Réforme du Code de la famille : Rabat accueille un débat international sur la reconnaissance juridique du « Kadd wa Saaya »

Dans le cadre de la vaste réforme du Code de la famille, le ministère de la Justice a organisé ce mercredi 18 juin 2025 à Rabat un colloque international de haut niveau. L’événement, intitulé « La mise en œuvre du système de Kadd wa Saaya à la lumière des évolutions de la réforme du Code de la famille », s’inscrit dans la continuité des débats sur les transformations du modèle familial marocain, naviguant entre enjeux juridiques, aspirations sociétales et fondements doctrinaux.

Cette rencontre fait suite à une conférence précédente, tenue le 15 avril dernier, qui portait sur la valorisation du travail domestique en cas de divorce.

La présence notable de Cheikh Hassan Salah Al-Saghir, président des commissions de fatwa à la mosquée d’Al-Azhar Al-Sharif, a souligné l’intérêt religieux et doctrinal majeur de cette thématique. Ce colloque s’inscrit pleinement dans la dynamique de modernisation impulsée par SM le Roi Mohammed VI, visant à renforcer la justice et l’équité au sein du foyer, à garantir l’intérêt supérieur de l’enfant et à promouvoir une approche familiale fondée sur la solidarité, la complémentarité et la reconnaissance du rôle économique de chaque conjoint.

Les échanges ont principalement porté sur l’article 49 du Code de la famille, avec un accent mis sur la nécessité d’intégrer le travail domestique comme une composante à part entière du patrimoine commun, surtout en cas de séparation. 

Les discussions se sont articulées ainsi autour de quatre axes majeurs. Elles ont exploré les fondements juridiques et théoriques du système de « Kadd wa Saaya », sa place actuelle dans l’arsenal juridique marocain, ainsi que les approches comparées des pays arabes concernant la reconnaissance du travail domestique et la valorisation de ce travail comme vecteur essentiel d’équité et de justice au sein du cadre conjugal.
 

Dans son allocution, le ministre de la Justice, M. Abdellatif Ouahbi, a insisté que « reconnaître les sacrifices et les efforts des femmes, à la fois dans la sphère domestique et dans la vie professionnelle, est un impératif de justice. »

« La jurisprudence marocaine a déjà admis le droit de Kadd wa Saaya dans plusieurs décisions, en considérant le travail domestique comme un apport réel à la constitution du patrimoine familial. » a noté Ouahbi.

De son côté, le Procureur général près la Cour de Cassation et président du Ministère public, M. Hicham Balaoui, a salué l’initiative, affirmant que « Le droit malékite reconnaît ce principe depuis le Xe siècle, et la coutume marocaine l’a intégré dans les pratiques judiciaires. »

« Le pouvoir judiciaire constitue aujourd’hui un acteur clé pour accompagner les évolutions législatives vers une reconnaissance pleine du rôle économique de la femme au sein de la famille. » a précisé M. Balaoui.

L’ambassadeur de la République arabe d’Égypte au Maroc, M. Ahmad Nihad Abdel Latif, a mis en avant la convergence des approches entre les deux pays, rappelant que « L’institution d’Al-Azhar avait depuis longtemps reconnu ce droit fondé sur la charia et les avis des savants. »

Le diplomate a également souligné les efforts entrepris par l’Égypte pour réformer son code du statut personnel, dans le but d’y intégrer ce principe et ainsi assurer l’autonomie financière des deux conjoints, tout en valorisant pleinement la contribution de la femme au progrès du foyer et de la nation.

Cette rencontre a permis un échange approfondi sur les perspectives d’adaptation du système juridique marocain, à l’aune des mutations sociales, des principes islamiques et des engagements internationaux du Royaume.

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