Chaque année, à l’approche de l’Aïd al-Fitr et de l’Aïd al-Adha, les voyageurs marocains sont confrontés à une flambée des prix des billets de bus interurbains. En 2025, cette augmentation oscille entre 10 % et 60 %, et pourrait même dépasser ces niveaux dans certaines régions. Ce renchérissement pèse tout particulièrement sur les travailleurs aux revenus modestes, contraints de rejoindre leurs familles en dépit de tarifs prohibitifs.
Le ministère du Transport et de la Logistique autorise une majoration des tarifs pouvant aller jusqu’à 20 % lors des périodes de forte affluence. Cette marge supplémentaire vise à compenser les trajets de retour à vide des bus, un argument souvent avancé par les opérateurs pour justifier ces hausses. Cependant, sur le terrain, cette limite réglementaire semble largement dépassée, et les contrôles restent insuffisants. L’ancien ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, avait déjà précisé, en réponse à une question parlementaire, que cette majoration de 20 % était une nécessité économique pour le secteur. Mais dans les faits, certaines entreprises appliquent des hausses bien plus élevées, profitant du manque de contrôle et de la demande élevée.
Le transport interurbain au Maroc repose sur une infrastructure dense, mais demeure confronté à de multiples défis structurels. Selon les données du ministère du Transport et de la Logistique, il compte une flotte d’environ 2.400 bus, assurant un total de 122.000 places par jour. Le secteur est animé par 1.540 entreprises de transport et dispose de 64 gares routières réparties à travers le Royaume.
Toutefois, plusieurs problématiques persistent et fragilisent le secteur du transport interurbain. Environ 73 % des licences de transport sont exploitées de manière indirecte, soulevant ainsi des interrogations sur la gouvernance et la transparence du secteur. De plus, 87,4 % des opérateurs disposent de seulement deux véhicules au maximum, limitant leur capacité à répondre efficacement à la demande croissante. Par ailleurs, 64 % des transporteurs sont des personnes physiques, ce qui entrave les possibilités d’investissement et de modernisation du parc de bus. Enfin, 50,6 % des exploitants ne disposent pas d’agrément officiel (mouâdounia), favorisant ainsi l’informalité et rendant plus difficile la régulation du secteur par les autorités compétentes.