Les transferts d’argent depuis les États-Unis seront bientôt davantage taxés. Une mesure anti-immigration qui fait grincer des dents dans la diaspora africaine.
Dès 2026, si la mesure est bien introduite, tous les transferts d’argent réalisés depuis les États-Unis par des non-citoyens seront taxés à 3,5%. Concrètement, si un membre d’une diaspora veut envoyer 100 dollars à ses proches, il devra payer 6% de frais auprès de l’organisme de transfert d’argent – c’est déjà le cas –, ainsi que 3,5% de taxes. Donc, au total, pour envoyer 100 dollars, cela lui coûtera environ 10 dollars.
Le continent africain sera le plus touché par cette taxe. Déjà fortement impacté par la décision de Washington de réduire l’USAID et notamment certains programmes de lutte contre le VIH ou le paludisme, ce prélèvement sur les transferts d’argent serait un nouveau coup dur pour les pays africains.
En 2024, selon la Banque mondiale, les États-Unis étaient la principale source d’envoi de fonds en Afrique subsaharienne. Sur les 56 milliards de dollars envoyés, dix venaient d’outre-Atlantique.
Par ailleurs, et selon une étude du Centre mondial de connaissances et d’expertise politique sur les questions de migration et de développement (KNOMAD), en 2021, c’est le Nigeria qui a reçu le plus de transferts depuis les États-Unis avec plus de 5,7 milliards de dollars. Quelque 20% du PIB du Liberia provient des envois d’argent, dont une grande partie des États-Unis. Le Sénégal est, lui aussi, très fortement dépendant de ces transferts. Et quand bien même ces envois seront davantage taxés, ils continueront toujours tant ils sont vitaux pour les récipiendaires. Une situation qui pousserait inéluctablement les gens vers les canaux informels, moins sûrs et incontrôlés. Ce qui pourrait faire reculer la bancarisation et augmenter les risques de fraude, averti plus d’un spécialiste de la question.