MAGAZINE : Gene Hackman, deuil et célébration

​L’acteur américain, oscarisé pour ses rôles dans « French Connection » et « Impitoyable », est mort à l’âge de 95 ans. La star et son épouse, la pianiste Betsy Arakawa, ont été retrouvées sans vie à leur domicile du Nouveau-Mexique.

Selon la porte-parole du shérif, leurs corps sans vie ainsi que celui de leur chien, ont été découverts lors du passage d’une patrouille dans le cadre d’un dispositif d’aide aux personnes âgées. Gene Hackman était âgé de 95 ans et Betsy Arakawa de 63 ans. « La perte d’un grand artiste est toujours un motif de deuil et de célébration : Gene Hackman, un grand acteur, inspirant et magnifique dans son travail et sa complexité. Je pleure sa perte et je célèbre son existence et sa contribution », lui a rendu hommage jeudi sur Instagram le cinéaste américain Francis Ford Coppola.

Le cinéma américain perd ainsi l’une de ses plus grandes stars. Lorsque Gene Hackman se lance dans le métier, au début des années 1970, de jeunes réalisateurs, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese ou Dennis Hopper, se lancent eux comme auteurs et osent affronter la toute-puissance des studios. Du pain bénit pour Gene Hackman, qui peut d’autant mieux se permettre de bousculer quelques clichés que le « rêve américain » lui est passé sous le nez après sa naissance, le 30 janvier 1930. En 2004, il expliquait à CNN que son père avait quitté le domicile familial de l’Illinois (nord du pays) lorsqu’il avait 13 ans. A 16 ans, au sortir de la seconde guerre mondiale, Gene Hackman s’engage chez les marines. Manque de chance, « l’autorité ne [lui] réussit pas », comme il le confie dans l’une de ses rares interviews accordées au journaliste vedette de la chaîne américaine, Larry King. Reste le théâtre, la vie de bohème. Quelques cours à la Pasadena Playhouse, une prestigieuse école de Californie, un aller simple pour New York et voilà Gene Hackman – celui auquel, de son propre aveu, les professeurs prédisaient une piètre carrière –, propulsé à Broadway.

A l’époque, il arbore déjà moustache et calvitie, ses signes distinctifs. A l’orée de la quarantaine, coup de chance, Arthur Penn l’engage en 1967 pour Bonnie and Clyde. Jouer dans ce film était « juste un job, merveilleux, oui, mais un simple boulot », expliquait-il au magazine français L’Express en 2000. Très loin des paillettes, des palmiers et du soleil de Californie, Gene Hackman réussit le tour de force de s’installer dans le paysage cinématographique américain avec un film qui se passe à New York, en plein hiver, qui parle de drogue, de violence, de dépression urbaine.

 

Dur à cuire irascible

« French Connection » de William Friedkin, où il campe le légendaire flic Jimmy « Popeye » Doyle, l’installe définitivement dans le paysage du nouvel Hollywood. Pour ce film, il remporte l’Oscar du meilleur acteur en 1971. Gene Hackman joue ensuite sous la direction de Francis Ford Coppola (« Conversation secrète  », 1974), donne la réplique à Christopher Reeve dans « Superman » (1978) de Richard Donner, et joue le vagabond avec Al Pacino dans le méconnu « L’Epouvantail  » (1973) de Jerry Schatzberg, un film dont Gene Hackman disait qu’il était le préféré de toute sa carrière. Il gagnera un second Oscar, celui du meilleur second rôle, dans « Impitoyable » (1992) de Clint Eastwood, où il campe un ancien tueur devenu shérif d’une petite ville du Wyoming. Gene Hackman accordait peu d’entretiens à la presse et fréquentait encore moins le monde d’Hollywood. « A Hollywood, tout tourne autour du cinéma : les conversations, les gens que l’on voit, la vie de tous les jours. C’est totalement narcissique. On finit par oublier pourquoi on fait ce métier », disait-il à L’Express. Cohérent avec lui-même et sa conception du métier d’acteur, Gene Hackman avait annoncé en 2008 sa « retraite » des plateaux de cinéma.

Si, aujourd’hui, la cause et l’heure exacte des décès n’ont pas été communiquées, la piste criminelle n’était pas envisagée, selon le shérif du comté de Santa Fe. « Nous sommes au milieu d’une enquête préliminaire sur un décès, en attente de l’approbation d’un mandat de perquisition », a déclaré le shérif au Santa Fe New Mexican.

Durant sa longue carrière, l’acteur américain a tout fait pour se tailler une réputation d’ours mal léché. Dans les dernières années de sa vie, il en rajoutait à longueur d’interviews, se définissant comme « un casse-couilles quatre étoiles » et caricaturant son personnage de dur à cuire irascible. « Je plains les metteurs en scène qui travaillent avec moi », confiait-il. Clint Eastwood  n’était pas dupe. Il le voyait comme « un arbre puissant et indéracinable mais au feuillage fragile ».

 

                                                                                                                   Avec AFP
 
 

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