Taxis vs VTC: Face à la montée des tensions, un énième appel à la réforme

L’incident survenu en fin de semaine à Rabat, opposant les taximen aux chauffeurs opérant avec les applications de transport, a rouvert le débat sur la nécessité de réglementer les nouveaux modes de transport. Détails

Rien ne va plus entre les chauffeurs de petits taxis et ceux opérant dans le secteur de transport avec application. Ce conflit, qui n’est pas nouveau, ne cesse de s’intensifier sur la route publique, au vu et au su de tout le monde, mettant en danger la vie des passants et perturbant la circulation. Rien que la fin de la semaine dernière, une vidéo montrant des taximen à Rabat en train de prendre en chasse un VTC et ses passagers, sous prétexte qu’il pratiquait le transport clandestin, a fait le tour des réseaux sociaux.

Cette scène digne d’une saga hollywoodienne a suscité l’indignation sur la Toile, qui s’alarme d’un danger pour la sécurité publique, mais aussi chez les agents de police, qui ont arrêté les auteurs de cette chasse sur la route.

Ce type de conflit n’est pas isolé. Il reflète un climat de tension croissante entre les chauffeurs de taxi traditionnels et les conducteurs travaillant pour des plateformes de réservation de voitures, qui connaissent un succès croissant auprès des utilisateurs.

Cependant, ce climat n’est clairement pas du goût des représentants syndicaux des taximen ni des chauffeurs avec application, qui dénoncent des pratiques anarchiques et illégales ainsi qu’une violence extrême de la part de certains taximen. « Ces incidents se multiplient depuis des années. Les taximen ne cessent de nous bloquer sur la route alors que nous transportons des personnes qui nous ont choisis pour leur trajet », s’est exprimé un chauffeur opérant avec les taxis par application sous couvert d’anonymat.

Vers une réconciliation positive

« Nous sommes particulièrement inquiets de l’aggravation de cette crise qui perdure sur la voie publique. Nous avons multiplié les mises en garde pour susciter la réaction du ministère de l’Intérieur, auquel incombe la responsabilité de réglementer le service de transport, mais en vain. Ce qui pourrait augmenter les tensions entre les chauffeurs de taxis et les VTC », a déclaré Abdessadek Boujaara, Secrétaire régional du Syndicat national des chauffeurs de taxis, affilié au syndicat de l’Union marocaine du travail (UMT), qui se dit préoccupé par l’image de ce secteur auprès de la population, à la suite de la multiplication de ces incidents.

Selon le syndicaliste, les taximen voient dans l’activité des VTC une concurrence déloyale menaçant leur gagne-pain. « Si la tutelle se contente de l’approche sécuritaire et n’intervient pas, de manière urgente, pour trouver une solution définitive garantissant les droits des deux parties, mais aussi des citoyens, la crise pourrait s’aggraver », alerte Boujaara.

Il réclame, à cet égard, une stratégie complète du ministère de tutelle pour réglementer le secteur, en préservant les opportunités d’emploi dans le secteur du transport par taxi, tout en s’ouvrant aux nouveaux modes de transport par réservation, sans oublier d’inscrire les taxis dans cette nouvelle dynamique technologique.

Cependant, la réforme du secteur ne devrait pas se limiter à cet aspect. Il est également nécessaire de réviser les conditions d’octroi des permis de conduite aux chauffeurs de taxi, ainsi que la durée de la formation qu’ils reçoivent, selon notre interlocuteur. Celle-ci étant insuffisante, elle ne permettrait pas de former un chauffeur exemplaire capable de répondre aux exigences des passagers. Cette réforme est de plus en plus urgente pour garantir un transport urbain inclusif et durable, alors que le Maroc s’apprête à organiser des événements internationaux majeurs, selon les termes du syndicaliste.

Indrive disposé à participer au dialogue avec les autorités
 
Il y a plus d’un an, le ministère du Transport avait promis de lancer une étude sur le transport avec VTC, afin de définir un cadre réglementaire et des modalités de régulation pour cette activité en pleine expansion. Cependant, cette initiative n’a pas abouti en raison des tensions croissantes entre les chauffeurs de taxi et les conducteurs de VTC.

Pour pouvoir mettre fin à cette crise, le gouvernement devrait absolument réussir à réunir les deux parties prenantes. Du côté des entreprises de VTC, celles-ci affirment être entièrement prêtes à collaborer avec les autorités en vue de mettre en place un cadre légal adapté à cette activité. Il a souligné, à cet égard, que la réglementation de ce secteur permettra de réduire les tensions entre les taximen et les chauffeurs opérant avec les entreprises de VTC et potentiellement réduire le prix du transport tout en augmentant les revenus des chauffeurs en permettant au marché de se développer de manière organique.

« Nous prévoyons de participer à des pourparlers pour trouver la meilleure approche qui convienne à toutes les parties prenantes : autorités, population, taxis, transports publics et transport à la demande », souligne Max Osipov (InDrive), dans un entretien accordé à « L’Opinion ».

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