Mohammedia : La vidéosurveillance, un levier pour la sécurité urbaine

À la Cité des fleurs, la vidéosurveillance gagne du terrain dans les nouveaux quartiers. Le sentiment de sécurité et l’espoir d’équité urbaine, eux, commencent à se faire sentir.

 
Dans les quartiers résidentiels récents comme Palmier, Riad Essalam ou les abords du parc municipal, les caméras de vidéosurveillance sont devenues aussi visibles que les lampadaires. Installées aux carrefours, devant les écoles, ou à l’entrée des résidences, elles symbolisent une nouvelle approche sécuritaire que la municipalité entend généraliser. Officiellement, il s’agit de lutter contre les incivilités, la délinquance de rue et de renforcer le sentiment de sécurité.
 
Pour Samira, habitante de Riad Essalam, ces dispositifs ont changé son quotidien. « Avant, on avait peur même de rentrer tard du travail. Il y avait des jeunes qui rodaient, des scooters qui passaient en trombe. Depuis que les caméras sont là, on sent que la rue est observée, et cela calme certains rabat-joies. On respire mieux maintenant », affirme-t-elle, soulagée. Elle n’est pas la seule à voir d’un bon œil cette présence silencieuse. Selon plusieurs habitants, les actes de vandalisme dans le quartier auraient diminué depuis l’installation des caméras.
 
Plus loin, Mohamed, enseignant de français dans un collège, entrevoit que « cette surveillance est une justice visuelle pour les quartiers populaires qui ont été trop longtemps oubliés. On filmait les résidences de luxe, mais jamais les ruelles où les gens souffrent. Là, on inverse la logique : on protège aussi les petites gens. C’est presque révolutionnaire », déclare-t-il, convaincu que ces outils peuvent rétablir une certaine équité en matière de sécurité.
 
Côté Conseil communal, l’objectif est clair : ce déploiement massif de caméras s’inscrit dans le cadre du Plan Communal de Développement Durable et de Sécurité Urbaine, voté en 2023. « Nous avons identifié les zones les plus sensibles avec l’aide de la police et des associations locales. L’idée n’est pas de tout surveiller, mais d’être plus réactifs face aux incivilités et aux actes de délinquance », explique un responsable communal. Selon lui, les caméras sont reliées à un centre de supervision installé en coordination avec la préfecture, ce qui permettrait une meilleure coordination des interventions en cas d’urgence.
 
Dans le sillage de sa stratégie de transformation numérique des villes, la tutelle incite de plus en plus les communes à s’équiper de dispositifs technologiques intelligents. Cette logique s’inscrit dans le programme national « Smart City Morocco » qui vise à moderniser les espaces urbains en s’appuyant sur des outils de surveillance, de gestion des flux et d’analyse en temps réel. Mohammedia, ville stratégique entre Casablanca et Rabat, semble vouloir se positionner comme un laboratoire de cette nouvelle ère urbaine
 
Houda BELABD
 

Le meilleur reste à venir
 
 Pour l’instant, à Mohammedia, les retours sont majoritairement positifs, surtout dans les quartiers nouvellement aménagés où la sécurité est devenue un argument central pour attirer les classes moyennes. La présence des caméras a contribué à apaiser certaines tensions, à réduire les comportements à risque dans l’espace public, et à renforcer la confiance des habitants envers les autorités locales. Des familles qui hésitaient à s’installer dans ces zones récemment urbanisées déclarent aujourd’hui s’y sentir plus en sécurité. Toutefois, la vidéosurveillance, aussi efficace soit-elle en matière de dissuasion ou de réactivité policière, ne saurait se substituer à une véritable politique de proximité, d’écoute citoyenne, de médiation sociale et d’aménagement urbain inclusif.

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