Sidi Rahal : Face au sur-tourisme, la commune vise la régulation littorale

Face à l’afflux estival, Sidi Rahal amorce sa mue : entre une certaine régulation, un brin d’autogestion et une grande volonté de planification urbaine.

En ce mois de juillet, la plage de Sidi Rahal vibre au rythme des cris d’enfants, du ressac et des estivants venus de Casablanca, Settat, Berrechid ou même d’ailleurs. Derrière cette effervescence, une autre réalité se dessine : celle d’une commune qui tente de maîtriser les effets d’une urbanisation saisonnière brutale, qui multiplie la population par cinq durant les mois d’été.

Alors que les habitants se plaignaient, autrefois, de la saturation du réseau d’assainissement, du manque de collecte des déchets ou encore des coupures d’eau récurrentes, la ville est désormais libérée de ces désagréments, et ce, depuis plusieurs années. Cependant, un nouveau phénomène se faufile à l’horizon, selon plusieurs témoignages récoltés sur place, il s’agit du sur-tourisme saisonnier.

R. R., Marocaine installée en France depuis plus de vingt ans, revient à Sidi Rahal deux fois par an, pour retrouver sa maison de villégiature. « En hiver, la localité est paisible, presque endormie. Les rues sont calmes, on entend le vent de l’océan, et les commerces fonctionnent au ralenti. C’est un autre rythme, reposant », confie-t-elle. Mais dès le début de l’été, Sidi Rahal change de visage. « Cette station balnéaire se transforme complètement. Les plages sont bondées, les restaurants débordent, la circulation devient chaotique et il devient difficile de trouver une place pour se garer ou même un coin tranquille sur le sable. Parfois, on frôle le chaos ». Malgré cela, R. R. reste attachée à cette double ambiance qui fait, selon elle, le charme unique de la station balnéaire.

Mais en mai 2025, les autorités locales ont annoncé leur intention de changer de rythme. Le conseil communal a lancé une opération d’envergure pour mieux encadrer les flux touristiques, notamment sur le littoral. Dans le cadre d’une nouvelle stratégie territoriale, plusieurs mesures ont été mises en place : réorganisation des accès à la plage, création de parkings temporaires, et piétonnisation partielle du front de mer.

En parallèle, une dynamique d’autorégulation est en train de se faire sentir : les habitants et les commerçants s’impliquent, doucement mais sûrement, dans la gestion du quotidien estival. Certains ajustent leurs horaires, d’autres s’organisent pour limiter les nuisances sonores ou préserver la propreté des lieux. Cette forme d’autogestion participative devrait mieux répartir la pression touristique et permettre d’éviter les déséquilibres criants des saisons précédentes.

À l’échelle régionale, la tutelle urbanistique accompagne cette dynamique de régulation. L’Agence urbaine de Casablanca a lancé la révision du plan directeur d’aménagement afin de mieux maîtriser la pression foncière exercée sur le littoral, particulièrement en période estivale.
 

Houda BELABD

La dernière ligne droite

La station balnéaire n’est pas encore sortie de l’ornière. En périphérie, certains quartiers restent en marge des priorités d’aménagement, et plusieurs habitants dénoncent une attention disproportionnée portée aux zones balnéaires au détriment des secteurs résidentiels. Pourtant, une dynamique semble bel et bien enclenchée. Les services s’organisent mieux, les tensions liées à l’afflux estival se gèrent de manière plus anticipée, et la commune semble enfin réagir en amont, plutôt que dans l’urgence.
Mais restons réalistes: il faudra du temps pour que Sidi Rahal devienne une station côtière pleinement structurée et agréable à vivre toute l’année. 

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