Vidéo. Bouchra Malek, grand talent sur petit écran

Souriante et bienveillante, Bouchra Malek nous reçoit dans son agence de production «GO PROD» à Casablanca, co-créée, il y a six ans, avec les comédiens Driss et Mehdi. Décontractée, Bouchra nous fait la visite des lieux de cet espace chaleureusement décoré, où sont affichés quelques posters de ses projets. «On a d’abord commencé comme agence de communication, puis on s’est lancé dans la production des clips et des spots publicitaires, pour passer à notre premier long métrage «30 millions» qu’on a autofinancé et qui a connu un grand succès», rembobine-t-elle. A côté de la production, Bouchra s’est fait un nom en tant que scénariste.
Et pour cause, elle a écrit le scénario de plusieurs sitcoms et séries télévisés très populaires, dont «Joudia», diffusée sur la chaîne «Al Aoula», qui a été la série la plus regardée au cours de ces deux dernières années. La recette du succès ? «Je crois que le Marocain adore se voir à la télé. Mes histoires reflètent notre société avec ses différents aspects. Je choisis des personnages auxquels on peut s’identifier à travers leurs personnalités ou leurs problématiques», résume-t-elle.

La lecture avant tout
Bouchra a vu le jour dans le quartier des «Anciens Combattants» à Meknès, ville qu’elle affectionne particulièrement et dans laquelle elle vit actuellement avec sa petite famille, dans le même quartier où elle est née. «Je suis chanceuse d’appartenir à cette belle ville qui m’inspire beaucoup. C’est une ville éblouissante qui a une âme. Presque tous mes personnages sont des gens que j’ai côtoyés à Meknès».
Fille de fonctionnaire, Bouchra a habité différentes régions du Royaume. «Mon père a roulé sa bosse un peu partout au Maroc. J’ai eu la chance de m’ouvrir à différentes cultures et de rencontrer beaucoup de personnes, qui m’ont inspirée».
Enfant, la futur scénariste lit beaucoup, et ne se sépare que rarement de ses ouvrages. «Mon père m’achetait les contes de Atiya Abrachi, à chaque fois que j’avais une bonne note», se rappelle Bouchra, émue. Son engouement pour l’écriture commence dès son jeune âge. «En troisième année du primaire, la maîtresse nous a demandé, lors d’un atelier de lecture, d’inventer une autre fin au conte Aladin et la lampe merveilleuse.», se souvient-elle.
Cette même histoire que la scénariste a pu développer et adapter à la série «Said o Sehtout», diffusée en 2018 sur la chaîne 2M. Comme quoi, tout était écrit…
Son baccalauréat en poche, Bouchra intègre l’ISADAC, pour quelques mois, avant de rejoindre l’Université Moulay Ismaïl de Meknès, où elle décroche une licence en littérature française. Elle s’envole ensuite à Bruxelles pour y suivre un master en langage artistique, puis en France où elle décroche un master FLE.
Elle entame sa carrière de scénariste tout en étant professeure de théâtre à l’Institut français de Meknès. «Je rends un grand hommage à Nabil Ayouch. C’est lui qui m’a soutenue et qui m’a donné ma première chance», lance-t-elle, reconnaissante. Car c’est avec l’équipe du cinéaste marocain à succès qu’elle commence à coécrire des séries télévisées phares, telles que «Yak Hna Jirane» et «Dima Jirane». Grâce à son talent et à son engagement, Bouchra décroche de plus en plus de projets et décide, en 2012, d’arrêter l’enseignement pour s’adonner entièrement à l’écriture.

Autrice prolifique
Bouchra compte à son actif plusieurs sitcoms et séries ramadanesques à succès, à l’image de «Bnat El Assas», «Koulna Mgharba», «Al Cooperative», «Captain Hajiba», «Al Khawa», «Dar El Ghezlane2», «l’Auberge»… Grâce à sa capacité à basculer du dramatique au comique avec excellence, Bouchra a pu s’imposer en gardant un rythme soutenu, faisant d’elle une des autrices les plus prolifiques. Sa réaction face à ce succès ? «J’éprouve de la satisfaction et de la fierté, mais il faut rester humble, les pieds sur terre, et se dire qu’il faut faire mieux», assure-t-elle.
Ce Ramadan 2023, le public de Bouchra aura rendez-vous avec deux nouvelles séries: «Kayna Dorouf» et «Rahma». La série dramatique «Kayna Dorouf» est produite par la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) et mise en œuvre par la boîte de production Disconnected. Elle regroupera des acteurs et actrices de grand calibre comme Raouia, Samia Akariou et Rafik Boubker. Le pitch ? «C’est une histoire qui touche la société marocaine, puisqu’elle se penche sur la vie des femmes après la prison, et sur leur réinsertion sociale», nous confie-t-elle. Par rapport à «Rahma», produite par Med Production, et qui sera diffusée sur MBC5, la série connaîtra la participation d’une panoplie de stars, dont Mouna Fettou et Abdellah Didane, et traitera la problématique du divorce au Maroc. «Même si les réseaux sociaux ont pris beaucoup de place, la télé reste toujours un moyen efficace pour traiter des problèmes et pour lever le voile sur plusieurs tabous», analyse la scénariste, qui déplore que ses confrères et consoeurs soient relégués au second plan dans la profession. «Il faut qu’ils sortent de l’ombre et qu’ils luttent pour leurs droits. Le scénariste marocain n’a pas son mot à dire», regrette-t-elle. Quant aux critiques, Bouchra assure d’un ton sûr : «Je le dis et je l’assume, on n’a pas encore de vrais critiques artistiques. Les gens confondent entre critiquer et dire c’est mauvais, alors que critiquer c’est décortiquer et analyser», ajoutant en revanche prendre très au sérieux les critiques des téléspectateurs : «C’est mon vrai thermomètre», assène-t-elle.

 

Profil
Bouchra Malek a entamé sa carrière de scénariste tout en étant professeure de théâtre à l’Institut français de Meknès. Elle commence à coécrire avec l’équipe de Nabil Ayouch des séries phares comme «Yak Hna Jirane» et «Dima Jirane». Elle a pu s’imposer en gardant un rythme soutenu, faisant d’elle une des autrices les plus prolifiques.

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