Ancien pôle stratégique de l’agriculture d’exportation au Maroc, la région de Al Oualja, située entre Bir Jdid et Oualidia sur la côte atlantique, tente de relancer une filière en déclin depuis les années 1990.
Mais la dynamique s’est inversée au cours des trois dernières décennies. Supplantée par des régions comme Agadir, mieux dotées en infrastructures et en logistique, Al Oualja a vu ses exportations chuter. Faute de stratégie de substitution, les producteurs se sont repliés sur le marché intérieur, exposé à l’instabilité des prix et à une désorganisation des circuits commerciaux.
« L’absence de visibilité et de débouchés pénalise lourdement les agriculteurs », déplore Idriss Belfadla, agriculteur et membre du Conseil économique, social et environnemental. Il appelle à une diversification des marchés, notamment en direction de l’Afrique de l’Ouest via la Mauritanie, considérée comme une porte d’entrée vers de nouveaux clients.
Des initiatives ont été lancées dans ce sens, mais les volumes restent faibles. Selon plusieurs acteurs du secteur, la faible structuration des filières, la pression des intermédiaires – notamment à Agadir – et une rentabilité jugée trop basse freinent tout redémarrage à l’export.
Dans certaines zones comme Oulad Ghanem, des pénuries sont signalées sur le marché local, alimentées, selon des producteurs, par la spéculation et la revente de produits à l’étranger.
Pour espérer une relance, les professionnels plaident pour un plan structurant incluant régulation, logistique, et accompagnement vers les marchés émergents. « C’est un enjeu économique, mais aussi social pour nos zones rurales », souligne Belfadla.
La région conserve un fort potentiel agricole. Entre El Jadida et Casablanca, les serres spécialisées dans les primeurs et cultures d’arrière-saison restent très actives. À titre d’exemple, la culture de la tomate couvrait près de 10 000 hectares lors de la campagne 2021, selon les chiffres officiels.