Un accord bilatéral entre les producteurs de tomates marocains et français devrait être signé, à la mi-mars, afin de mieux réguler la présence des tomates cerise marocaines sur le marché français, selon le média spécialisé « Réussir ».
L’accord en discussion vise à établir un cadre harmonieux pour la commercialisation des tomates cerise marocaines et françaises, afin d’éviter un chevauchement de leur présence sur le marché hexagonal. L’un des objectifs principaux est de garantir que la saison française ne soit pas perturbée par l’arrivée massive de tomates marocaines à des prix compétitifs.
En effet, l’AOPn (Association d’Organisations de Producteurs nationale) Tomates et Concombres de France prépare, dès avril, une barquette commune à l’ensemble de ses adhérents, destinée à rendre plus visible l’origine « France » pour les consommateurs. Cette initiative répond à une demande récurrente des producteurs français, qui plaident pour une meilleure distinction des tomates locales face à la concurrence.
D’ailleurs, le secteur des fruits et légumes a toujours été l’un des terrains de friction entre les deux pays, notamment à cause de la tomate cerise. Historiquement, le marché était bien équilibré : les tomates marocaines arrivaient en contre-saison des productions françaises. Mais l’essor du segment des tomates cerise au Maroc et la montée en puissance de la production sous serre dans le Sud du pays ont changé la donne.
Les tomates cerise marocaines, cultivées sous serre non chauffée et irriguées avec de l’eau de mer dessalée, bénéficient de coûts de production nettement inférieurs à ceux des exploitations françaises. Leur présence en rayon au début de la saison française entraîne une pression concurrentielle importante, les producteurs français ayant du mal à s’aligner sur les prix marocains.
Pour tenter de trouver un compromis, plusieurs rencontres entre producteurs français et marocains ont eu lieu. Depuis avril 2024, quatre réunions se sont tenues, notamment lors du Salon de l’Agriculture de Meknès et du Salon de l’Agriculture 2025 à Paris. Ces discussions s’inscrivent dans la réactivation du comité mixte franco-marocain sur les fruits et légumes, une instance qui avait été mise en veille depuis 2018-2019. La relance de ce dialogue a été décidée en octobre 2024 lors de la visite d’État du Président français à Rabat.
Selon l’AOPn, cette initiative vise à offrir « une information claire et facilement identifiable aux consommateurs sur l’origine des produits », répondant ainsi à un enjeu économique majeur pour la filière française.
Les acteurs français de la filière, notamment l’AOPn Tomates et Concombres de France et le syndicat Légumes de France, restent prudents et affirment qu’ils seront « vigilants » quant à l’application de cet accord. La négociation en cours est perçue comme une opportunité de stabiliser le marché tout en permettant une cohabitation plus sereine entre les productions françaises et marocaines.
L’accord attendu, en mars à Rabat, pourrait ainsi marquer une étape décisive dans la structuration des échanges entre les deux pays. Il reflète une volonté de coopération tout en réaffirmant la compétitivité du Maroc sur le marché européen des fruits et légumes. En garantissant une régulation saisonnière plus précise, il pourrait également ouvrir la voie à d’autres accords similaires dans le secteur agricole.