Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a tenu à rassurer lundi, sur le fait que les postes douaniers commerciales entre l’Espagne et le Maroc « ne sont en aucun cas définitivement fermés », dénonçant des lectures alarmistes à ce sujet, qu’il attribue à une volonté manifeste de nuire aux relations entre les deux pays. Détails.
« Ce dont nous sommes convenus, c’est de maintenir une coordination constante entre les douanes des deux pays, de manière à concilier le transit commercial et la circulation des personnes. C’est dans cet esprit que nous poursuivrons nos échanges », a-t-il souligné.
Le chef de la diplomatie espagnole a tenu à lever toute ambiguïté : « En aucun cas les douanes ne sont fermées de manière définitive, contrairement à ce que certains ont pu affirmer – et je préfère croire qu’il ne s’agissait pas d’une intention malveillante. Ceux qui cherchent à saboter une relation équilibrée entre l’Espagne et le Maroc font fausse route », a déclaré le MAE espagnole.
Gestion des flux transfrontaliers
Dans ce sens, le diplomate a affirmé qu’il est en contact direct avec les autorités marocaines, en particulier avec le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, afin d’assurer la poursuite du dialogue technique sur la gestion des flux transfrontaliers et la coordination douanière entre les deux pays.
Cette déclaration officielle de la part de M. Albares intervient alors que le Maroc avait décidé, mardi 8 juillet, de fermer unilatéralement la douane commerciale à Melilla, en invoquant l’Opération Marhaba 2025 pour justifier cette mesure.
D’après des médias espagnols, un courriel a été adressé aux services douaniers espagnols, précisant que, durant toute la durée de l’Opération Marhaba 2025 – soit jusqu’au 15 septembre – aucune marchandise ne pourra transiter, ni à l’import ni à l’export, par le poste douanier de Melilia. Cette décision a immédiatement conduit à l’arrêt d’un camion chargé d’appareils électroménagers en provenance de l’enclave.
Cette mesure avait suscité la colère du président de la ville autonome de Melilia, Juan José Imbroda, qui a rejeté l’argument selon lequel la suspension des échanges commerciaux terrestres serait justifiée par l’intensité du trafic frontalier. Selon lui, il est tout à fait possible de maintenir l’activité douanière en aménageant une voie spécifique pour les camions et les remorques.
Un flux limité mais à forte portée symbolique
Depuis l’ouverture, le 11 février 2025, de la douane commerciale de Sebta – jusqu’alors inexistante – un total de 42 opérations ont été enregistrées. Parmi elles, 41 concernent des exportations vers l’Espagne, principalement de granulats, tandis qu’une seule opération d’importation a porté sur des produits du secteur automobile.
D’après les données communiquées au média El Faro de Ceuta par la Délégation du Gouvernement espagnol à Sebta, 39 de ces exportations ont concerné des matériaux de construction, notamment du sable et du gravier, depuis la mise en service du point de passage commercial.
Pour mémoire, le Maroc avait décidé en 2018 de fermer unilatéralement la douane commerciale de Melilla, en réaction au refus de l’Espagne de reconnaître sa souveraineté sur le Sahara. Cette mesure avait contribué à exacerber les tensions entre les deux pays. La crise sanitaire liée à la COVID-19 avait ensuite entraîné, en 2020, la fermeture totale des frontières, une situation qui s’est prolongée bien au-delà de la fin de l’urgence sanitaire.
Si les postes-frontières ont rouvert en mai 2022, les douanes commerciales, elles, étaient restées inactives pour des raisons qualifiées de « techniques ». Ce n’est qu’en janvier dernier, après trois années de négociations, que Rabat et Madrid ont annoncé un accord prévoyant l’ouverture progressive des douanes à Ceuta et Melilla. Dans un premier temps, l’arrangement a autorisé le passage quotidien d’un seul camion par poste, instaurant ainsi un flux limité mais à forte portée symbolique.
Les relations bilatérales entre les deux capitales ont connu un net réchauffement à partir de 2022, lorsque le gouvernement espagnol a officiellement soutenu le plan marocain d’autonomie pour le Sahara.