​Reconnaître la Palestine… mais à quelles conditions ?

L’occident face à ses contradictions!

Alors que le gouvernement canadien mettait en vigueur sa décision, en janvier 2024, l’arrêt officiel de toute livraison d’armes à Israël, un rapport récent de 60 pages révèle une réalité bien différente : 47 livraisons d’armes et composantes d’armes provenant de compagnies canadiennes auraient été autorisées depuis cette annonce.  La dernière expédition en date aurait eu lieu, par bateau, le 18 juillet. Cette dissonance entre discours public et actes concrets met en lumière l’hypocrisie d’une diplomatie occidentale qui peine à concilier parole et cohérence morale.
 
Dans ce contexte tendu, l’annonce d’une possible reconnaissance de l’État palestinien par Ottawa, Paris et Londres, pourrait apparaître comme une avancée majeure. Pourtant, les conditions posées par les trois pays laissent perplexe : démantèlement du Hamas, démilitarisation totale du futur État palestinien et organisation d’élections en 2026. Autrement dit, une reconnaissance à géométrie variable, soumise à une série d’exigences qui rappellent plus un diktat de puissance coloniale qu’un réel engagement en faveur du droit à l’autodétermination.
 
Cette posture ne résiste pas à l’examen des faits. Le Canada, tout comme d’autres gouvernements occidentaux, fait face à une mobilisation populaire sans précédent depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza à l’automne 2023. Manifestations massives, campagnes de boycottage, lettres ouvertes, pressions exercées sur les élus : la société civile, en particulier la jeunesse, les communautés arabes et musulmanes, les organisations syndicales, étudiantes et progressistes, ne cessent d’exiger un positionnement clair et éthique de la part des gouvernements. Ces voix réclament non seulement l’arrêt effectif de toute collaboration militaire avec Israël, mais aussi une reconnaissance inconditionnelle de l’État palestinien.
 
Mais face à cette pression populaire croissante, Ottawa continue de jouer un double jeu. D’un côté, il tente de calmer l’indignation publique par des déclarations symboliques ; de l’autre, il persiste à soutenir, directement ou indirectement, un régime d’occupation dont les violations du droit international sont largement documentées. Dans cette intention de reconnaissance de l’état palestinien, les plantations de colonies de peuplement un peu partout en ci-Jordanie ne sont pas remises en question.
 
En réalité, la reconnaissance de la Palestine envisagée par trois pays occidentaux importants semble davantage répondre à une stratégie politique de gestion de crise qu’à une volonté sincère de justice ou de paix durable. En imposant des conditions sans consulter les plus concernés par le conflit, le Canada, la France et le Royaume-Uni perpétuent une lecture biaisée du conflit et alimente une diplomatie à deux vitesses.
 
Reconnaître la Palestine, oui. Mais pas à n’importe quel prix, et surtout pas en dictant les termes de cette reconnaissance depuis les capitales occidentales. La pression populaire ne faiblira pas tant que cette reconnaissance ne sera pas pleine, entière, et surtout libérée de toute logique coloniale.
 
De toute façon, Israël, avec ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité, avec son total mépris du droit international, n’est déjà plus un état. L’a t-il déjà été vraiment?
 
Mohamed Lotfi
31 juillet

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