Le Maroc : Entre gestion durable de l’eau et transition énergétique

Le Maroc, comme une grande partie du monde, fait face à une crise climatique qui impacte gravement ses ressources en eau. Situé dans une zone semi-aride à aride, il  est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques. Le pays, qui subit déjà une pression accrue sur ses ressources en eau, fait face à une exacerbation des phénomènes de sécheresses prolongées et à une réduction continue des précipitations. Cette situation a des conséquences préoccupantes  sur l’agriculture, la gestion des réserves d’eau et l’économie en général. Cependant, des solutions innovantes, associant notamment les énergies renouvelables et potentiellement l’énergie nucléaire, pourraient offrir une réponse durable pour une gestion optimale de l’eau, tout en soutenant le développement socio-économique du pays.

1. Les causes et conséquences des sécheresses et de la réduction des précipitations

Les changements climatiques, principalement induits par les activités humaines, ont un impact direct sur la variabilité du climat au Maroc. Selon les dernières projections climatiques, la baisse des précipitations et l’augmentation des températures sont des phénomènes qui perdureront au cours des prochaines décennies, avec des impacts préoccupantes  sur les ressources en eau.

Les sécheresses fréquentes et prolongées sont désormais des phénomènes récurrents, avec une rapide diminution des nappes phréatiques et des réservoirs de barrages. Les régions du sud et de l’intérieur du pays, déjà fragiles sur le plan hydrique, subissent des effets dévastateurs, entraînant une réduction de la disponibilité en eau pour l’irrigation,  secteur consommant plus de 85 % des ressources en eau. Simultanément, la demande en eau pour les populations urbaines et industrielles connaît une pression croissante, exacerbant la crise.

L’impact de cette situation est considérable, menaçant la sécurité alimentaire du pays, en particulier dans les zones rurales où l’agriculture reste un moteur économique essentiel. Les conséquences sont également sociales et économiques, provoquant une instabilité croissante dans les communautés vulnérables et un ralentissement de la croissance économique nationale.

2. L’irrigation au Maroc : un secteur vital en crise

L’irrigation au Maroc est essentielle, particulièrement dans les régions arides et semi-arides où l’agriculture dépend presque exclusivement des ressources en eau. Toutefois, le pays fait face à une crise hydrique majeure, en raison de l’épuisement des nappes phréatiques, de l’ensablement des barrages et d’une gestion inefficace des ressources. Les méthodes d’irrigation traditionnelles, souvent obsolètes, ne permettent plus de répondre aux besoins croissants du secteur agricole face à la rareté de l’eau.

Les sécheresses répétées, comme celle survenue en 2020, ont exacerbé cette situation. La réduction des précipitations a entraîné une baisse significative du niveau des barrages, obligeant le pays à restreindre l’approvisionnement en eau pour l’irrigation. Ces crises récurrentes engendrent des pertes agricoles massives, mais également une perte de revenus pour des millions de travailleurs agricoles dans les zones rurales.

3. Solutions envisageables : l’intégration des énergies renouvelables et de l’énergie nucléaire

Pour surmonter la crise de l’eau et garantir une gestion durable des ressources hydriques, le Maroc doit adopter des solutions novatrices et diversifiées, fondées sur les énergies renouvelables et potentiellement l’énergie nucléaire.
 

a. L’énergie solaire pour la gestion de l’eau et l’irrigation
Le Maroc bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel, ce qui le place parmi les pays les plus prometteurs pour le développement de l’énergie solaire. L’utilisation de technologies solaires, telles que les pompes solaires pour l’irrigation, pourrait révolutionner la gestion de l’eau dans les zones rurales. Ces pompes solaires permettent non seulement de réduire la dépendance au réseau électrique, mais aussi de diminuer les coûts énergétiques pour les exploitations agricoles.

Le complexe solaire Noor de Ouarzazate, l’un des plus grands au monde, est un exemple concret de cette approche. Ce projet pionnier témoigne de l’engagement du Maroc en matière de transition énergétique et de gestion des ressources en eau. Dans des régions comme le Souss-Massa, la réhabilitation des réseaux d’eau, y compris des canalisations et des réservoirs, a permis de réduire de 15 % les pertes d’eau, améliorant ainsi l’approvisionnement en eau potable pour des milliers de foyers.
 

b. L’énergie éolienne et son rôle dans la production d’eau potable
Le Maroc dispose également d’un important potentiel éolien, particulièrement dans ses régions côtières. L’énergie éolienne peut jouer un rôle clé dans le dessalement de l’eau de mer, une solution indispensable face à la diminution des ressources en eau douce. Bien que le dessalement soit énergivore, son intégration avec des sources d’énergie renouvelables comme l’éolien permettrait de rendre ce processus plus viable et moins coûteux à long terme.

L’usine de dessalement d’Agadir, la plus grande du continent africain, est un exemple flagrant de cette approche innovante. Avec une capacité de production de 275 000 m³ d’eau par jour, elle garantit un approvisionnement fiable en eau potable pour la région, et atténue les effets des sécheresses répétées.
 

c. L’énergie nucléaire pour la gestion des ressources hydriques
L’énergie nucléaire, souvent perçue avec prudence en raison des risques liés à la sécurité et à la gestion des déchets, pourrait constituer une solution à long terme pour la gestion de l’eau au Maroc. Des réacteurs nucléaires de petite taille (SMR) à faible coût pourraient fournir une source stable et durable d’énergie pour alimenter des installations de dessalement, augmentant ainsi la capacité de production d’eau douce tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
 
d. Optimisation des infrastructures et gestion durable des ressources
En plus des solutions énergétiques, le Maroc doit investir dans la modernisation de ses infrastructures hydrauliques. La mise en place de technologies d’irrigation efficaces, comme l’irrigation goutte-à-goutte, déjà largement utilisée dans les zones agricoles du pays, permet de réduire le gaspillage d’eau tout en maximisant son efficacité pour l’agriculture. 

Le Maroc a également entrepris d’importants projets d’infrastructures pour renforcer sa sécurité hydrique. Les barrages, tels que celui d’Al Massira, assurent l’approvisionnement en eau potable pour des millions de Marocains. Les réservoirs stratégiques, comme ceux de Tamesna et de Beni Mellal, soutiennent l’approvisionnement en eau pour l’agriculture et l’eau potable. Par ailleurs, le projet des « autoroutes de l’eau », visant à fournir de l’eau potable à plus de 12 millions de personnes dans les régions de Rabat et Casablanca, illustre l’optimisation des ressources hydriques du pays.

5. Conclusion : une transition énergétique pour une gestion durable des ressources en eau

Les défis liés à la gestion de l’eau au Maroc sont immenses, mais les solutions existent. En combinant de manière stratégique les énergies renouvelables et, potentiellement, l’énergie nucléaire, le Maroc pourrait non seulement assurer la pérennité de son secteur agricole, mais aussi garantir un approvisionnement stable en eau potable pour ses populations.

Cependant, cette transition énergétique doit être accompagnée d’une gestion optimale des ressources, d’une modernisation des infrastructures et d’une prise de conscience accrue de la nécessité de préserver l’eau. Le Maroc, sous la conduite visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a déjà montré l’exemple avec des projets concrets comme la réhabilitation des réseaux d’eau, la mise en œuvre de techniques agricoles économes en eau, et l’adoption de solutions de dessalement.

En poursuivant cette transition énergétique, le Maroc pourrait devenir un modèle pour d’autres nations confrontées à des défis similaires liés à l’eau et au changement climatique. Une stratégie intégrée de gestion des ressources en eau, fondée sur l’innovation et la durabilité, pourrait ainsi garantir un avenir plus résilient et plus sûr face aux effets du réchauffement climatique.

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