La stabilité et les politiques économiques libérales du Maroc en ont fait une destination d’investissement attrayante pour les initiatives chinoises BRI (Belt and Road Initiative) et DSR (Digital Silk Road), ressort-il d’un récent rapport de l’Observer Research Foundation (ORF).
Intitulé « La Route de la Soie Numérique au Maroc », le rapport note qu’un développement clé à cet égard a été la signature d’un plan de mise en œuvre de l’ « Initiative Route et Ceinture » (Belt and Road Initiative, ou BRI) entre la Chine et le Maroc en 2022, premier pays du Maghreb à le faire.
« Depuis lors, l’empreinte de la Chine dans le cadre de la BRI s’est considérablement étendue au Maroc, notamment dans le cadre de la Route de la Soie Numérique ( Digital Silk Road – DSR), le volet technologique et numérique de la BRI », ajoute la même source.
« La DSR apporte aux pays bénéficiaires des investissements de la BRI des infrastructures de technologies de l’information avancées, telles que des réseaux à haut débit, des plateformes de commerce électronique et des villes intelligentes. Elle est portée par les géants technologiques chinois, notamment Huawei et ZTE, qui peuvent fournir des câbles à fibre optique de haute qualité à des coûts bien inférieurs à ceux de leurs concurrents européens et américains », rappelle l’étude.
De son côté, la BRI est une stratégie initiée qui vise à relier l’Asie à l’Afrique et à l’Europe via des réseaux terrestres et maritimes dans le but d’améliorer l’intégration régionale, d’accroître les échanges commerciaux et de stimuler la croissance économique.
L’initiative définit cinq grandes priorités : Coordination des politiques; connectivité des infrastructures; commerce sans entrave ; intégration financière; et connecter les gens.
Le Maroc est une économie politiquement stable et en développement, située à l’intersection de la Méditerranée européenne, de l’Afrique subsaharienne et de l’océan Atlantique, écrit l’étude.
Les objectifs de la Chine au Maroc sont de renforcer ses investissements et ses liens commerciaux et de renforcer sa présence sur le marché dans les régions élargies – la région Med-Atlantique et l’Afrique subsaharienne, affirme-t-elle.
Le rapport relève également que les entreprises chinoises du secteur des énergies et des technologies vertes (près de 200 entreprises) souhaitent également investir au Maroc. « Pékin investit massivement dans son partenariat économique avec le Maroc, car il s’agit d’une économie en développement dotée d’un régime politique relativement stable et de politiques d’investissement libérales et tournées vers l’avenir », est-il souligné.
L’Observer Research Foundation fait savoir aussi que depuis l’imposition de tarifs douaniers, de sanctions et de droits de douane accrus par les États-Unis, le Canada et l’UE sur les marchandises chinoises entrant sur leurs marchés, la Chine a du mal à rivaliser. Cela a accru l’importance des côtes marocaines pour le jeu géoéconomique et stratégique de la Chine. À cette fin, note l’étude, les entreprises publiques et privées chinoises et les banques publiques ont construit ou investi dans des projets d’une valeur de 9,4 milliards de dollars entre 2013 et 2023. Les principaux projets sont concentrés dans les secteurs du développement de l’énergie verte, de la technologie verte et de la fabrication d’énergie, ainsi que de la construction.
Toujours selon l’ORF, les investissements chinois au Maroc comprennent également la création d’usines pour produire des batteries électriques, des électrodes de phosphate, des pneus et le raffinage des métaux de base, car ces investissements sont concentrés dans la Cité technique Mohammed VI à Tanger, un projet de fabrication financé par la Chine dans le port Tanger Med à hauteur d’un milliard de dollars.
« Outre les considérations géoéconomiques liées au contournement des tarifs douaniers de l’UE et des États-Unis sur les technologies vertes et les produits énergétiques chinois, ces investissements visent également à « délocaliser » les chaînes d’approvisionnement et les unités de production des entreprises manufacturières chinoises vers les marchés développés d’Amérique du Nord et de l’UE, alors que les conflits à motivation géopolitique à travers le monde perturbent le réseau des chaînes d’approvisionnement Est-Ouest à l’échelle mondiale », relève-t-on de même source.
Cependant, poursuit la même source, « la facilité et la rapidité avec laquelle la Chine a octroyé des prêts, des aides et des investissements, sa politique de non-ingérence nationale et régionale et son poids économique croissant lui ont donné une longueur d’avance ».
D’après lui, la DSR et la BRI ont toutes deux accéléré leur influence économique et technologique au Maroc. « En investissant dans les infrastructures numériques et en promouvant les avancées technologiques, la Chine vise à renforcer ses liens économiques avec le Maroc et à élargir son accès au marché de la région », estime le think-tank.
Il pense, cependant, que le paysage géopolitique de l’Afrique du Nord est complexe, avec des intérêts concurrents des puissances occidentales. La capacité du Maroc à naviguer sur cet échiquier géopolitique et à tirer parti de ces initiatives concurrentes sera cruciale pour façonner sa future trajectoire de développement.
En fin de compte, l’ORF note que le succès du DSR au Maroc dépendra de facteurs tels que la qualité des projets d’infrastructures chinois, la durabilité du financement chinois et la capacité du pays à équilibrer ses intérêts économiques et géopolitiques.