MAGAZINE : Bouchaib Habbouli, extinction des lumières

L’artiste peintre originaire d’Azemmour, expose ses œuvres récentes du 22 mai au 30 juin à la galerie « Alma Art Gallery » de Casablanca. Intitulée « Sans limites », l’exposition met en lumière une quarantaine d’œuvres où l’exultation prend une tournure franchement humoristique dans certaines réalisations. La peinture n’est pas endiguée. On sent la jubilation de l’artiste à avoir multiplié les creux, les reliefs, les nuances des couleurs, à laisser intervenir le hasard.

« Mon Dieu, je n’aurais pas dû. Si je savais… » Ainsi se serait exprimé Bouchaib Habbouli du fond de sa cellule. L’artiste aurait battu le pavé de la vie plutôt qu’en chercher les belles compositions. En somme, il choisit de rejoindre le peloton des grands retours. Ceux de Hamidi, El Hariri, Hafid, Rahoule, Laarej… Variablement, cela s’entend. Dans un texte cerne ainsi le travail de Habbouli en ces termes : « Il embrasse une liberté totale du geste, où la matière devient terrain d’expression brute, intuitive, presque instinctive. Trois pièces historiques en cuivre, issues des archives personnelles de l’artiste, viennent enrichir ce parcours. Ces œuvres offrent un écho sensible à ses débuts, tout en soulignant la profondeur de sa recherche actuelle. À travers cette nouvelle série, l’artiste repousse les frontières de la figuration et de l’abstraction, oscillant entre spontanéité du geste et maîtrise de la matière. Chaque toile devient un espace de liberté, un terrain d’expérimentation où les formes émergent, se dissolvent, se confrontent. L’artiste invite ainsi le public à une immersion sensorielle, presque méditative, où l’émotion brute prime sur toute narration. » Seulement, après l’extinction des feux de la création, Bouchaib Habbouli continue ses élucubrations, ses divagations constructives. Laisser ruisseler la peinture L’artiste ne se cherche pas, se trouve. Et ne compte jamais arrêter de se lier à lui-même. Il se lance dans un dialogue, dans des palabres d’une rare acuité.

Dans une autre approche, datant cette fois-ci de 2004, on peut lire : « Habbouli présente une série de portraits. Des Figures, corrige l’artiste. Leurs traits sont aplatis. Seuls les yeux dessinent des orbites reconnaissables. Dans ses portraits, l’intéressé utilise une technique mixte : des encres, de la peinture, des peaux qui moisissent… Il n’endigue pas la peinture. Il aime la laisser ruisseler. La texture de l’œuvre en met plein la vue, du point de vue de la matière. On sent la jubilation de l’artiste à avoir multiplié les creux, les reliefs, les nuances des couleurs, à laisser intervenir le hasard. D’ailleurs, cette jubilation prend une tournure franchement humoristique dans certains tableaux. Bouchaib Habbouli a une grande qualité. Une qualité rare chez les peintres marocains : l’humour. Nombre de ses portraits entretiennent une parenté avec la race canine. Le peintre coiffe certains personnages de deux grandes oreilles pendantes. Pas moyen de se tromper : ce sont des oreilles d’un chien. L’effet est hilarant, et il atteste le bonheur de l’artiste à faire ses œuvres. Ceux qui connaissent Habbouli le savent : il ne se complique pas la vie, ne s’angoisse pas lorsqu’il est en face d’une toile immaculée. » Décidément, il exerce son art dans la bonne humeur, ne cherche même pas à napper de mystère sa cuisine interne. « Il est l’un des rares artistes à tout dire de la technique et des matières qu’il emploie. Ce bonheur de peindre ne signifie pas que cet artiste baigne dans la béatitude.

Encore moins que ses tableaux soient aussi joyeux que la musique de Rossini. « Certains donnent à avoir une image grise de la condition humaine. Connu par ses portraits, ses Figures, mais aussi et surtout par sa maîtrise picturale, Bouchaib Habbouli est un grand amoureux de la peinture ayant entamé sa carrière artistique dès la fin des années cinquante. » Eternel errant dans la nature, cet artiste singulier a sculpté son talent dans les terres profondes de la ville d’Azemmour.  La terre est son champ de prédilection par excellence, et ses tableaux, ses dessins donnent à voir une image sur la condition humaine. Certes, l’univers est connu par ses mutations, ses changements et transformations. On y voit ainsi cette énergie et ce rythme rythmé dans les œuvres de Bouchaib Habbouli par le biais de la matière changeante et ses différentes techniques mixtes les différents supports, à savoir le papier, les peaux, le carton marouflé ou encore l’encre sur papier. Une main généreuse et douée ayant l’art et la manière. » Bouchaib retrouve Habbouli dans un dialogue qui regarde dans un même sens. Les deux s’engueulent en étouffant la récurrence de leurs éclats de rire.

 

 

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