Il n’est pas là par hasard.
Spinoza est juif. Un juif excommunié par sa propre communauté. Pour lui, un Dieu vengeur, un Dieu des armées, n’est qu’une invention de la peur et de l’ignorance. Une superstition.
Contre lui, une fatwa juive fut prononcée, implacable :
« Que l’Éternel allume contre cet homme toute sa colère, qu’il déverse sur lui tous les maux mentionnés dans le Livre ; que son nom soit effacé dans ce monde et dans l’autre, qu’il soit retranché des tribus d’Israël et affligé de toutes les malédictions contenues dans la Loi. »
Et pourtant, c’est Baruch Spinoza qu’on retrouve aujourd’hui, au milieu des ruines et des cris, refusant que la raison se taise devant l’horreur.
Quant à nous,
que nous reste-t-il de l’humanisme de Spinoza ?
De son exigence de vérité ?
De son refus de toute servitude, qu’elle soit religieuse, politique ou mentale ?
Que nous reste-t-il de ce courage tranquille qui plaçait la liberté de penser au-dessus de toute appartenance ?
Sommes-nous encore capables, comme lui, d’opposer la clarté de la raison aux ténèbres du fanatisme ?
De faire de la justice non un idéal lointain, mais une pratique quotidienne et universelle ?
Ou avons-nous, peu à peu, troqué l’humanisme pour le confort, la pensée pour l’opinion,
la responsabilité pour le silence ?