Jouahri : Les banques participatives ne représentent que 2 % des actifs du secteur bancaire marocain

Malgré leur part encore modeste représentant à peine 2 % des actifs bancaires au Maroc, les banques participatives bénéficient depuis 2015 d’un engagement fort de Bank Al-Maghrib. Un effort soutenu visant à structurer un écosystème propice à leur essor, a souligné Abdellatif Jouahri lors du 23ᵉ Forum sur la stabilité de la finance islamique tenu ce jeudi à Rabat, rappelant leur importance stratégique pour répondre aux aspirations sociétales. Détails.

Le Conseil des Services Financiers Islamiques (IFSB) a tenu à Rabat, en marge de ses Assemblées Annuelles 2025, son 23ᵉ Forum sur la Stabilité Financière Islamique, placé sous le thème : « Surmonter les difficultés : remédier aux vulnérabilités structurelles et renforcer la résilience face aux chocs futurs ».

L’événement a réuni des gouverneurs de banques centrales, des régulateurs, des représentants d’organismes de normalisation internationaux ainsi que des acteurs de l’industrie financière islamique.

La séance d’ouverture a été marquée par les allocutions de M. Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib et président de l’IFSB pour 2025, du Dr Ghiath Shabsigh, Secrétaire général de l’IFSB, ainsi que du Dr Ahmed Toufiq, Ministre des Habous et des Affaires islamiques. Des représentants de plus de 30 pays ont participé à cet événement majeur.

M. Jouahri a mis en avant les efforts de l’IFSB pour accompagner le développement de la finance participative au Maroc, soulignant la croissance continue du secteur et sa contribution à l’inclusion financière. Il a toutefois relevé que les banques participatives ne représentent encore que 2 % des actifs bancaires totaux au Maroc, malgré des financements avoisinant les 35 milliards de dirhams et des dépôts limités à 12 milliards, ce qui pose des défis en matière de liquidité.

Le Wali de Bank-Al Maghrib a affirmé que le système financier islamique occupe désormais une position stratégique et s’est intégré de manière significative au système financier mondial. Il a souligné l’importance de poursuivre sur cette lancée, en saluant le rôle déterminant du Conseil supérieur des oulémas, qui a su relever avec efficacité de nombreux défis, qu’ils soient d’ordre politique, climatique ou financier.

Le Maroc a délivré ses premières licences aux banques participatives en 2017, mais celles-ci n’ont véritablement démarré leurs activités qu’en 2020, rendant cette expérience encore jeune et appelée à être continuellement évaluée et améliorée, selon le gouverneur de la BAM.

Dans son intervention, Dr Ahmed Toufiq a rappelé que le Maroc a opté pour l’appellation « finance participative » afin d’éviter toute opposition implicite entre les différents modèles de financement.

M. Taoufiq a indiqué, dans ce sillage, que le Comité des avis religieux a émis 194 avis de conformité après 421 réunions scientifiques, mettant l’accent sur la rigueur et l’expertise mobilisées pour encadrer ce secteur selon les principes de la charia tout en respectant la diversité des pratiques financières.

Avant l’ouverture des panels, les conclusions du Rapport 2025 sur la Stabilité des Services Financiers Islamiques ont été présentées. Ce rapport met en exergue la croissance constante du secteur mais aussi la persistance de vulnérabilités, notamment dans les segments non bancaires.

Le Secrétaire général de l’IFSB, Dr Shabsigh a souligné la nécessité de développer les marchés de sukūk, de renforcer les infrastructures financières et de poursuivre les réformes réglementaires pour asseoir un écosystème plus robuste.

Parmi les priorités identifiées figurent le développement des marchés des sukūk en monnaie locale, plus profonds et plus liquides, l’élargissement de la base d’investisseurs, ainsi que la résolution des lacunes juridiques, réglementaires et en termes d’infrastructures de marché, afin de soutenir la croissance des secteurs de l’assurance et des fonds Islamiques. Les échanges au sein des panels ont mis en évidence une convergence croissante sur l’importance de développer les segments non bancaires, afin de renforcer la résilience globale du système financier islamique, y compris sa composante bancaire.

Les panélistes ont également insisté sur la nécessité d’adopter des approches prudentielles proactives et de renforcer la coordination transfrontalière pour anticiper les vulnérabilités et garantir la stabilité du secteur à l’échelle mondiale.

Assemblées Annuelles 2025 : des échanges riches et innovants

Organisées du 1er au 3 juillet avec le soutien de Bank Al-Maghrib, les Assemblées Annuelles de l’IFSB ont inclus la 46ᵉ réunion de son Conseil, la 23ᵉ Assemblée générale et plusieurs événements parallèles. Des ateliers ont été dédiés aux autorités marocaines de supervision financière, ainsi qu’à des thématiques clés comme l’inclusion financière, les guichets bancaires islamiques, ou encore la gestion des risques dans le secteur du Takāful.

L’IFSB a également lancé à Rabat sa première application mobile « IFSB Pulse » et un portail de données interactif, affirmant ainsi son engagement à renforcer la coopération internationale et à promouvoir un secteur financier islamique à la fois résilient, convergent et inclusif.

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