Ce mercredi matin, devant le siège du ministère de la Santé, la coordination syndicale nationale du secteur de la santé, regroupant les six syndicats les plus représentatifs, a accentué la pression face au silence de l’exécutif sur leurs revendications. Le mouvement de protestation, marqué par une grève de 24 heures, devrait s’intensifier avec une série d’arrêts de travail programmés jusqu’au 9 février 2025. Détails.
Dans une déclaration à L’Opinion, Mustapha Jaï, Secrétaire Général National du Syndicat Indépendant des Infirmiers au Maroc, a appelé le ministère à respecter ses engagements. « Six mois après la signature de l’accord du 23 juillet 2024 par l’ancien ministre Ait Taleb, aucune mise en œuvre n’a été réalisée, malgré de multiples correspondances adressées au nouveau ministre, restées sans réponse », a-t-il expliqué, ajoutant : « Nous contestons la gestion actuelle des ressources dans le secteur de la santé et déplorons les conditions réservées au personnel, aussi bien sur le plan matériel que juridique ».
« Nous exigeons la préservation du statut de fonctionnaire à part entière, il est inacceptable que les professionnels de santé subissent les conséquences de l’inertie entourant cette réforme. Le gouvernement doit impérativement agir pour répondre au mécontentement croissant dans le secteur », a conclu notre interlocuteur.
Karim Belmokadem, SG du Syndicat national de la santé publique, et syndicaliste affilié à la FDT, a affirmé de son côté que « la manifestation d’aujourd’hui, organisée à l’appel de la Coordination nationale de la santé, représente une étape clé pour faire pression sur le gouvernement et le ministère afin qu’ils accélèrent la mise en œuvre de l’accord de juillet 2024. Cet accord, qui englobe les revendications essentielles des professionnels, a pour objectif de redonner au secteur la place qu’il mérite, notamment dans le cadre de la réforme du système de santé et du projet royal de généralisation de la protection sociale. »
Pour sa part, Mostafa Chanaoui, Secrétaire général du Syndicat national de la santé (SNS) affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), a déclaré de sa part que cette manifestation marque le début d’une série de protestations qui se poursuivront jusqu’à l’exécution complète de toutes les clauses de l’accord. « Il est incompréhensible de devoir manifester pour parvenir à un accord, puis de nouveau pour bénéficier de ses acquis. Le système de santé aspire à une réforme en profondeur, et le capital humain en est la pierre angulaire », a-t-il affirmé. M.Chanaoui a également souligné que des mois se sont écoulés sans réponse, malgré les demandes répétées de réunions avec le nouveau ministre Amine Tahraoui pour discuter des modalités de mise en œuvre de l’accord du 23 juillet 2024.
Le syndicat déplore également l’absence de dialogue de la part du ministère sur des questions cruciales, telles que les horaires de travail, la mobilité et les conditions dans le secteur privé. Par ailleurs, les médecins dénoncent le non-respect d’accords précédents, notamment l’ajout d’échelons au grade terminal, l’augmentation des salaires fixes et la révision des indemnités liées aux spécialités et à la responsabilité médicale.
Les hôpitaux publics, déjà mis à rude épreuve, se préparent à une nouvelle vague de grèves des médecins du secteur public, après une brève interruption. Un mouvement d’une ampleur sans précédent est annoncé pour les trois prochaines semaines, avec 10 jours d’arrêt de travail répartis entre le 21 janvier et le 9 février 2025. Seuls les services d’urgence seront maintenus.