Sahara : L’Istiqlal plaide pour le ralliement de Pékin

L’Istiqlal a plaidé la cause du Sahara auprès du Parti communiste chinois, au moment où le partenariat sino-marocain ne cesse de prospérer. Détails.

C’est l’heure de la diplomatie partisane qui se met en branle. En visite au Maroc, la délégation de haut niveau du Parti communiste chinois s’évertue à renforcer ses liens avec le paysage politique marocain.

 

Conduite par Li Shulei, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste, la délégation chinoise a été reçue chaleureusement au siège du Parti de l’Istiqlal à Rabat. Une réception qui fait suite à celle accordée par le patron du RNI, Aziz Akhannouch.

 

Il est clair que la priorité est donnée aux partis de la coalition gouvernementale, ayant une capacité d’action sur l’Exécutif et, par conséquent, sur le partenariat sino-marocain. “Cette réunion a été une occasion importante pour rappeler les liens historiques qui réunissent le Parti de l’Istiqlal et le Parti communiste chinois depuis les années 50 et rappeler également l’intérêt que portent les deux parties pour l’implémentation du partenariat stratégique signé en 2016 par SM le Roi et le président Xi Jinping”, a déclaré le Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, soulignant qu’il existe des défis importants à portée internationale sur lesquels il est crucial de travailler main dans la main, dont la paix, le changement climatique et la révolution numérique… “Nous avons aussi souligné l’importance de travailler en commun en Afrique pour favoriser l’émergence africaine, telle que prônée par le Maroc”, a poursuivi M. Baraka.

 

Pékin veut une solution rapide

 

Au-delà des aspects relatifs à la coopération bilatérale, cette réunion a été pour l’Istiqlal l’occasion de plaider la cause du Sahara devant les responsables chinois. “Nous avons rappelé que l’initiative d’autonomie, présentée par le Maroc en 2007 et qui jouit d’un large soutien international, est l’unique solution crédible, pragmatique et envisageable, pour résoudre définitivement le conflit”, a indiqué le leader de l’Istiqlal, au micro de «L’Opinion», à l’issue de la réunion qui s’est tenue en présence de plusieurs hauts cadres du parti, notamment des membres du Comité exécutif.

 

Toujours sur la question du Sahara, Nizar Baraka a mis l’accent sur les efforts consentis par le Maroc pour avancer dans la mise en œuvre du plan de développement des provinces du Sud, lancé par SM le Roi en 2015. “C’est un modèle inclusif qui favorise la stabilité, le développement et la croissance de la région”, a conclu M. Baraka.

 

Pour sa part, la délégation chinoise s’est montrée attentive aux intérêts du Royaume. Li Shulei a rappelé que la Chine appelle à une solution rapide au conflit sur la base d’une solution qui tient compte du dialogue et des Résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il ne s’agit pas d’une simple déclaration d’un responsable politique qui n’engage que lui. C’est une déclaration qui reflète la position officielle de la Chine, dont le Parti communiste représente l’Etat chinois. La Chine adhère ainsi aux Résolutions du Conseil de Sécurité qui, rappelons-le, consacrent depuis des années la pertinence du plan d’autonomie. Contrairement à la Russie qui reste fidèle à son attitude abstentionniste, Pékin vote régulièrement en faveur des Résolutions proposées par les Etats-Unis, en dépit de sa neutralité jugée pour l’instant positive.

 

La prochaine réunion du Conseil de Sécurité s’annonce décisive surtout que Washington et Paris reconnaissent officiellement la marocanité du Sahara, en plus d’une centaine de pays à travers le monde, qui soutiennent le plan d’autonomie. Ce qui a poussé l’émissaire onusien, Staffan de Mistura, à inscrire l’initiative marocaine à l’ordre du jour des futures négociations. Maintenant, le Maroc tente d’avoir la Chine à ses côtés au moment où le Royaume-Uni s’apprête à faire un virage pro-marocain. De quoi obtenir l’appui de la majorité écrasante des membres permanents ayant le droit de véto.

 

Pékin, confronté également au péril séparatiste à Taiwan, valorise le soutien du Maroc à son unité. «Nous sommes très reconnaissants au Maroc pour son soutien à la Chine Unie», avait rappelé l’ambassadeur chinois à Rabat, Li Changlin, dans une interview précédente accordée à «L’Opinion». Cet attachement mutuel à la souveraineté a fait que la diplomatie chinoise s’est toujours tenue ferme vis-à-vis du Polisario dont elle n’a jamais toléré l’existence au Sommet sino-africain.

 

Cap sur les nouvelles routes de la Soie

 

Par ailleurs, la visite de la délégation chinoise s’inscrit dans un contexte de renforcement des liens entre Rabat et Pékin aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique. La visite du président chinois, Xi Jinping, au Royaume, où il a choisi de faire son escale à son retour du Sommet du G20 au Brésil, a montré l’intérêt que porte Pékin pour notre pays. Pour rappel, il a rencontré à cette occasion SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan à Casablanca. Le président chinois n’a pas manqué de faire part de sa volonté d’aller de l’avant dans les relations sino-marocaines. Il s’est également félicité du fait que les deux pays aient connu un développement sain de leurs relations, avec une coopération pratique fructueuse et des échanges de plus en plus dynamiques dans divers domaines, selon le compte rendu officiel.

 

Afrique : Rabat et Pékin parlent le même langage

 

Face aux dirigeants de l’Istiqlal, Li Shulei s’est félicité de la convergence de vues entre Rabat et Pékin au sujet de plusieurs sujets, dont la transition énergétique, la gestion de l’eau et la transition numérique. Dans les domaines où Pékin est disposé à partager davantage son expérience avec le Maroc, a-t-il insisté. Les discussions ont porté également sur l’Afrique où les deux pays partagent une vision commune, celle des partenariats gagnant-gagnant et du développement partagé. Un des objectifs des nouvelles routes de la Soie (La Ceinture et la route) auxquelles le Maroc a adhéré.

 

Le Royaume demeure un partenaire important pour la Chine en Afrique. Les deux pays ont accru considérablement leur coopération économique dans plusieurs domaines. Pékin a augmenté remarquablement ses investissements avec une croissance de 150% en 2024 par rapport à l’année précédente. Les IDE chinois se font de plus en plus nombreux et, surtout, plus volumineux, à l’instar de la gigafactory de batterie électronique que le géant Gotion High-Tech s’apprête à installer à Kénitra, la première en Afrique. Il s’agit d’un des plus grands investissements chinois au Royaume avec une enveloppe estimée à 65 milliards de dirhams. Ce projet gigantesque consiste à mettre en place une unité de production de batteries électriques dans l’Atlantic Free Zone. L’usine devrait s’étendre sur un terrain de 156 hectares.

 

En outre, les entreprises chinoises, telles que “China Railway Design” et Shanhaiguan Bridgae, contribuent à l’extension de la ligne à grande vitesse. Sur le plan commercial, les progrès sont indéniables. La Chine est le deuxième fournisseur et le troisième partenaire du Royaume, selon les chiffres de 2023. Le volume global du négoce s’élève à 80 milliards de dirhams.

 

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