Fils de Bouarfa (province de Figuig), l’artiste a une vie multiple et tumultueuse. Il réussit là où personne ne l’attend et mène à bien sa spectaculaire ascension. L’amuseur public vient de cartonner sur TF1 dans « Le Nounou ». Portrait en pointillé.
A quelques mois de sa venue au monde, le médecin, sûr de lui et droit comme un « I », propose à la maman l’amputation d’une jambe du nouveau-né. Le père mis au courant, se met dans une colère que seuls les habitants de l’Est marocain connaissent. Il ordonne le voyage immédiat du gosse et de sa mère en France. Le diagnostique hexagonal déclare le petit en parfaite santé malgré un physique peu commun. Booder entame alors une vie normale, grandissant sans fracas en attendant des jours moins paisibles. A l’école, il est le perturbateur en chef. Il blague à tout va et indispose camarades et instituteurs.
Un jour, un responsable de l’institution est appelé à la rescousse : « Ou tu te calmes, ou je t’envoie en cours de théâtre ! » Aubaine pour l’empêcheur de tourner en rond. Il décroche tout de même un baccalauréat en comptabilité. Sans enthousiasme aucun. Le petit marocain, naturalisé français en 1999, compte briller comme humoriste. Après une piètre expérience en trio, il se lance en solo sans convaincre. Au milieu des années 2000, il se trouve quelques débauchés dans des salles de spectacle parisiens. Un producteur maghrébin le repère et lui offre la première partie d’un show de Mouss Diouf. Ainsi chauffée, la machine de Booder est prête à décoller. Il intègre le « Jamel Comedy Club ».
C’était mon pouvoir magique. Je suis quelqu’un qui déteste la solitude. Et c’est marrant parce que ça se transmet, mon fils de 13 ans est comme ça aussi. Et ça me rend très heureux. Samir, lui, s’est trouvé une vocation. Sans trop spoiler, quand il arrive dans l’agence de nounou, c’est pas gagné parce que c’est un homme. Donc il lui faut déjà combattre ce cliché. Il se retrouve parachuté dans une famille parce que la nounou d’avant a craqué. Il est très content de travailler, mais il débarque dans une famille recomposée, avec deux ados qui ne s’entendent pas et surtout des parents policiers. La mère travaille à la BAC et elle a des préjugés envers lui. Tout comme Samir qui, lui, a des préjugés envers la BAC… » Booder qui prend souvent son corps en otage, fait de l’autodérision son cheval de bataille. Parfois amuseur public, il choisit le cinéma sans pour autant avoir des rôles de Pierre, Paul ou Jacques. Il s’aime ainsi certainement.