La Coordination nationale des enseignants dits de la «Cellule 10», issus du grade 9, a exprimé son rejet catégorique de la manière dont le ministère de l’Éducation nationale a géré leur dossier, le qualifiant de «sensible» et empreint d’«injustice».
Alors que le chef du gouvernement rassurait, le mois dernier, sur les efforts consentis pour accélérer le processus de la promotion dans les grades pour tous les fonctionnaires et à régler les dossiers en suspens, dont celui des fonctionnaires de la «Cellule 10», la Coordination accuse la tutelle de retarder «délibérément» le traitement de leurs dossiers, soulignant que les réunions répétées des commissions administratives paritaires n’ont abouti à aucun résultat concret. Elle menace ainsi que les enseignants ne resteront pas les bras croisés face au «mépris» dont leurs revendications font l’objet, menaçant d’intensifier leur mobilisation si leurs demandes «légitimes» ne sont pas satisfaites. Les enseignants avaient placé beaucoup d’espoir dans le calendrier annoncé par le ministère le 4 janvier 2025, lequel prévoyait, entre autres, la publication de la liste des promotions par sélection pour l’année 2023, ainsi que la liste des promotions par plafonnement pour 2024, en plus de la publication d’une liste exceptionnelle pour les enseignants ayant 14 ans d’ancienneté, après avoir bénéficié des années d’ancienneté. Un communiqué de la Coordination déplore que ces attentes «se sont rapidement envolées après le report des réunions consacrées aux enseignants de la « cellule 10 » sans justification claire, exacerbant davantage leur frustration».
Elle qualifie les solutions proposées par le ministère, notamment la promotion au premier échelon par sélection sur la base de 5 années d’ancienneté, de simples «miettes» qui ne font qu’apaiser temporairement la situation, alors que les enseignants continuent de subir une pression psychologique et financière depuis des années.
Promotion généralisée ou l’escalade !
Selon le communiqué, ces mesures partielles restent bien en deçà des attentes des enseignants, qui déplorent le retard de leurs promotions et la dégradation de leurs conditions professionnelles et sociales. La Coordination critique aussi les déclarations officielles du ministère, qu’elle juge «floues» et «déconnectées de la réalité», insistant sur le fossé grandissant entre le discours officiel et la réalité du terrain. Les membres de la Coordination contactés par nos soins prônent une promotion exceptionnelle en une seule année pour tous les enseignants de la Cellule 10, accompagnée d’une compensation pour les années de «privation» qu’ils ont endurées.
Elle prévient qu’aucune solution ne saurait être acceptable si elle ne repose pas sur ces bases, dénonçant toute tentative de contourner leurs acquis. La Coordination appelle également à la traduction immédiate et concrète des engagements pris lors du dialogue sectoriel pour mettre fin, une fois pour toutes, à cette crise.
Par ailleurs, la Cellule 10 exhorte les syndicats à faire preuve de transparence et à défendre les droits des enseignants, faisant fi des considérations politiciennes. Selon la Coordination, «il est temps d’assumer les responsabilités historiques et de mettre de côté les intérêts personnels». Elle affirme que «la patience des enseignants a atteint ses limites». La Coordination affirme également que la flamme du mouvement enseignant est toujours vive et que les enseignants de la Cellule 10 «n’accepteront rien de moins que la satisfaction complète de leurs revendications». Elle met en garde contre les conséquences de l’attentisme.
En définitive, le secteur de l’Éducation semble entrer dans une nouvelle zone de turbulences, alors que les délais initialement fixés pour les réformes, annoncés aux syndicats, sont arrivés à échéance. Reste de savoir si le gouvernement parviendra à apaiser la colère du corps enseignant, dont les revendications portent principalement sur des compensations financières, dans un contexte où les finances publiques sont déjà sous pression. Lors de sa dernière intervention sur le sujet, le chef du gouvernement a réaffirmé l’engagement de la majorité à revaloriser le statut de l’enseignant et à améliorer ses conditions, tant financières que morales. Selon lui, cette volonté s’est traduite par une série de rencontres avec les principales centrales syndicales du secteur, visant à écouter les doléances des enseignants et à explorer les pistes pour renforcer leurs conditions de travail. Ces concertations ont abouti à un premier accord le 18 janvier 2022, permettant de régler plusieurs dossiers restés en suspens pendant des années. Celui du 14 janvier 2023 a, quant à lui, posé les bases du nouveau Statut Unifié du corps enseignant, dont le taux d’avancement dépasse désormais les 80%.
Depuis des années, les enseignants de la « Cellule 10 » subissent en silence des politiques inéquitables qui n’ont fait qu’accentuer les disparités entre eux et d’autres catégories ayant bénéficié de promotions et d’avantages successifs. Depuis la promotion des titulaires de diplômes entre 2012 et 2014 et les nominations directes aux échelons 10 et 11, jusqu’au décret 504-02-2019 — qui, s’il a permis des avancées pour certains, n’a fait qu’aggraver la situation des enseignants de la cellule 10 — l’injustice persiste. Aujourd’hui, notre colère porte principalement sur le retard dans l’application des engagements pris par le ministère, notamment en ce qui concerne les mesures de valorisation promises. Toutefois, ces solutions restent largement insuffisantes et bien en deçà de nos attentes.
Quelles sont précisément les revendications de la Coordination ?
Nos demandes sont claires. Nous appelons, avant tout, à la révision de l’article 81 pour garantir l’équité des enseignants de la cellule 10, particulièrement ceux justifiant d’une ancienneté de plus de 20 ans.Nous exigeons également l’activation d’un mécanisme de promotion exceptionnelle pour cette catégorie, afin de réparer des années d’injustice. Enfin, nous plaidons pour l’élimination des écarts injustifiés entre les enseignants et pour une égalité dans les promotions, sans aucune forme de discrimination.
Les grèves successives ont un coût pour les élèves. Des programmes de rattrapage sont-ils prévus pour limiter l’impact sur leur scolarité ?
Malgré les multiples annonces du ministère de l’Éducation nationale concernant le lancement d’un programme national de soutien pédagogique, force est de constater qu’aucun programme concret de rattrapage n’a encore vu le jour.Il est important de souligner que la responsabilité du rattrapage des cours relève avant tout de la gestion administrative et non des enseignants eux-mêmes. Cependant, nous restons profondément attachés à l’intérêt supérieur des élèves. C’est d’ailleurs ce souci constant qui nous a poussés à faire preuve de retenue et à temporiser nos actions pendant des années, malgré le silence persistant des autorités.
S’agissant du volet relatif aux élèves, il a expliqué que le ministère compte continuer à activer les accords de partenariat avec trois associations de premier plan dans le domaine de l’enseignement primaire et à élargir l’offre éducative dans l’enseignement primaire, et ce, à travers la mise à niveau et l’équipement de 600 salles, la construction et l’équipement de 1.235 salles, la mise en place d’installations sanitaires, la réhabilitation et l’équipement des espaces de récréation, et la construction et l’équipement de 1.070 unités préfabriquées.
En outre, le ministre a souligné que son département s’emploie à parachever les résultats restants du dialogue social sectoriel.
Il a en outre été ainsi convenu d’entamer le 10 mars courant la formation relative à l’activation des dispositions de l’article 76, portant sur l’accès au cadre d’inspecteur en orientation pédagogique pour la catégorie des conseillers en orientation pédagogique, d’inspecteur en planification pédagogique pour la catégorie des conseillers en planification pédagogique et d’inspecteur en affaires financières pour la catégorie des économes. Il a également été convenu d’organiser, le 29 mars 2025, le concours professionnel des professeurs de l’enseignement secondaire qualifiant du 1er grade, ouvert aux fonctionnaires du ministère titulaires d’un master ou d’un diplôme d’ingénieur d’État ou équivalent, relatif à la mise en œuvre de l’article 45. Le concours d’accès au Centre d’orientation et de planification de l’Education aura lieu le 12 avril, tandis que celui d’entrée au Centre de formation des inspecteurs de l’Education se déroulera le 19 avril, a indiqué le communiqué, ajoutant que le concours d’accès au cycle de formation des cadres de l’administration pédagogique au sein des Centres Régionaux des Métiers de l’Éducation et de la Formation est prévu le 26 avril.