Tomates marocaines en France : Rabat et Paris visent un nouveau pacte gagnant-gagnant

Un accord bilatéral entre les producteurs de tomates marocains et français devrait être signé, à la mi-mars, afin de mieux réguler la présence des tomates cerise marocaines sur le marché français, selon le média spécialisé « Réussir ».

Le marché des tomates cerise entre la France et le Maroc est, depuis plusieurs années, un sujet de discussions et parfois de tensions. La montée en puissance de la production marocaine, plus compétitive et présente plus tôt dans la saison, a poussé les producteurs français à demander une régulation plus stricte des importations. C’est dans ce contexte qu’un accord bilatéral est en cours de négociation pour mieux organiser l’arrivée des tomates marocaines sur le marché français et assurer une meilleure cohabitation des deux filières.

L’accord en discussion vise à établir un cadre harmonieux pour la commercialisation des tomates cerise marocaines et françaises, afin d’éviter un chevauchement de leur présence sur le marché hexagonal. L’un des objectifs principaux est de garantir que la saison française ne soit pas perturbée par l’arrivée massive de tomates marocaines à des prix compétitifs.

En effet, l’AOPn (Association d’Organisations de Producteurs nationale) Tomates et Concombres de France prépare, dès avril, une barquette commune à l’ensemble de ses adhérents, destinée à rendre plus visible l’origine « France » pour les consommateurs. Cette initiative répond à une demande récurrente des producteurs français, qui plaident pour une meilleure distinction des tomates locales face à la concurrence.
 

Un contexte de rapprochement entre Rabat et Paris
 
Le Maroc, invité d’honneur du Salon de l’Agriculture 2025 à Paris, une première pour un pays étranger, sera également mis à l’honneur, lors du Salon Medfel les 23 et 24 avril à Perpignan. Ces reconnaissances symbolisent un rapprochement stratégique entre l’Hexagone et le Royaume, après une période marquée par quelques tensions diplomatiques et commerciales.

D’ailleurs, le secteur des fruits et légumes a toujours été l’un des terrains de friction entre les deux pays, notamment à cause de la tomate cerise. Historiquement, le marché était bien équilibré : les tomates marocaines arrivaient en contre-saison des productions françaises. Mais l’essor du segment des tomates cerise au Maroc et la montée en puissance de la production sous serre dans le Sud du pays ont changé la donne.

Les tomates cerise marocaines, cultivées sous serre non chauffée et irriguées avec de l’eau de mer dessalée, bénéficient de coûts de production nettement inférieurs à ceux des exploitations françaises. Leur présence en rayon au début de la saison française entraîne une pression concurrentielle importante, les producteurs français ayant du mal à s’aligner sur les prix marocains.

Pour tenter de trouver un compromis, plusieurs rencontres entre producteurs français et marocains ont eu lieu. Depuis avril 2024, quatre réunions se sont tenues, notamment lors du Salon de l’Agriculture de Meknès et du Salon de l’Agriculture 2025 à Paris. Ces discussions s’inscrivent dans la réactivation du comité mixte franco-marocain sur les fruits et légumes, une instance qui avait été mise en veille depuis 2018-2019. La relance de ce dialogue a été décidée en octobre 2024 lors de la visite d’État du Président français à Rabat.
 

Vers une meilleure distinction des origines
 
L’un des points cruciaux de l’accord concerne la clarté de l’étiquetage. Le manque de lisibilité de l’origine sur les emballages de tomates cerise a été un sujet de crispation pour les producteurs français. Pour y remédier, l’AOPn Tomates et Concombres de France, qui représente 500 producteurs et 20 organisations professionnelles, a conçu une barquette commune de 250g arborant un ruban tricolore bien visible.

Selon l’AOPn, cette initiative vise à offrir « une information claire et facilement identifiable aux consommateurs sur l’origine des produits », répondant ainsi à un enjeu économique majeur pour la filière française.

Les acteurs français de la filière, notamment l’AOPn Tomates et Concombres de France et le syndicat Légumes de France, restent prudents et affirment qu’ils seront « vigilants » quant à l’application de cet accord. La négociation en cours est perçue comme une opportunité de stabiliser le marché tout en permettant une cohabitation plus sereine entre les productions françaises et marocaines.

L’accord attendu, en mars à Rabat, pourrait ainsi marquer une étape décisive dans la structuration des échanges entre les deux pays. Il reflète une volonté de coopération tout en réaffirmant la compétitivité du Maroc sur le marché européen des fruits et légumes. En garantissant une régulation saisonnière plus précise, il pourrait également ouvrir la voie à d’autres accords similaires dans le secteur agricole.

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