C’était un homme de peu de mots, mais dont chaque silence disait plus que mille discours.
À sa manière, il aimait ses enfants, avec une pudeur qui confinait parfois à la rudesse.
Jamais il ne leur avait dit « je t’aime, mon fils », et jamais il n’avait entendu « je t’aime, mon père ».
Ces mots, étrangers aux mœurs de son époque, semblaient inutiles à ses yeux : l’amour, il le prouvait par les gestes, non par les phrases.
Mais avec ses petits-enfants, c’était une autre histoire.
Mâles ou femelles, tous trouvaient une place particulière dans son cœur.
Le jour de l’Aïd el-Kebir, lorsque la famille entière se rassemblait autour de lui, enfants, épouses, maris, petits-enfants bruissant comme une rivière vive, il rayonnait d’un bonheur rare.
Ces moments, il les savourait comme un festin divin.
Et le goût du « boulfaf », partagé sous son regard bienveillant, prenait alors la saveur du bonheur absolu.
Un soir d’hiver, l’un de ses petits-fils célébra ses noces.
Ce fut une nuit pleine de lumière et de promesses.
S’il avait été là, il aurait été comblé, le grand-père, entouré des siens, contemplant ce cercle familial qu’il avait tant chéri.
Mais aujourd’hui, dans ce jour ensoleillé, c’est depuis les hauteurs invisibles qu’il veille.
Son regard s’attarde sur ce petit-fils qui s’unit, et dans le même élan, il protège, il bénit tous les autres : fils et filles, grands et petits.
De là-haut, il reste le pilier de leur histoire, l’écho de leurs souvenirs, le gardien de cet amour qu’il savait taire mais qu’il n’a jamais cessé d’offrir. A » Rahma » t’accompagne pour l’éternité.