Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a rendu public, le mardi 11 mars 2025, le rapport détaillant les résultats relatifs aux établissements économiques à but lucratif (hors secteur agricole), lesquels représentent environ 87 % de l’ensemble des structures recensées. Cette étude s’inscrit dans le cadre de la cartographie des établissements économiques (CEE 2023), menée en parallèle des travaux préparatoires du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2024), sur la période allant d’avril 2023 à mai 2024. Détails.
Selon le rapport, 1 130 021 établissements économiques à but lucratif ont été recensés sur l’ensemble du territoire national durant la période 2023-2024, marquant ainsi une progression annuelle moyenne de 2 % par rapport au premier recensement (2001-2002). Ces structures ont généré un emploi permanent pour près de 3,6 millions de personnes, avec une moyenne de trois actifs permanents par établissement.
Rapportés à la population totale recensée dans le RGPH2024, qui atteint 36,8 habitants en 2024, les résultats de la cartographie des établissements économiques montrent qu’il y a 1 établissement économique à but lucratif pour 33 habitants, et que ces établissements employaient une personne sur 2 de la population active hors secteur agricole et administration publique. Selon le milieu, les résultats révèlent un établissement pour 24 habitants dans les zones urbaines, alors que dans les zones rurales, un établissement pour 93 habitants.
Prédominance du secteur du commerce
Avec plus de la moitié des unités de production (52 %), le commerce s’impose comme le premier secteur d’activité en termes de concentration d’établissements économiques au Maroc. Il emploie de manière permanente 1 062 242 personnes, enregistrant ainsi une croissance annuelle moyenne de 1,6 % depuis 2002.
En deuxième position, le secteur des services regroupe plus de 31 % des établissements et représente 36 % des emplois permanents, affichant un taux de croissance moyen de 3,7 % par an sur la même période. Ces chiffres témoignent de la domination du secteur tertiaire, qui englobe à lui seul 82 % des établissements économiques et emploie près des deux tiers de la main-d’œuvre.
L’industrie, bien que ne représentant que 14 % du total des établissements, se distingue par son poids en matière d’emploi. Avec près de 1 067 872 postes permanents, elle absorbe 29,8 % de la main-d’œuvre active dans le pays, confirmant son rôle clé dans la création d’emplois privés.
Quant au secteur de la construction, il affiche une présence plus modeste. Selon les données recueillies, il ne représente que 3,5 % du total des établissements et ne génère que 4,6 % des emplois permanents, ce qui reflète sa contribution limitée au tissu économique national.
En sus, le rapport met en évidence la prédominance des micro-établissements dans le tissu économique, ceux-ci employant moins de 10 personnes et représentant 97 % de l’ensemble, tout en concentrant 54 % de la main-d’œuvre. À l’inverse, les établissements de 10 employés ou plus, bien que ne constituant que 3 % du total, regroupent 46 % des effectifs permanents.
Milieu urbain : un pôle culminant des établissements économiques au Maroc
Représentant 87 % du total, la grande majorité des établissements économiques au Maroc se trouve en milieu urbain, contre seulement 13 % en milieu rural. Cette répartition se reflète également dans l’emploi, où les unités de production urbaines concentrent 86 % des effectifs, tandis que celles implantées en milieu rural n’emploient que 14 % de la main-d’œuvre totale.
Sans surprise, la région de Casablanca-Settat s’impose comme le principal pôle économique du pays. Elle concentre plus de 254 000 établissements à but lucratif, soit 22,5 % de l’ensemble des établissements économiques, et représente près de 24 % des unités implantées en milieu urbain. De plus, elle regroupe plus d’un tiers (33 %) des effectifs employés en zone urbaine à l’échelle nationale.
La région de Rabat-Salé-Kénitra suit en deuxième position, avec respectivement 14,1 % des établissements et 14,4 % des emplois urbains. En troisième position, Marrakech-Safi se démarque non seulement en milieu urbain, mais également en milieu rural, où elle se classe en tête avec 21 % des établissements ruraux et 15 % des emplois dans ces zones.
L’emploi permanent : répartition inégale selon les secteurs
Selon le HCP, l’analyse des résultats, comparés à ceux du recensement économique de 2001-2002, révèle une croissance annuelle moyenne de 3,7 % de l’emploi permanent dans le secteur des services, portant son effectif à 1,3 million de personnes. En parallèle, le secteur industriel compte environ 1,1 million de travailleurs permanents, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3 %, soit 7 employés permanents par unité.
L’emploi permanent fait référence aux travailleurs qui sont engagés à long terme par un établissement, généralement dans un contrat de travail à durée indéterminée (CDI), contrairement aux travailleurs temporaires ou saisonniers.
Le nombre moyen de travailleurs permanents par établissement s’élève ainsi à 3, avec des variations selon les secteurs : 2 actifs permanents dans le commerce, 4 dans les services et la construction, tandis que le secteur industriel enregistre la moyenne la plus élevée, avec 7 employés par établissement.
Par ailleurs, la main-d’œuvre féminine représente plus d’un quart (27,7 %) de l’emploi permanent total. Cette proportion atteint 33,3 % dans l’industrie et 36,3 % dans les services, ces deux secteurs concentrant plus de 83 % de l’emploi féminin au sein des établissements économiques, selon les statistiques.
Les travaux cartographiques (TC) du RGPH 2024 ont été réalisés en utilisant des techniques de cartographie moderne intégrées dans un Système d’Information Géographique mobile (SIG), également appelé cartographie nomade. Ces méthodes permettent la collecte et la mise à jour d’un large éventail d’informations vectorielles et descriptives sur le terrain à l’aide de tablettes équipées de GPS et contenant des images satellites récentes et de haute résolution. En milieu urbain, la collecte des données de ce recensement économique a été effectuée simultanément avec les travaux cartographiques du RGPH. En milieu rural, en raison de la dispersion des unités économiques et de leur nombre limité, une équipe unique a été constituée pour réaliser les travaux cartographiques et la collecte des établissements économiques (CEE) en même temps.
Conception d’un questionnaire spécifique
Le questionnaire a été conçu pour répondre aux objectifs spécifiques de cette opération et se compose de plusieurs modules, chacun adapté au type d’unité à recenser. Le premier module concerne la collecte des données relatives aux établissements à but lucratif, le deuxième aux établissements à but non lucratif disposant d’un local, le troisième porte sur les souks hebdomadaires, et le quatrième est dédié à la collecte des informations sur les locaux des services publics. Les questions abordées dans ce formulaire portent principalement sur la localisation géographique, l’identification de l’unité et les principales caractéristiques. Le rapport, lui, présente les résultats détaillés par région, secteur d’activité, classe d’emploi, date de création et lieu d’implantation des établissements économiques.