraient néanmoins porter dans leur tube digestif l’ADN du dernier hôte humain qu’elles ont piqué. Cette étude visait à déterminer sa probable présence et pendant combien de temps un profil ADN exploitable pouvait être extrait du contenu sanguin de ces insectes. Cette analyse a été effectuée via des marqueurs génétiques humains STR (Short Tandem Repeat) et SNP (Single Nucleotide Polymorphism) déjà utilisés dans les enquêtes criminelles.
Des punaises de lit ont été élevées en laboratoire et nourries à partir de sang humain, puis on a extrait leur contenu sanguin et testé à différents intervalles temporelles (0, 5, 14, 30 et 45 jours). L’ADN ainsi extrait a été soumis à l’analyse des marqueurs génétiques STR et SNP selon les standards forensiques préétablis et usuellement utilisés.
Les résultats ont été très intéressants, puisqu’un profil STR et SNP complet n’a pu être obtenu que le jour même du repas (0 jour), tandis que des profils partiels, certes plus fragmentaires, restaient obtenables jusqu’à 45 jours post‑repas.
Les SNP utilisés pouvaient être ainsi interprétés, permettant notamment des prédictions de phénotypes (couleur des yeux, peau, cheveux) même à partir de données partielles.
En outre, des punaises collectées sur le terrain ont corroboré la pertinence des marqueurs STR, révélant parfois des profils mixtes, ce qui pourrait indiquer un repas sur plusieurs individus. Cas rencontrés aussi lors de tests ADN classiques établis à partir de frottis vaginaux ou sur de la salive prélevée sur un calumet, pipe ou sebsi par exemple.
Ces résultats ouvrent une piste inédite pour la criminalistique lorsque les traces biologiques classiques ne donnent aucun résultat (traces qui ont disparu, ont été nettoyées ou
dégradées). Des punaises de lit pourraient rester sur les lieux et constituer des micro‑réservoirs d’ADN humain fiables, permettant d’identifier des personnes venues sur les lieux ou d’établir une chronologie de passages en reliant une personne à un lieu. Elles jouent ainsi le rôle d’un traceur de présence.
Cependant, plusieurs facteurs limitatifs doivent être pris en compte.
● Les analyses sont longues et nécessitent un protocole rigoureux.
● Le profil devient partiel après quelques jours et certains marqueurs ne sont plus détectables.
● De plus, lorsqu’un insecte a ingéré du sang de plusieurs personnes, les marqueurs génétiques peuvent être mélangés, rendant l’interprétation plus complexe.
● La validation de ces résultats sur des échantillons plus variés, avec davantage d’individus et différents kits STR/SNP commerciaux.
● Des essais in situ sur des scènes de crime réelles seraient également souhaitables pour confirmer la méthode.
En criminalistique, les punaises de lit sont des réservoirs biologiques qui peuvent fournir de l’ADN humain, aider à relier une personne à une scène, et établir une chronologie sur la présence d’un individu.
Après les moustiques, les mouches, les punaises de lit semblent belles et bien investies d’un rôle important lors des enquêtes criminelles.
