Six ans après la signature de l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), l’intégration économique de l’Afrique reste entravée par de nombreux obstacles. Le Maroc a accueilli le 5 novembre à Casablanca le « Forum ZLECAf Morocco 2024 » pour mobiliser les acteurs africains et proposer des solutions concrètes, visant à surmonter les freins juridiques, logistiques et financiers qui ralentissent l’unité économique du continent.
Le forum, organisé par l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) et le ministère de l’Industrie et du Commerce, sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a réuni des responsables et des hommes d’affaires de divers pays africains. Ils ont échangé, sans détour, sur les moyens de surmonter les blocages juridiques, économiques et institutionnels qui entravent la ZLECAf et freinent l’exploitation de tout son potentiel.
Les 6 pays qui n’ont pas encore ratifié l’accord appartiennent à des zones économiques régionales, lesquelles ne peuvent intégrer la ZLECAf tant que tous leurs membres n’auront pas procédé à la ratification. L’hésitation de ces derniers à ratifier s’explique par un manque de volonté politique et par la crainte que le démantèlement des barrières douanières réduise leurs revenus, notamment en devises.
Les négociations entre les pays membres butent également sur des points cruciaux, notamment concernant la liste des concessions tarifaires. Chaque pays ou union douanière (CEDEAO, CEMAC, SACU, CAE) doit établir une liste de concessions tarifaires comprenant : au moins 90% de produits non sensibles (catégorie A), 7% de produits sensibles (catégorie B), et 3% dans la liste d’exclusion (catégorie C).
Enfin, les négociations sur les règles d’origine, visant à définir les critères pour qu’une marchandise soit considérée comme provenant d’un pays donné, ainsi que sur le commerce des services (services financiers, télécommunications, etc.), sont toujours en cours. Ces deux aspects doivent être finalisés avant de pouvoir espérer des échanges de marchandises réellement libéralisés.
Parallèlement, la ZLECAf doit également axer son développement sur le développement durable, garantissant une croissance économique bénéfique aux générations futures. Pour encourager les échanges et promouvoir les producteurs africains, Hassan Sentissi propose la création de l’Union africaine des exportateurs privés, qui renforcerait la coopération entre les acteurs du continent, faciliterait le partage d’expériences et de bonnes pratiques, et défendrait des intérêts communs sur la scène internationale.
Une autre proposition consisterait en la création d’un fonds public africain de soutien aux exportateurs, destiné à fournir une assistance financière et technique aux entreprises souhaitant se lancer ou se développer à l’international. Ce fonds pourrait également aider à renforcer la compétitivité des exportateurs africains sur les marchés mondiaux en facilitant l’accès à des ressources, des formations et des technologies avancées. Il contribuerait ainsi à stimuler la croissance économique du continent et à encourager l’intégration commerciale régionale.
En Afrique, la conversion entre les 42 monnaies entraîne un coût annuel de 5 milliards de dollars pour les opérateurs économiques, qui sont contraints d’acheter des devises pour mener leurs activités commerciales dans d’autres pays du continent. “C’est pourquoi nous avons développé le Système de paiement et de règlement panafricain, une innovation numérique permettant des paiements en monnaie locale, que nous estimons capable de résoudre ce problème tout en contribuant de manière significative à stimuler les échanges intra-africains”, a-t-il annoncé.
Comment la Mauritanie compte-t-elle profiter de la ZLECAf ?
Quels préparatifs la Mauritanie entreprend-elle dans ce sens ?
Une Afrique prospère fondée sur une croissance inclusive et un développement durable. Un continent intégré et uni, inspiré par les idéaux du panafricanisme et de la renaissance africaine. Une Afrique de bonne gouvernance respectueuse des droits de l’Homme, de la justice et de l’État de droit. Une Afrique pacifique et sécurisée. Une Afrique avec une identité culturelle forte, un patrimoine commun et des valeurs partagées. Une Afrique centrée sur ses populations, exploitant pleinement le potentiel des femmes et des jeunes, et soucieuse du bien-être des enfants. Une Afrique influente et compétitive sur la scène mondiale.
1. Barrières non tarifaires : La réduction des droits de douane n’élimine pas les obstacles administratifs, qui restent élevés avec des réglementations variées, restrictions quantitatives et démarches lourdes selon les pays. Les entreprises marocaines doivent approfondir leur connaissance des spécificités locales et envisager des partenariats avec des acteurs locaux pour réduire ces délais et coûts.
2. Infrastructures logistique: L’insuffisance des réseaux de transport complique la logistique des exportateurs, rendant le transport coûteux et risqué, notamment pour les produits périssables. Utiliser Tanger Med comme hub logistique et collaborer pour investir dans des infrastructures locales peut faciliter la connectivité et réduire les coûts.
3. Conformité aux normes locales: La diversité des normes de qualité, sanitaires et sécuritaires dans chaque pays représente un défi d’adaptation des produits. Les exportateurs doivent effectuer des contrôles qualité et se former aux normes locales pour éviter des restrictions d’entrée.
Pour anticiper ces défis, les entreprises marocaines devraient surveiller les évolutions législatives, diversifier leurs destinations et s’appuyer sur des institutions comme l’ASMEX pour bénéficier d’un soutien. En s’adaptant efficacement, les exportateurs marocains peuvent non seulement tirer profit de la ZLECAf mais aussi contribuer au développement économique du continent africain.