Souveraineté digitale au Maroc : L’ascension numérique portée par l’essor des centres de données

Avec 23 centres de données opérationnels, le Maroc devance désormais l’Afrique du Sud en tant que leader continental dans ce domaine. Cette dynamique s’inscrit dans le cadre de la stratégie « Maroc Digital 2030 », visant à positionner le Royaume comme un hub numérique régional.

Le Maroc connaît une expansion rapide de ses infrastructures numériques, notamment des centres de données. En 2025, le pays compte 23 centres opérationnels, surpassant ainsi l’Afrique du Sud et se positionnant en tête du continent africain. Cette croissance est le fruit d’une stratégie gouvernementale proactive, combinant incitations fiscales, investissements ciblés et réformes réglementaires.

La loi de 2021 imposant l’hébergement des données sensibles sur le territoire national a joué un rôle déterminant, incitant les entreprises à rapatrier leurs données et stimulant la demande pour des infrastructures locales. Des acteurs majeurs tels que Maroc Telecom, Inwi, Medasys et N+One dominent actuellement le marché, tandis que des entreprises internationales manifestent un intérêt croissant pour le secteur.

L’attractivité du Maroc pour les investissements dans les centres de données est renforcée par des projets d’envergure. En 2024, la société américaine Iozera a annoncé un investissement de 500 millions de dollars pour la construction d’un centre de données à Tétouan. Par ailleurs, un partenariat de 90 millions de dollars entre African Infrastructure Investment Managers (AIIM) et N+One vise à développer les infrastructures numériques à l’échelle continentale.

Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de la stratégie « Maroc Digital 2030 », qui ambitionne de faire du Royaume un leader régional en matière de technologies de l’information et de la communication.
 

Une stratégie numérique globale et ambitieuse
 

La stratégie « Maroc Digital 2030 » repose sur un ensemble de piliers structurants destinés à transformer en profondeur l’écosystème numérique du Royaume. En matière d’emploi, elle ambitionne de tripler le nombre de postes dans le secteur, passant de 140.000 en 2023 à 300.000 d’ici 2030. Cet objectif est étroitement lié à une politique volontariste de formation, visant à faire émerger 100.000 talents numériques par an. À cela s’ajoutent des programmes de reconversion prévus pour 50.000 jeunes ainsi que l’attraction de 6.000 talents étrangers chaque année, dans une optique d’internationalisation des compétences.

Le soutien à l’innovation est également au cœur de cette feuille de route, avec la volonté d’augmenter le nombre de startups labellisées de 380 en 2022 à 3.000 à l’horizon 2030, tout en favorisant l’émergence de deux licornes et de dix « gazelles » — ces jeunes pousses à forte croissance. Sur le plan des infrastructures, le plan prévoit de faire passer la capacité des centres de données de 7 MW en 2022 à 40 MW d’ici 2030, tout en assurant une couverture 5G de 70 % de la population. Ces mesures, à la fois ambitieuses et cohérentes, traduisent la volonté du Maroc de s’imposer comme un hub numérique incontournable à l’échelle régionale et continentale.
 

Défis énergétiques et durabilité

 
La croissance des centres de données pose des défis en matière de consommation énergétique. Selon Goldman Sachs, une grande banque d’investissement américaine, les besoins énergétiques des centres de données liés à l’IA pourraient atteindre 1.000 TWh d’ici 2030. Le Maroc, qui vise 52 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030, doit concilier cette ambition avec la demande croissante en électricité des infrastructures numériques.

Des investissements supplémentaires dans les énergies renouvelables seront nécessaires pour assurer la durabilité de cette croissance et maintenir l’attractivité du pays pour les investissements « verts ».
 

Grâce à sa position géographique, sa stabilité politique et ses infrastructures en développement, le Maroc est bien placé pour devenir un hub numérique entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. La stratégie « Maroc Digital 2030 » et les investissements dans les centres de données renforcent cette position, offrant des opportunités économiques significatives et consolidant le rôle du Royaume sur la scène numérique internationale.

 

Trois questions à Hajar Mousannif 

« Tout porte à croire que le Maroc est en mesure de jouer un rôle moteur à l’échelle régionale »

 

Qu’est-ce qui explique selon vous l’intérêt croissant pour le Maroc en tant que hub régional pour les centres de données ?

Le Maroc attire de plus en plus d’attention grâce à trois atouts majeurs. D’abord, sa position géographique stratégique à la croisée de l’Europe, de l’Afrique de l’Ouest et du Moyen-Orient. Ensuite, ses investissements dans les infrastructures numériques (fibre optique, connectivité internationale) et dans les énergies renouvelables comme le solaire. Enfin, sa stabilité politique et économique, ainsi que les réformes menées pour digitaliser l’administration et attirer les entreprises technologiques.
 

Comment les centres de données peuvent-ils contribuer au développement économique et numérique du pays dans les prochaines années ?

Les centres de données sont essentiels pour héberger les données localement et soutenir la croissance des services numériques (cloud, IA, e-commerce, fintech…). Cela réduit la dépendance aux serveurs à l’étranger, améliore la souveraineté numérique et garantit de meilleures performances pour les entreprises locales.

Par exemple, une startup fintech au Maroc peut héberger ses données dans un centre local sécurisé, ce qui garantit une latence plus faible, une meilleure conformité réglementaire, et un accès plus rapide à ses clients. Ce type d’infrastructure encourage aussi la création d’emplois qualifiés et l’émergence de nouvelles compétences digitales.

 

À quoi faut-il s’attendre dans ce domaine dans les cinq prochaines années ? Le Maroc peut-il devenir une référence en Afrique ?

Oui, le Maroc a toutes les conditions pour devenir une référence africaine. Dans les cinq prochaines années, on peut s’attendre à :

– L’ouverture de nouveaux centres de données modernes ;
– Des partenariats avec des acteurs internationaux (comme ceux déjà noués par N+ONE) ;
– Le développement de programmes de formation spécialisés dans le cloud, la cybersécurité et l’IA.

Si cette dynamique continue, le pays pourra proposer des services numériques souverains, écologiques et compétitifs, au service non seulement du marché local mais aussi de l’Afrique francophone et au-delà.

 
 

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