Dans le cadre de l’audience royale solennelle tenue au Palais Royal de Tétouan en juillet 2025, M. Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed VI le rapport annuel relatif à la situation économique, monétaire et financière du Royaume pour l’exercice 2024. Fidèle à une tradition d’excellence et de rigueur, ce discours se distingue par la profondeur de son analyse et la clarté de ses orientations stratégiques. M. Jouahri dresse un diagnostic économique précis et réaliste tout en esquissant une feuille de route pour une croissance durable, résiliente et inclusive, dans un contexte mondial en pleine évolution.
Cette croissance est largement tirée par la diversification productive, notamment le secteur non agricole qui a progressé de 4,8 %, reflet d’une stratégie économique volontariste de réduction de la dépendance aux secteurs traditionnels. La dynamique du secteur industriel, notamment l’automobile et l’aéronautique, conjuguée à la vigueur des services, illustre la montée en gamme de l’économie marocaine.
Par ailleurs, la maîtrise de l’inflation à un niveau historiquement bas de 0,9 % atteste de la prudence et de l’efficacité de la politique monétaire conduite par Bank Al-Maghrib. Cette maîtrise a permis deux baisses successives du taux directeur, visant à stimuler l’investissement et la consommation sans compromettre la stabilité financière ni alimenter des pressions inflationnistes, dans un cadre macroéconomique sain.
Cette tension sur le marché de l’emploi reflète une double exigence : d’une part, accélérer la transformation du tissu productif vers des secteurs à forte valeur ajoutée et, d’autre part, favoriser l’inclusion sociale pour éviter les fractures socio-économiques.
La consolidation des finances publiques est un pilier essentiel pour maintenir la confiance des investisseurs et soutenir la stabilité macroéconomique du pays, surtout dans un environnement mondial caractérisé par des tensions inflationnistes et des hausses des taux d’intérêt.
Le renforcement remarquable des réserves de change, qui dépassent désormais 375 milliards de dirhams, soit près de six mois d’importations, constitue un atout stratégique majeur. Cette position de liquidité confortée offre au Royaume une capacité accrue à absorber les chocs externes et à sécuriser son financement extérieur face aux incertitudes globales.
Cependant, les chocs exogènes successifs, tels que la crise sanitaire, les fluctuations des marchés mondiaux et les conditions climatiques extrêmes, ont mis en évidence l’urgence d’accélérer les réformes, notamment celles relatives à la souveraineté énergétique, hydrique et alimentaire du pays. Ces priorités doivent s’inscrire dans une logique d’adaptation proactive face aux défis contemporains.
❖ Renforcer la résilience face aux chocs externes en améliorant la gouvernance et en consolidant le tissu productif national.
❖ Assurer l’agilité des politiques publiques, via un suivi rigoureux et une évaluation continue des réformes.
❖ Préserver les équilibres macroéconomiques grâce à une réforme budgétaire et une réforme des régimes de retraite.
Cet appel à la mobilisation collective et à une coordination renforcée montre une compréhension fine des enjeux et la nécessité d’un engagement cohérent de toutes les parties prenantes, qu’elles soient publiques ou privées.
L’objectif fixé est ambitieux : faire du Maroc un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030, en transformant les défis économiques et géopolitiques en opportunités de développement.
La croissance de 3,8 %, l’inflation maîtrisée à 0,9 %, ainsi que les équilibres budgétaires et extérieurs sous contrôle témoignent de la solidité des fondamentaux macroéconomiques. Cependant, les tensions persistantes sur le marché du travail et les défis sociaux exigent des réponses ciblées et immédiates, en matière de formation, d’innovation et d’emploi.
La politique monétaire prudente, la discipline budgétaire et la gouvernance stratégique renforcent la crédibilité du Royaume. L’alignement sur la Vision Royale permet d’envisager un développement inclusif, durable et souverain. À l’horizon 2030, le Maroc dispose des atouts nécessaires pour figurer parmi les économies émergentes les plus solides, à condition de poursuivre les réformes et de transformer chaque défi en une opportunité de transformation.