Une Europe fragmentée!

Au moment où nous assistons en direct à un grand bouleversement de l’histoire moderne, l’Europe reste paralysée et ne réagit autrement que par des expressions de déception et de choc. Depuis le discours du vice-président americain JD Vance à la conférence de Munich qui a provoqué un torrent de critiques, et les discutions des Américains et des Russes à Riyad, on assiste à un véritable changement de paradigme et un chao au sein de l’Union Européenne, laquelle est au bord de la dislocation.
 
Ces deux évènements ont divisé les Européens entre les pragmatiques qui voient la réalité en face, et ceux qui veulent voir l’Ukraine vaincre la Russie. Les premiers sont pour la fin de la guerre, car ils pensent que la détente entre Russes et Américains va apporter paix et stabilité dans le monde. Les seconds qui perçoivent la Russie comme une menace existentielle veulent continuer la guerre. Dans le même sens, la présidente de la commission européenne ne cesse de pousser ouvertement pour la poursuite de la guerre en Ukraine. Quant à la représentante de la diplomatie européenne Kaja Kallas, elle a dit clairement récemment que la stabilité de l’Europe passe par le démantèlement de la Russie. Beaucoup parlent de russophobie!
 
Ces deux courants ont ouvert une profonde fracture au sein de l’Union Européenne et sont en train de la conduire à l’effondrement de l’intérieure. Dans une surenchère, les premiers qualifient ceux qui critiquent le plan de Trump sur l’Ukraine de véritables hypocrites, alors que les seconds accusent la nouvelle administration américaine d’avoir repris la rhétorique de Moscou sur la responsabilité des autorités ukrainiennes dans leur conflit contre la Russie. La scène du bureau ovale entre Zelensky et Trump aidant, ils accusent ce dernier d’abandonner ses alliés européens. Certains soi-disant intellectuels vont jusqu’à accuser les USA de changer de camps et de basculer vers l’Est, ce qui est absurde. D’autres pensent qu’ils ont mis fin à l’occident, alors qu’ils sont en train de le sortir des sables mouvants.
 
N’ayant pas anticipé l’attitude de la nouvelle administration qui les a surpris, ces pays n’admettent pas que leur diplomatie et leurs services de renseignements ont faillis dès le début du conflit. Pourtant, tout au long de sa campagne électorale, Trump n’a pas cessé de répéter qu’il veut faire cesser la guerre en Ukraine.
 
A partir des déclarations des européens, les américains ont bien compris que ceux-ci vont tout faire pour empêcher une entente entre Ukrainiens et Russes. Par conséquent, ils ont choisi minutieusement le lieu des rencontres (Arabie Saoudite), afin de les empêcher de s’immiscer dans les discutions. Tout le monde se rappelle du britannique Boris Jonson qui a déjà empêché un accord en 2014.
 
Pourtant, les uns et les autres savent que malgré son caractère impérialiste et son imprévisibilité, Trump est actuellement le seul dirigeant à pouvoir faire la paix tant en Ukraine  qu’au Moyen-Orient. En négociant directement avec le Hamas de Gaza sans avoir averti au préalable les Israéliens, il démontre qu’il peut être un ami et imposer des solutions à ce même ami.
 
Sachant que ces négociations semblent quasiment verrouillées, puisqu’il n’est pas question que l’Ukraine rentre dans l’OTAN, qu’il n’est pas aussi question de revenir aux frontières de 2014, etc. le duo franco-britannique a décidé de réagir contre le plan des USA. C’est ainsi qu’ils ont organisé des réunions à Bruxelles et Paris, lors desquelles, ils n’ont pas proposé un sommet entre l’Europe et les États-Unis pour entretenir le dialogue et bâtir des « ponts » entre les deux parties. Au contraire, ils ont opté pour l’augmentation des budgets de la défense et le rétablissement du service militaire. Une décision qui aurait pu être prise depuis une quinzaine d’années. En effet, depuis le président Obama, tout le monde savait que les États-Unis ont mis l’Asie et particulièrement la Chine à la tête de leurs priorités.
 
Par ailleurs, si la décision du réarmement n’a pas fait l’unanimité, elle va amener à repenser la stratégie d’une Europe de la défense. Or, une telle chose nécessite quelques années, pour ne pas dire des décennies. Cela veut dire aussi un besoin pressant d’une entente, voire d’une collaboration avec les USA en termes de technologie, de commandement unifié, ….etc. Les actions des français et des britanniques en Lybie et au Sahel le démontrent.
 
En outre, le réarmement pourrait comporter de sérieux risques. En effet, cela pourrait amener l’Allemagne qui avait déjà alloué avant cette décision, cent milliards d’Euros (100 Milliards) à sa défense, à devenir dans quelques années la première puissance européenne, voire une des puissances mondiales. Dans tel cas, les ambitions d’une Allemagne qui a été imputée de territoires après la deuxième guerre mondiale, ne serait pas celles de l’Allemagne actuelle. On peut deviner la suite.
 
En prétendant chercher: «…une paix durable et solide en Ukraine », et réunir en même temps les chefs des États-majors de plusieurs pays européens et de l’OTAN, résonne comme une préparation à l’affrontement dont l’issu ne sera pas favorable à l’Europe sans l’aide des USA. Ils jouent ainsi avec un embrasement général en déchainant une propagande guerrière qui met leurs médias publics en ordre de bataille pour vendre à leur citoyens une guerre aberrante. Pourtant, tout indique que la fin de la guerre approche.
 
Dans une fuite en avant, le duo- franco-britannique qui veut reprendre le relais de l’ancienne administration du président Beiden, s’est créé un rôle de chef de guerre en réunissant autour d’eux les chefs d’États-Majors des pays qui le suivent encore. La proposition du partage du parapluie nucléaire français avec les autres pays européens va dans le même sens. En agissant ainsi, on est en train de créer de nouveau les conditions de la guerre froide, qui a fait tant de mal au continent européen. Car, selon plusieurs stratèges, la Russie est un partenaire, voire un allié naturel. Elle est avec ses trente pour cent (30%) de la population qui est russophone, un pont entre la Russie et le reste de l’Europe.
 
Par ailleurs, au moment où l’extrême droite dont le premier objectif est de récupérer la souveraineté nationale arrive au pouvoir dans presque tous les pays de l’Union, le duo franco-britannique pousse vers une fédération de l’Europe. Cela s’appelle « nager à contre-courant ». On se demande s’il ne s’agit pas d’ambition personnelle.  
 
Ces agissements ont poussé le chef de la diplomatie russe Sergei Lawrow lors de son entretien avec le chef de l’OCE à Moscou, à accuser britanniques et français de mener des manœuvres pour empêcher une détente entre Moscou et Washington. 
 
L’acceptation de l’Ukraine d’un cessez- le- feu général de 30 jours renouvelables par les deux parties a surpris ceux qui sont contre cet accord. C´est parce que cet accord donne un répit à l’Ukraine que ceux-là applaudissent et disent même vouloir aider Trump. Mais, derrière cette satisfaction, ils espèrent que la Russie, qui est en train d’avancer sur tous les fronts, n’accepte pas ce cessez-le-feu qui permet à l’Ukraine de se réorganiser. Un refus, qui leur permet de designer la Russie comme refusant la paix.
 
Cependant, dans une conférence de presse, Poutine a annoncé qu’il accepte le principe d’un cessez-le-feu, mais propose de l’amender. D’ailleurs, dans son entretien avec l’émissaire americain Steve Witkoff sur cet accord, il l’a chargé de remettre un message au président Trump. Cela veut dire que des négociations vont certainement avoir lieu entre Russes et Américains pas seulement sur l’Ukraine, mais également sur d’autres domaines. C’est dans ce sens, que l’americain Rubio et le russe Lawrow se sont déjà entretenus. Les choses s’accélèrent et la fin de la guerre approche.
 
En tout cas, dans l’état actuel où se trouve l’Union Européenne, elle a besoin de politiciens ayant à la fois sagesse et vision claire pour éviter un effondrement causé par une obstination idéologique. Des politiciens qui, sans faire de diplomatie de « spectacle » ou être inféodés aux USA, peuvent rendre à l’Europe son âme qu’elle a perdue sur l’autel du « Wokisme » et de la bureaucratie.
 

Düsseldorf, le 15 Mars 2025

 

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