La future ligne à grande vitesse traversant la commune suscite moult inquiétudes, mais la tutelle déploie un accompagnement complet et équitable.
C’est une ligne sur la carte que certains habitants de Sidi Hajjaj regardent avec inquiétude. La future ligne à grande vitesse, censée relier Kénitra à Marrakech en quelques heures, va bientôt traverser leur commune. Cette connexion stratégique promet de changer l’essor des transports dans le pays, de rendre le voyage en train plus rapide, plus confortable et plus compétitif.
Mais ce projet, porteur de modernité, a été accueilli avec méfiance par certains citoyens, inquiets de voir leur maison expropriée ou leur activité menacée.
Saïd, 47 ans, habitant de douar Ouled Slimane, s’emporte littéralement devant notre dictaphone : « On va détruire ce que nos parents ont mis des années à construire, et jusqu’à maintenant, on ne sait pas ce que seront exactement les indemnisations».
Les citoyens sont inquiets, mais ce sont précisément les solutions déployées par l’État, la région et l’ONCF (Office National des Chemins de Fer) afin d’encadrer ce projet que certains mettent en valeur.
Les autorités ont pris la pleine conscience de l’enjeu. Une cellule de médiation a été mise en place afin d’informer les habitants en temps réel sur le tracé de la ligne, le calendrier des expropriations et le barème des indemnisations. Cette structure, présente sur le terrain, consiste en équipes spécialisées, formées de médiateurs, d’ingénieurs, de géomètres et de juristes, afin d’étudier cas par cas chaque situation.
Dans le cas de logements situés sur le tracé, l’État s’est engagé, par arrêté préfectoral, à proposer deux solutions : le rachat de la maison ou du terrain sur la base d’une expertise indépendante, ou le relogement de la famille dans une maison neuve, construite dans le voisinage, afin de lui assurer le maintien de ses attaches sociales. Les indemnisations seront calculées en fonction de la valeur vénale actuelle des propriétés, augmentée d’une prime de dédommagement afin de compenser le déracinement.
D’après la préfecture de Médiouna, plus de 80% des cas seront réglés à l’amiable, sans nécessiter de procédure d’expropriation, ce qui garantit des délais plus courts et une satisfaction renforcée des citoyens.
Les cas particuliers, comme certains commerces, champs, ou exploitations agricoles, seront étudiés avec la chambre d’agriculture et les associations professionnelles afin de trouver des solutions sur-mesure. Dans certains cas, le dédommagement sera composé de terres de substitution, situées à proximité de l’emprise, afin que les exploitants puissent poursuivre leur activité.
Les équipes de médiation vont également assurer un suivi personnalisé, en aidant chaque famille ou exploitant exproprié dans ses démarches administratives, fiscales et techniques. Ce suivi consiste, par exemple, à faciliter l’enregistrement des actes de propriété, le changement d’adresse, ou le raccordement de la maison neuve en cas de relogement.
Le projet prévoit, en sus, de minimiser l’impact environnemental, en déviant le tracé afin d’éviter certains sites sensibles, en utilisant des techniques de déblai et de remblai plus respectueuses des sols, et en recréant des corridors écologiques afin d’assurer le maintien de la faune.
Houda BELABD
Les équipes techniques entendent par exemple installer des passages à faune, des ouvrages d’art permettant le retour des animaux dans leur habitat, afin de préserver la biodiversité locale.
Les délais risquent de s’en trouver allongés afin d’étudier chaque cas en détail, d’informer et d’assister toutes les familles.
L’État prévoit de régler la plupart des cas particuliers d’ici le mois de mars 2026, afin de lancer le gros des chantiers en avril de la même année.
Ce calendrier, arrêté en concertation avec les élus locaux, garantit que le projet de TGV se fera de manière équitable, transparente et durable, sans sacrifier le droit de propriété ni le tissu social de la région.