L’économie marocaine affiche une croissance de 4,6% au T2 2025, malgré un déficit commercial en hausse et des défis pour les finances publiques. La Bourse de Casablanca enregistre une performance semestrielle de 23,85%.
La valeur ajoutée hors agriculture a également progressé de 4,3% sur un an. Cette période a été marquée par la reprise de la demande intérieure, en hausse de 7,2% au deuxième trimestre, contribuant pour 7,7 points à la croissance du PIB. L’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, soutenue par les mesures socio-fiscales et la décélération de l’inflation, a permis une augmentation des dépenses de consommation de 4,2%.
Commerce extérieur, inflation et finances publiques
Malgré cette croissance, le Maroc a vu son déficit commercial se creuser de 18,4% pour atteindre 161,86 milliards de dirhams à fin juin 2025, en raison d’une hausse des importations de 8,9% qui a largement dépassé la progression de 3,1% des exportations. Le taux de couverture a ainsi reculé à 59,3%. L’augmentation des importations a été tirée par les produits finis d’équipement (+14,9%), les produits finis de consommation (+13,3%), et les demi-produits (+6,1%). Côté exportations, les ventes de phosphates et dérivés ont bondi de 18,9%, tandis que le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire a progressé de 3,2% et l’aéronautique de 8,8%. Cependant, les exportations du secteur automobile ont reculé de 3,6%, et celles de l’électronique de 7,8%.
Les finances publiques ont également fait face à des défis, avec un déficit budgétaire qui s’est aggravé à 24,8 milliards de dirhams, contre 20,4 milliards un an plus tôt. Cette aggravation s’explique par la baisse du solde positif des comptes spéciaux du Trésor et par une hausse de 19,0% des dépenses ordinaires.
Sur une note positive, l’inflation est restée sous contrôle. L’indice des prix à la consommation n’a progressé que de 1,3% au premier semestre 2025, sous l’effet d’une hausse de 2,0% des produits alimentaires et de 0,8% des produits non alimentaires. L’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils, a lui aussi connu une légère hausse de 0,2%.
Le marché des capitaux prospère
La Bourse de Casablanca a vécu un semestre euphorique. L’indice MASI a affiché une performance semestrielle de 23,85%, atteignant 18.296,6 points. L’indice MASI.20 a, quant à lui, progressé de 25,42%. Cette tendance haussière a été soutenue par un afflux de capitaux, un assouplissement de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib qui a entraîné une baisse des taux d’intérêt, et une inflation maîtrisée. La masse bénéficiaire des sociétés cotées a également affiché une hausse de 10,2% en 2024, témoignant de la bonne santé du marché.
Au niveau sectoriel, les indices des Ingénieries et Biens d’Équipement Industriels, de l’Électricité et des Mines ont enregistré les meilleures performances, avec des hausses respectives de 260,22%, 109,0% et 70,7%. Le secteur bancaire a également affiché une forte progression du Produit Net Bancaire de 10,7% au premier trimestre 2025. À l’inverse, les secteurs du Transport (-8,35%) et des Boissons (-14,0%) ont affiché des performances négatives.
Deux introductions en bourse, celles de Vicenne et de TGCC, ont été des succès retentissants. L’opération de Vicenne a été sursouscrite plus de 64 fois, avec une demande de 32,12 milliards de dirhams pour une offre initiale de 500 millions. De son côté, l’augmentation de capital de TGCC a suscité un engouement encore plus fort, avec une sursouscription de plus de 42 fois, soit une demande de 92,6 milliards de dirhams pour une offre de 2,2 milliards. Ces événements soulignent une forte confiance des investisseurs.
Par ailleurs, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25%.
En conclusion, si l’économie marocaine fait preuve de résilience avec une croissance soutenue par la demande intérieure et une excellente performance des marchés de capitaux, elle doit néanmoins rester vigilante face à l’aggravation du déficit commercial et budgétaire. Les indicateurs positifs dans des secteurs clés comme le tourisme et l’automobile sont des signes encourageants, mais la performance mitigée de certaines exportations et la hausse de l’inflation alimentaire appellent à une gestion prudente des politiques économiques pour garantir une croissance durable.