​Une chaire stratégique pour l’avenir de l’IA entre le Maroc et l’Arabie Saoudite

La signature, le 10 septembre 2025, de la convention de création de la Chaire Prince Mohammed Bin Fahd en intelligence artificielle entre l’Université Al Akhawayn d’Ifrane (AUI) et la Prince Mohammad Bin Fahd University (PMU) d’Arabie Saoudite constitue une avancée majeure dans le paysage académique des deux Royaumes, dans la région et dans le monde. Cet acte traduit une volonté claire : investir dans la recherche appliquée, l’innovation et la formation de talents capables d’accompagner les grandes mutations de nos sociétés.

Un partenariat exemplaire
Cette initiative illustre la pertinence des coopérations académiques Sud–Sud. Elle place l’AUI et la PMU à l’avant-garde des universités arabes et africaines engagées dans la construction d’une intelligence artificielle responsable. En ciblant des domaines aussi stratégiques que la santé, l’éducation, la cybersécurité, la robotique et les villes intelligentes, cette chaire s’aligne à la fois sur les ambitions de la Vision 2030 saoudienne et sur la stratégie numérique du Maroc.
 
Mon expérience et ma conviction
Ayant été impliqué dans les années 1980 avec Hewlett-Packard en Arabie Saoudite pour installer des solutions informatiques dans de nombreux secteurs, j’ai connu de près le développement du Royaume dans le domaine de l’adoption de l’informatique. À cette époque, nous avons travaillé sur l’arabisation des systèmes d’information et de l’informatique, une étape décisive qui a permis aux citoyens et institutions de s’approprier la technologie dans leur propre langue. Aujourd’hui, je suis persuadé que, grâce à cette chaire, nos deux pays vont franchir une nouvelle étape : répondre concrètement aux questions et attentes des citoyens marocains, saoudiens, arabes et du monde à travers des solutions d’intelligence artificielle en arabe, adaptées à nos réalités et porteuses de souveraineté technologique.

 

Mes suggestions pour un système inclusif et durable
Pour inscrire cette chaire dans un système inclusif, il me paraît essentiel de la penser dans un cadre intégrant trois dimensions :

– Souveraineté : bâtir une IA qui respecte nos priorités nationales et régionales, protège nos données et nous affranchit des dépendances technologiques.
– Gouvernance : instaurer des mécanismes clairs de pilotage, transparents et éthiques, capables de garantir que l’innovation serve l’intérêt collectif.
– Inclusion : concevoir des programmes et solutions permettant à l’ensemble des citoyens – jeunes, femmes, régions rurales ou éloignées – de bénéficier de l’IA et du numérique, afin d’éviter de creuser de nouvelles fractures sociales.

 

Les systèmes experts et l’IA comme gardiens de nos savoirs
Il est tout aussi fondamental que les systèmes experts et les applications d’IA intègrent les connaissances explicites mais aussi les savoirs tacites propres au Maroc et à l’Arabie Saoudite. Ces connaissances — issues des traditions, des cultures, des arts, des pratiques sociales et artisanales — doivent être mobilisées pour que l’intelligence artificielle ne soit pas réduite à un simple calcul statistique basé sur l’entraînement de modèles sur de grandes masses de données. Une IA responsable est une IA qui valorise les héritages culturels et les fait dialoguer avec les cultures du monde. C’est ainsi que nous pourrons construire des solutions numériques pérennes, respectueuses de notre identité et capables de contribuer à la diversité culturelle mondiale.
 
Vers une offre de formation et de recherche appliquée ambitieuse
La chaire AUI–PMU doit ainsi être perçue comme une opportunité de bâtir un écosystème académique et scientifique commun, capable de produire des savoirs utiles et de favoriser le transfert technologique. Elle peut devenir un modèle de coopération exemplaire, où la recherche appliquée nourrit l’innovation entrepreneuriale, et où la formation prépare une génération prête à piloter la transition numérique de nos pays avec intelligence et responsabilité.

En félicitant chaleureusement cette initiative, j’exprime le souhait qu’elle ouvre la voie à d’autres coopérations structurantes et qu’elle contribue à inscrire durablement le Maroc et l’Arabie Saoudite parmi les acteurs souverains, inclusifs et culturellement enracinés de l’intelligence artificielle mondiale.

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