La récente annonce du projet de dématérialisation des procédures administratives, qui devrait être mis en œuvre dès juin prochain, a provoqué un tollé chez les pharmaciens d’officine. Ces derniers disent ne pas être consultés. Détails.
Selon lui, les pharmaciens ont découvert le document à travers les médias. Cette méthode a suscité une vive réaction de la part des professionnels, en raison des profondes implications techniques, organisationnelles et réglementaires que cette réforme induit.
Face à cette situation, Mohamed Lahbabi appelle au dialogue structuré avec le ministère de la Santé. « Fort heureusement, la direction de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a fait preuve d’ouverture, en s’engageant à organiser des réunions de travail avant la mise en œuvre du projet », a-t-il déclaré, ajoutant que ces discussions sont jugées cruciales par la CSPM, les pharmaciens étant en première ligne dans le système de santé national.
Selon Lahbabi, toute réforme d’ampleur – a fortiori numérique – nécessite une phase préparatoire rigoureuse : adaptation des outils professionnels, formation des équipes, compréhension du cadre juridique, etc. Sans cette anticipation, le risque est grand que la réforme ne produise pas les effets escomptés, ou pire, qu’elle désorganise le fonctionnement quotidien des officines.
Le président de la CSPM rappelle également que l’exercice pharmaceutique est encadré par des textes réglementaires stricts. La loi 17-04, le code de déontologie pharmaceutique ainsi que le dahir du 21 avril 1922 constituent le socle juridique qui garantit l’indépendance, la rigueur et la responsabilité dans l’exercice de la profession. Toute réforme doit donc impérativement s’inscrire dans ce cadre légal, sans le contourner ni l’affaiblir.
L’un des points de tension majeurs évoqués par la CSPM concerne l’éventualité que cette réforme impose l’usage de logiciels payants. Or, bon nombre d’officines au Maroc utilisent des systèmes personnalisés ou des outils bureautiques simples, adaptés à leurs besoins spécifiques. Forcer l’achat de logiciels commerciaux représenterait une charge économique non négligeable et risquerait d’exclure certaines structures de la transition numérique. Cela créerait une fracture dans la profession, entre les officines les mieux dotées et les plus fragiles.
Pour prévenir cette inégalité, la CSPM préconise la création d’un portail national public, gratuit et accessible à tous les pharmaciens, à l’image de plateformes déjà existantes telles que « Ma CNSS », « Damancom » ou le portail de la Direction générale des impôts. Une telle solution assurerait une transition harmonieuse, équitable et conforme aux principes de service public.
Mohamed Lahbabi conclut son appel en saluant la volonté affichée de la CNSS d’impliquer les organisations syndicales représentatives dans ce processus. Il insiste sur l’importance d’une approche participative, basée sur la concertation, afin de détecter en amont les obstacles potentiels, proposer des alternatives viables, et garantir le succès de la réforme. Car in fine, l’objectif demeure commun : améliorer l’efficience du système de santé au bénéfice direct des patients et de l’équité d’accès aux soins.