Dans cette station balnéaire, le Pavillon Bleu récompense une mobilisation locale pour un littoral propre malgré des défis persistants. Détails.
À une trentaine de kilomètres au sud de Casablanca, la plage de Sidi Rahal hisse fièrement, pour la quatrième année d’affilée, le Pavillon Bleu. Attribué début juin 2025, ce label témoigne d’une reconnaissance qui va bien au-delà de la beauté du site en saluant un effort collectif, patient et continu qui vise à offrir un littoral plus propre, plus sûr et plus respectueux de l’environnement.
Sur le sable encore frais de la matinée, Hicham, 31 ans, venu de Settat avec sa famille, scrute les installations. « Il y a des poubelles, des douches et même un poste de secours. C’est rassurant, surtout avec les enfants». Autour de lui, les drapeaux flottent et les panneaux d’information, multilingues, s’alignent sur les cabines. L’eau, d’un bleu profond, a passé les tests de qualité haut la main. Selon le ministère de la Transition énergétique, 93% des plages marocaines étaient conformes aux normes sanitaires cette année, dont près de la moitié classées en qualité « excellente ». Sidi Rahal figure parmi les plus exemplaires d’entre elles.
Le label Pavillon Bleu, géré au Maroc par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, repose sur une batterie de critères stricts : qualité microbiologique des eaux, gestion des déchets, sécurité, accessibilité, mais aussi sensibilisation des usagers. À Sidi Rahal, cette exigence se traduit sur le terrain par des actions concrètes. Une brigade environnementale nettoie la plage chaque matin dès 6 h. Des jeunes bénévoles, épaulés par l’association « B7ar Bla Plastic », animent des ateliers ludiques pour alerter sur les dangers du plastique en mer.
Mais le chemin vers l’excellence n’est pas sans embûches. Les prélèvements d’eau sont réalisés deux fois par mois pendant l’été, analysés pour détecter la présence d’Escherichia coli ou d’entérocoques, bactéries indicatrices de pollution fécale. « Dès qu’un dépassement est détecté, des actions correctives immédiates sont mises en œuvre », assure un technicien de la délégation provinciale de la Santé. Jusqu’ici, Sidi Rahal a évité les fermetures ponctuelles qui ont touché d’autres plages de la région.
Les autorités locales, quant à elles, sont aux aguets, car la labellisation a aussi des retombées économiques, puisqu’elle renforce l’attractivité de la commune pour le tourisme balnéaire. Les familles, les sportifs, les expatriés y trouvent un cadre sécurisé et respectueux de l’environnement. En parallèle, des efforts sont faits pour renforcer la voie express Casablanca–Sidi Rahal, axe vital durant la saison estivale.
Pourtant, derrière cette vitrine, des défis persistent. L’accès universel à la plage pour les personnes à mobilité réduite reste partiel. La pression immobilière, avec les résidences privées en bord de mer, réduit les zones publiques accessibles. Et chaque week-end, des milliers de visiteurs génèrent une tension sur les services de nettoyage et de sécurité.
Houda BELABD