Au-delà du simple événement partisan, c’est toute une dynamique politique qui se révèle : celle d’un pays qui ne considère plus le dossier du Sahara comme un enjeu purement régalien, mais comme un chantier transversal mobilisant élus, diplomates, chercheurs, et société civile.
C’est là l’un des tournants notables de la période actuelle : la marocanité du Sahara ne se déclame plus uniquement dans l’arène diplomatique, elle s’argumente, s’explique, se défend dans les forums parlementaires régionaux, dans les enceintes universitaires, sur les plateformes médiatiques internationales. L’un des mérites du Parti de l’Istiqlal est de ne pas s’en tenir à une rhétorique patrimoniale, mais de chercher à articuler la cause nationale à des enjeux contemporains : développement durable, coopération transsaharienne, sécurité régionale, transition énergétique.
C’est donc un moment de cristallisation que connaît le dossier. D’où l’importance, soulignée par les responsables marocains, d’un plaidoyer plus fin, plus ciblé, et plus intelligemment scénarisé selon les spécificités culturelles, linguistiques et politiques des publics étrangers.
Le gazoduc Nigeria-Maroc, le port de Dakhla Atlantique, les usines de dessalement ou encore l’Initiative Atlantique sont autant de leviers qui confèrent une crédibilité à la parole marocaine. Ce n’est plus uniquement la légitimité historique qui est mobilisée, mais la promesse d’un avenir partagé, avec l’Afrique de l’Ouest comme horizon stratégique.
Ce virage n’est pas sans exigences : il suppose la formation continue des élus, la capacité à produire un récit audible au-delà des frontières, et la vigilance face aux recompositions géopolitiques — notamment dans un Sahel en recomposition, une Méditerranée sous tension, et une Europe traversée par de nouvelles lignes de fracture.
Conclusion : repenser la cause nationale à l’aune du XXIe siècle
L’initiative du Parti de l’Istiqlal rappelle une vérité simple mais trop souvent oubliée : le patriotisme ne se décrète pas, il se construit, par la compétence, par la crédibilité, et par l’ancrage dans le réel. En réinvestissant la question du Sahara avec des outils contemporains, le parti ne se contente pas de perpétuer une tradition, il l’actualise — et peut-être même, la régénère.
Alors que le Maroc cherche à transformer un consensus national en levier d’influence internationale, il lui faudra des relais politiques capables de porter cette ambition avec intelligence, constance et imagination. C’est à cette condition que la diplomatie du Sahara cessera d’être une affaire de crise, pour devenir, enfin, une politique d’avenir.
Analyste Politique