​Révélations au Portugal : André Ventura, chef du parti Chega, avait envisagé l’exil au Maroc en 2020

Un journaliste portugais publie son livre de 750 pages, après une enquête de 6 ans sur Chega, le parti d’extrême droite du Portugal. Il y révèle qu’en 2020, son leader André Ventura envisageait de fuir au Maroc, redoutant une dissolution imminente par la police judiciaire. Détails.

Un nouveau livre du journaliste portugais Miguel Carvalho recueille les témoignages d’anciens membres de Chega, le parti d’extrême droite au Portugal. Ils y décrivent un climat d’intimidation, marqué par des enregistrements clandestins de conversations et d’appels téléphoniques. Le président du parti, André Ventura, aurait même envisagé un plan de fuite vers le Maroc si son mouvement venait à être interdit.

Enregistrements illégaux entre dirigeants, rapports internes nourris de théories du complot et projet d’exil de Ventura en cas de poursuites judiciaires : autant d’épisodes révélés dans Confidencial — Por Dentro do Chega, publié cette semaine après six années d’enquête.

Avec ses 750 pages, le livre plonge dans les coulisses du parti et détaille le climat d’intimidation qui a marqué les conflits internes de 2020. Selon d’anciens cadres comme Rodrigo Freire, Nuno Afonso et Luís Graça, l’enregistrement clandestin d’appels téléphoniques et de réunions était une « pratique courante », utilisée comme arme contre les critiques internes.

Rodrigo Freire, ex-dirigeant de la section de la ville Leiria, affirme que la hiérarchie du parti — y compris des députés encore en fonction — était au courant de ces méthodes, Ventura compris. 

Miguel Carvalho a également eu accès à un document interne de huit pages où lui-même, ainsi que Pedro Coelho, journaliste du média SIC ayant enquêté à plusieurs reprises sur le parti Chega, étaient décrits comme des agents étrangers impliqués dans des réseaux de conspiration aux côtés de figures aussi diverses qu’Álvaro Cunhal, George Soros ou Yasser Arafat, rapporte l’hebdomadaire Expresso.

L’un des épisodes les plus insolites figure dès l’ouverture du livre : en 2020, pendant la crise sanitaire du Corona-virus, alors que la frontière espagnole était fermée, Ventura, son épouse et des dirigeants proches auraient discuté d’un plan de fuite dans l’éventualité d’une interdiction du parti par les autorités. Convaincu que la police judiciaire préparait la « la dissolution » du Chega, le groupe se serait rendu en Algarve où, selon l’homme d’affaires et militant Arlindo Fernandes, un voyage en vedette rapide jusqu’à Tanger, au Maroc, avec pour destination finale la Côte d’Ivoire, avait été envisagé. Le plan n’a finalement jamais abouti.

Notons qu’André Claro Amaral Ventura, né le 15 janvier 1983 à Sintra au Portugal, est un homme politique portugais. André Ventura en 2021. En 2019, il fonde le parti Chega, qui est classé à l’extrême droite de l’échiquier politique.

Chega : un parti d’extrême droite en pleine expansion au Portugal

Pour rappel le parti d’extrême droite Chega est le nouveau leader de l’opposition au Portugal depuis le mois de mai 2025. Pour la première fois en 50 ans de démocratie, le Parti socialiste a été relégué à la troisième place, mettant ainsi fin à ce que l’on appelle le bipartisme au Portugal.

Après dépouillement des votes des circonscriptions à l’étranger pour les élections législatives, le parti populiste Chega a remporté une victoire sans précédent, renforçant le glissement de l’Europe vers la droite.

Lors des élections du dimanche 18 mai, l’Alliance démocratique (AD) de centre-droit, menée par le Parti social-démocrate, a remporté les élections avec une minorité relative, un résultat désormais confirmé par le dépouillement des votes des Portugais vivant à l’étranger, divisés en deux circonscriptions – Europe et Hors Europe.

Selon les résultats disponibles à ce jour, Chega est le parti qui a obtenu le plus de voix dans les deux circonscriptions, avec un total de 27 %, suivi par AD avec 15,6 %. Les deux forces auront élu un député dans chacune des circonscriptions et exclut complètement le Parti socialiste (PS) qui, pour la première fois depuis la création des circonscriptions à l’étranger, n’a pas élu de député. Le PS arrive en troisième position dans ces circonscriptions, avec 13,4 % des voix.

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