La FAO tire la sonnette d’alarme sur la surexploitation des stocks de poissons en Afrique du Nord-Ouest, région où le Maroc doit intensifier ses efforts pour une gestion durable de ses ressources halieutiques.
Le rapport « Review of the state of world marine fishery resources 2025 » de la FAO, publié à l’occasion de la 3ème Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, met en évidence les défis cruciaux de la conservation marine et l’importance d’une gestion durable des ressources halieutiques pour garantir la sécurité alimentaire mondiale.
Ce rapport s’appuie sur des évaluations de stocks et des données complémentaires jusqu’en 2023, ainsi que sur les statistiques de captures de 2021. Il actualise les analyses précédentes grâce à une méthodologie grandement améliorée, issue d’un processus participatif intense. Ce processus a impliqué 19 ateliers et consultations régionales, rassemblant environ 650 experts de 92 pays et 200 organisations. Cette approche collaborative a permis d’intégrer un nombre significativement accru d’évaluations de stocks, atteignant ainsi 2.570 stocks de poissons analysés, offrant une vision plus complète et précise de l’état des ressources halieutiques mondiales.
Le rapport souligne également des disparités régionales notables. Certaines zones, comme le Pacifique Nord-Est et le Pacifique Sud-Ouest, affichent des taux de durabilité élevés grâce à des cadres de gestion robustes. Cependant, d’autres régions subissent une pression intense, soulignant la nécessité d’une gestion plus efficace et durable des ressources halieutiques.
Les régions les plus touchées par cette surexploitation, selon le rapport, incluent notamment le Pacifique Sud-Est, où seulement 46% des stocks sont exploités de manière durable, l’Atlantique Centre-Est, avec un taux de durabilité de seulement 47,4%, et la Mer Méditerranée et la Mer Noire, où, malgré des signes de reprise, seuls 35,1% des stocks sont pêchés durablement.
Particulièrement préoccupant pour la région, le rapport souligne que, de l’Afrique du NordOuest (qui inclut le Maroc) au Golfe de Guinée, plus de la moitié des stocks de poissons sont surexploités, et que leur rétablissement reste incertain.
Le Directeur Général de la FAO, Qu Dongyu, a insisté sur l’urgence d’agir : « Nous disposons à présent de la photographie la plus fine jamais prise de la situation des pêcheries maritimes. Il en ressort des éléments sur ce qui fonctionne et sur les points à améliorer. Il est de toute évidence nécessaire que, dans une prochaine étape, les gouvernements intensifient les efforts qui portent leurs fruits et agissent avec empressement pour que les retombées de la pêche en mer soient bénéfiques pour les populations et la planète. C’est le message que véhicule, en substance, la transformation bleue : accentuer les efforts en faveur de systèmes alimentaires aquatiques durables et résilients qui contribuent davantage à la sécurité alimentaire, à la nutrition et aux moyens de subsistance d’une population en expansion ».
maritime face aux défis de la surexploitation
Les conclusions du rapport revêtent une importance capitale pour le Maroc, en particulier le constat explicite de la surexploitation des stocks dans la région de l’Afrique du NordOuest. La gestion durable de ses propres ressources – des petits pélagiques comme la sardine aux espèces démersales – est essentielle non seulement pour l’équilibre écologique de ses eaux, mais aussi pour la pérennité socio-économique de ses communautés de pêcheurs et de l’ensemble de l’industrie de transformation.
Le rapport 2025 servira donc de boussole aux autorités marocaines, aux institutions de recherche et aux professionnels du secteur. En s’appuyant sur ces données actualisées et cette méthodologie participative, le Maroc pourra affiner ses stratégies de conservation et d’exploitation, garantissant que ses ressources marines continuent de soutenir le bien-être de ses citoyens et de contribuer positivement à la sécurité alimentaire mondiale, en s’inscrivant pleinement dans la vision de la transformation bleue. La préservation de la « richesse bleue » n’est pas seulement un impératif écologique, mais une nécessité économique et sociale pour le monde entier et pour le Maroc en particulier.
Ce plan a pour objectif non seulement d’augmenter la production de produits de la mer, mais aussi de le faire de manière respectueuse de l’environnement, en s’alignant sur les principes de durabilité. Le développement de l’aquaculture au Maroc représente une solution concrète face à la pression croissante sur les stocks de poissons sauvages, une préoccupation majeure mise en évidence par le rapport de la FAO. En investissant dans l’élevage de poissons, de crustacés et de mollusques, le Maroc cherche à réduire la pression sur les stocks sauvages, à assurer la sécurité alimentaire et à stimuler l’économie locale. La création de fermes aquacoles génère de l’emploi et des revenus dans les régions côtières, contribuant au développement socio-économique.
Le Maroc vise également à promouvoir une « économie bleue » résiliente en diversifiant ses activités maritimes. Des projets concrets, notamment axés sur l’élevage de jeunes poissons, sont déjà en cours, particulièrement dans la région méditerranéenne. L’ANDA met l’accent sur des techniques modernes et des pratiques respectueuses de l’écosystème pour garantir une croissance réellement durable.
En somme, l’engagement du Maroc en faveur d’une aquaculture durable est une réponse stratégique qui positionne le Royaume comme un acteur clé dans la construction d’un avenir plus sûr et plus résilient pour les ressources aquatiques.